Pour ce qui concerne l’Afrique, il y a environ 15 millions de personnes atteintes par le virus dont seulement 6 qui sont sous traitement. Du 17 au 20 juillet a eu lieu une conférence internationale regroupant cinq mille chercheurs et professionnels provenant de 120 pays à travers le monde. Elles ont permis de répandre la nouvelle des études établissant que des traitements anti rétroviraux fournis tôt à une personne infectée réduisent considérablement les risques (plus de 96%) de transmission au partenaire non infecté.
Il ne s’agit pas encore de vaccin mais d’un véritable frein à l’épidémie, si les conditions de traitement sont réunies pour tous les malades dans le monde. Pour Pr Delfraissy : « Il nous faut maintenant valider le concept d’anti rétroviraux à l’échelle de la population générale. » On parle même d’une « guérison fonctionnelle », c’est à dire d’une concentration du virus dans des parties du corps humain qui empêcherait de nuire à l’organisme. Ce traitement n’existe pas encore mais selon la déclaration de Rome « les récents progrès scientifiques dans la recherche sur le VIH ont conduit à une résurgence de l’intérêt et de l’optimisme, dans la perspective d’au moins une guérison fonctionnelle ». Cette déclaration appelle également à une accélération de la recherche.
A cette réunion s’ajoute dans l’accord signé entre Unitaid (organisme international facilitant l’achat de médicaments) et Gileas Sciences (laboratoire pharmaceutique) un contrat engageant le laboratoire pharmaceutique à raccourcir les brevets de quatre nouveaux anti rétroviraux. Ces médicaments deviendront donc génériques et par là-même moins chers, garantissant l’accessibilité des nouveaux traitements aux pays en voie de développement.
Au Mali, il existe des associations comme celle où travaille Oumou Diarra Djerma, le Réseau Malien des associations de personnes vivant avec le Vih (Rmap), qui luttent contre la maladie. Au courant des évolutions mondiales sur le Sida, elle affirme : « c’est une très bonne chose, mais ça a pris du retard ». Les nouveaux médicaments ne sont toujours pas arrivés et les traitements actuels sont souvent accompagnés d’effets secondaires. Elle nous rapporte les propos d’un médecins qui lui disait « je préfère sauve la vie de la personne en lui donnant des effets secondaires, plutôt que de ne rien faire ». La situation des personnes atteintes du Sida aujourd’hui au Mali est une épreuve pour nombre d’entre eux.
Avoir une mère militante anti-sida pour un enfant peut lui apporter réprimandes et l’exclusion de son groupe social ou bien de son école. Le centre est un foyer pour les personnes portant le virus. Selon Oumou Diarra Djerma le fonds mondial international, assurant la gratuité du traitement Arv au Mali, ne finance plus les salaires depuis 2 mois.
L’association Rmap, en tant que sous bénéficiaire, ne reçoit plus les financements du Fmi. Oumou Diarra Djerma juxtapose cet arrêt des versements avec le scandale entourant l’ex-ministre de la Santé Oumar Ibrahim Touré : « c’est nous qui payons les pots cassés, presque toutes nos activités sont arrêtées. » Les sphères plus hautes, par l’intermédiaire du Dr. Ousmane Diouf, coordonnateur pays Onusida bureau du Mali, annonce simplement un retard causé par des problèmes sur d’autres financements tels que la Tuberculose et le Paludisme : « Je n’ai pas l’information que les malades ont eu une rupture de traitements à cause des financements ». Le Fmi contribue à plus de 70% au financement du programme contre le Sida au Mali. Mais, vu de l’intérieur, le fonctionnement des organismes qui entourent ces malades ne parait pas fonctionner comme il le faudrait. « On est confus, on attend mais c’est décourageant » insiste Oumou Diarra Djerma.
Le Mali touché à 1,3% de sa population doit suivre ce mouvement avec l’aide des financements mondiaux. S’il existe des inquiétudes au niveau des organismes les plus proches de la maladie, elles doivent être levées et la gratuité du traitement ARV conservée.
Moussa Samba
Diallo et Tom Piel.
Le Républicain 21/07/2011