Le Collectif Cri de Cœur fait partie des organisations actives dans l’humanitaire pour les populations opprimées du nord. Après avoir apporté des convois de vivres, de vêtements et de couverture aux populations du nord du Mali, le Collectif s’est aussi impliqué pour le maintien de l’école, qui reste le seul domaine qui permet d’assurer la pérennité de l’Etat malien dans ces zones occupées. « Par l’hymne national qu’ils chantent chaque matin avant d’entrer dans les classes, et par le maintien dans ces écoles du nord, des programmes enseignés sur l’ensemble du territoire malien, l’école reste le dernier rempart de l’Etat malien au nord du Mali », soutient Almahadi Cissé. En plus de son engagement pour la défense des droits à l’éducation de ces enfants vulnérables des régions occupées, le Collectif Cri de Cœur se donne une raison supplémentaire qui est le maintien de ce symbole de l’Etat malien.
Mais la non tenue de la session spéciale à Gao et Tombouctou et le déplacement de cette évaluation à Sévaré et Bamako risquent de casser l’engagement et le brin de patriotisme qui avaient permis jusque là de garder une lueur d’espoir sur l’unité nationale, la cohésion et l’intégration du pays, car c’est lourd de conséquence sur le mental des enfants qui pensaient pouvoir examiner chez eux, selon le président du Collectif Cri de Cœur, Almahadi Cissé. Il estime qu’ils sont 20 % des élèves qui sont déplacés à l’intérieur du pays ou réfugiés dans les pays voisins et 80 % à rester chez eux au nord du Mali, malgré l’occupation. Selon lui, le nombre le nombre des élèves du nord est estimé à 300 000 enfants. Ce sont donc 240 000 enfants qui sont restés attachés au terroir malgré la crise, et parmi eux nombreux sont des candidats au DEF, au BAC, le CAP, le BT et ceux des IFM. « Ils doivent venir à Mopti et Bamako pour leur évaluation, alors que l’Etat n’a pris aucune disposition pour leur transport, l’hébergement et leur nourriture. Ils sont dans un état psychologique tel que la réussite à ces examens n’est pas sûre », estime Alhamadi Cissé.
Selon lui, le gouvernement était partant pour la tenue des examens dans les centres de Gao et Tombouctou. Pour cela des garanties avaient été données au gouvernement par le déroulement normal des cours. En plus, les notabilités avaient obtenu du Mujao et de Ansar Dine, un engagement à sécuriser les opérations de supervision des examens pour les centres de Gao qui prend en compte les élèves de Kidal et de Tombouctou, a expliqué Almahadi Cissé. L’Etat avait accepté qu’il y ait des cours d’intermédiation du 15 août au 29 Septembre, qui se sont bien déroulés. Et les dates de la session spéciales ont été annoncées pour cette semaine à partir de ce lundi 8 Octobre. Mais plutôt à Sévaré et Bamako au lieu de Gao et Tombouctou, déplore le président du Collectif Cri de Cœur. Trois sites sont retenus : Mopti au lycée Hamadoun Dicko (à Sévaré) ; Ségou au lycée Abdoul Karim Camara dit Cabral ; à Bamako lycée Ba Aminata Diallo pour la rive gauche et à Faladié Sokoro pour la rive droite. Les candidats seront libres de s’inscrire au niveau du site de leur choix.
Almahadi Cissé a exprimé ses craintes pour ceux des enfants qui n’auront pas eu les moyens de transport pour se déplacer du nord et les conséquences des déperditions scolaires dans des régions occupées où le Mujao fait des recrutements à la pelle en déboursant des rémunérations impressionnantes qui séduisent même certains parents d’élèves. Des enfants de 14 ans et plus se trouvent ainsi enrôlés par des islamistes Jihadistes qui s’assurent de toutes les garanties que la nouvelle recrue ne rebroussera pas chemin. L’avenir de l’Etat malien et de l’unité nationale est en question.
B. Daou
Le Républicain Mali 08/10/2012