Même si la grande mobilisation prévue au stade Baréma Bocoum (plus de 30 000 citoyens y étaient attendus) n’a plus eu lieu à cause des nouvelles mesures énoncées la veille (vendredi 9 avril 2021) par le gouvernement face à l’explosion des cas de contamination au Covid-19, le président du Mouvement Benkan, «le Pacte citoyen», a pu s’adresser au monde entier à partir de la Venise malienne.
«L’appel pour le Mali» de Seydou Mamadou Coulibaly est un message d’espoir soutenu par un ambitieux, mais réaliste projet de société.
Quelles sont ses chances ?
Pourra-t-il tirer le meilleur profit du dépit des Maliens pour la classe politique issue du mouvement démocratique ?
Notre analyse !
«Je m’engage solennellement à exécuter ma mission avec détermination, droiture, abnégation et humilité.
La tâche est noble, car il s’agit de remettre debout notre pays, notre unique patrie. Et aucun sacrifice n’est de trop pour cela» !
Tel est en l’engagement pris par M. Seydou Mamadou Coulibaly à la clôture de l’Assemblée générale constitutive du Mouvement «Benkan, le Pacte citoyen» le 4 mars 2021.
Un engagement synonyme de présence dans le starting-block de la prochaine présidentielle au Mali pour le Directeur général du Bureau d’études appelé Conseil ingénierie et recherche appliquée (CIRA SAS).
Son ambition, relever son pays sur des valeurs. «Une tâche qui ne sera pas facile», a-t-il reconnu.
Et, se dit-il conscient, «le chemin est long et plein d’embûches compte tenu de l’environnement dans lequel nous allons évoluer».
Mais, il mise sur «l’engagement citoyen et patriotique de tous» pour relever le défi.
Ce qui n’est d’ailleurs pas forcément un handicap d’autant plus que c’est parce que la classe politique issue du Mouvement démocratique n’a réussi à la hauteur des attentes des Maliens qu’il faut explorer au-delà de ce landernau.
Certes, l’homme n’est pas issu du sérail politique classique.
N’empêche qu’il n’est pas non plus un novice dans l’arène politique dont il a toujours été un observateur averti.
Nous savons aussi que dans nos Etats il y a toujours une connexion entre le milieu politique et celui des affaires.
On a donc toutes les raisons de croire que cette candidature est loin d’être un saut dans l’inconnu.
Mais découle d’une réelle volonté de restituer à la politique l’une de ses valeurs essentielles : servir le pays et résoudre les préoccupations des populations !
En tout cas selon l’intéressé, c’est une décision mûrement réfléchie, donc à prendre au sérieux.
Même si cette candidature fait sourire dans certains milieux, de nombreux observateurs pensent qu’il faut compter avec cet homme d’affaires expérimenté et aux carnet d’adresses assez fourni que certains surnomment déjà le «Patrice Talon» malien, en référence au président actuel du Bénin qui vient de se faire réélire dimanche dernier (11 avril 2021).
Et naturellement qu’avec le décès de Soumaïla Cissé le 25 décembre 2020, la prochaine présidentielle sera une compétition très ouverte. Et il ne faut minimiser aucune candidature.
«Il ne faut pas oublier non plus que les Maliens sont dépités par la classe politique issue du mouvement démocratique de 1991 et dont les leaders se sont jusque-là succédés au pouvoir sans jamais pouvoir apporter des solutions pérennes aux vraies préoccupations des Maliens», a souligné un diplomate africain en poste à Bamako et qui a requis l’anonymat.
Profiter d’éventuelles crises au sein des «grands partis»
Pour lui, ses favoris sont Seydou Mamadou Coulibaly et Aliou Boubacar Diallo, président d’honneur de l’Alliance démocratique pour la paix-Maliba (ADP-Maliba) arrivé en 3e position lors de la présidentielle de 2018 (8,03 %) derrière Ibrahim Boubacar Kéita (réélu avant d’être renversé le 18 août 2021 par une junte militaire) et feu Soumaïla Cissé.
Ces deux candidats peuvent profiter aussi d’éventuelles dissensions au sein des grands partis comme l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA-PAS), Union pour la République (URD) et le Rassemblement pour le Mali (RPM) qui misent sur des candidature internes.
Un choix qui n’est sans conséquence car en l’absence d’un leader incontestable, le choix d’un candidat suscite toujours des frustrations pouvant créer des divisions fatales à l’ambition de conquérir le pouvoir.
N’empêche que le Mouvement Benkan doit surmonter de nombreux obstacles pour permettre à son porte-drapeau de réaliser son ambition.
A commencer d’abord par le choix des hommes et des femmes qui doivent piloter la campagne à tous les niveaux. Ainsi, il ne doit pas ignorer que sa candidature aiguise l’appétit compte tenu de sa fortune.
Le cercle des partisans va rapide grossir avec des gens qui viennent pour profiter de l’aubaine et non pour réellement aider à conquérir le pouvoir.
Ces gens ne pourront jamais le guider dans sa prise de décision.
Pour ne pas le frustrer, ils diront oui à toutes ces décisions.
A lui de voir qui accueillir maintenant dans le cercle des fidèles, des femmes et des hommes capable d’analyser une décision, une idée et de le conseiller en toute franchise.
L’un des plus grands défis sera sans doute celui de la représentativité sur le territoire national.
Il faut non seulement occuper le terrain politique pour convaincre les électeurs de la pertinence et du réalisme du projet de société, mais être aussi omniprésent dans le processus de vote jusqu’au dépouillement final et à la communication des résultats à la commission de centralisation.
Au Mali, les élections se gagnent ou se perdent à ce stade.
Quand on est absent des bureaux de vote, il ne faut pas compter sur l’intégrité des autres pour vous accorder les voix acquises.
Le mouvement en est sans doute conscient d’où le souhait de M. Coulibaly d’arrimer sans candidature à l’Adéma-Pasj, le parti le mieux implanté et qui, avant 2013, était aussi la chapelle la plus puissante du pays.
Même si, quand on écoute certains membres du Comité exécutif, cet arrimage n’est par le souhait de tout le monde au sein de «La Ruche».
Dans tel cas, il faut essayer de ratisser large voire débaucher à la base des grands partis pour être assez représentatifs à l’échelle nationale.
Selon nos investigations, la candidature de Seydou Mamadou Coulibaly dépasse sa seule personne car elle est soutenue par de personnalités assez influentes dans le milieu des affaires et de la politique qui, au moment opportun, sauront lui apporte l’aide précieuse que le candidat attend d’elles.
A lui maintenant d’avoir les arguments de convaincre les Maliens qu’il est celui qui a la vision et la clairvoyance de tirer le pays de l’impasse actuelle.
Naby