C’est une première en Afrique de l’Ouest francophone. La Banque de l’habitat du Sénégal (BHS) a lancé, le 16 mai, ses premiers titres à destination des personnes physiques et morales issues de la diaspora. Jeune Afrique a demandé des précisions à Marie-Odile Kantoussan, directrice générale de CGF Bourse, qui coordonne cette émission.
Plus de dix ans après la première émission en Afrique de titres ciblant la diaspora, celle de l’EEPCO Millennium Corporate Bond (Éthiopie), la Banque de l’habitat du Sénégal (BHS), l’instrument principal de la politique publique immobilière du pays, a lancé, le 16 mai, ses premiers diaspora bonds. Une première en Afrique de l’Ouest francophone.
L’objectif de cette opération, qui court jusqu’au 17 juin, est de lever 20 milliards de francs CFA (30,5 millions d’euros), dont 60 % attendus de résidents hors UEMOA, le reste devant être apporté par le marché interne et d’autres types de souscripteurs.
La souscription est coordonnée par CGF Bourse, société de gestion fondée par l’ex-président de la BRVM Gabriel Fal et pilotée depuis 2012 par Marie-Odile Kantoussan, qui nous en présente les enjeux.
Jeune Afrique : Quelles sont les modalités pratiques de la souscription ?
Marie-Odile Kantoussan : Les titres, d’une valeur unitaire de 10 000 francs CFA, ont une maturité de cinq ans et offrent un taux de rendement de 6,25 %, ce qui est très attractif, d’autant que le remboursement du capital intervient à compter de la troisième année.
À quoi va servir cet argent ?
La souscription, dont nous avons fixé le montant à 20 milliards de francs CFA mais qui pourrait, en cas de succès, s’élever à 30 milliards, selon l’agrément que nous a délivré l’Autorité des marchés financiers, doit permettre à la BHS d’accompagner ses clients finaux, qu’il s’agisse de particuliers désireux d’acquérir un logement ou de promoteurs ayant un projet de construction.
Deux zones sont particulièrement visées : la ville nouvelle de Diamniadio et les abords du Lac Rose, qui pourraient eux aussi, à terme, constituer une ville nouvelle.
Concrètement, comment comptez-vous vous y prendre pour toucher la diaspora ?
Nous partons déjà du portefeuille clients de la BHS, dont le tiers est issus de la diaspora. Ce public assure même les deux tiers des revenus de la banque. Ce sont des gens qui connaissent généralement le principe des titres, qui sont heureux d’être orientés vers des projets ciblés sur leur pays d’origine et rassurés par l’encadrement professionnel et sécurisé de la souscription.
Nous avons aussi créé des événements de lancement, en France, aux États-Unis et au Sénégal. Enfin, nous sommes très présents en ligne et utilisons tous les outils de communication modernes, qu’ils s’agisse des réseaux sociaux ou de bannières sur les sites les plus consultés par la diaspora. Au-delà des Sénégalais, c’est toute la diaspora de l’UEMOA que nous souhaitons est interpeller par cette souscription.
Après la BHS, CGF Bourse se prépare-t-elle à accompagner d’autres structures dans une démarche semblable ?
Nous avons des discussions avec d’autres émetteurs potentiels, mais tous sont suspendus au résultat de la souscription de la BHS, qui a valeur de test. On sait déjà que les ressortissants de la diaspora, notamment sénégalaise, transfèrent énormément de fonds vers leur pays d’origine. Mais l’opération en cours doit montrer que ces échanges ne concernent pas uniquement la consommation, que les membres de le la dispora peuvent aussi répondre présent quand on les sollicite pour des projets structurants.