SEMPITERNELLE CRISE AU SEIN DE L’ADEMA Alpha et Dioncounda responsables de la décadence du parti de l’Abeille

 

Il ne serait pas exagéré de pointer du doigt accusateur les anciens Présidents Alpha Oumar Konaré et Dioncounda Traoré, comme étant les responsables de la déchéance de l’ADEMA. Pour n’avoir pas accompagné le parti, autant et aussi longtemps qu’il le fallait, dans la consolidation de ses fondations et de son ancrage idéologique et territorial, ces deux hommes ont-ils rendus au parti ce que ce dernier leur a donnés ? Ils semblent s’être servis du parti et lui avoir tourné le dos après. Le tribunal de l’histoire en jugera.

A peine créée, l’ADEMA-PASJ, a accédé au pouvoir d’Etat. Alpha Oumar Konaré a eu l’honneur d’être désigné par ses camarades pour être le porte flambeau  du jeune parti, et grâce à l’engagement des militants, il accéda à la Magistrature suprême pour cinq ans.  Investi le 08 juin 1992, son état de grâce n’a pas duré plus d’un mois. Il était déjà envahi par des dossiers brulants et tous sensibles, car le pays venait de sortir d’une révolution. Le premier gouvernement dirigé par le Premier ministre Younoussi Touré est tombé au bout de dix mois à la suite d’une première crise politique. AOK jugula cette crise en mettant en place un gouvernement de large ouverture dirigé par un homme de la société civile en l’occurrence Abdoulaye Sékou Sow. Ce dernier plia bagages face aux difficultés qui s’étaient amoncelées. La démission d’Abdoulaye Sékou Sow a fini par prouver que lorsqu’un parti gagne les élections il doit s’assumer. C’est pourquoi il a choisi un membre de la direction nationale du parti, en l’occurrence Ibrahim Boubacar Keita, IBK, comme Premier ministre. Fort de sa majorité absolue à l’Assemblée Nationale, ce troisième gouvernement a entrepris certaines réformes et a croisé le fer avec les opposants politiques et les syndicats des travailleurs et des étudiants. Alpha Oumar Konaré n’a savouré sa victoire qu’après avoir nommé un militant de son parti comme Premier ministre. Il a obtenu un second mandat grâce à la détermination des militants et cadres de son parti, mais, à la fin, au lieu de s’impliquer dans le choix de son dauphin au sein de l’ADEMA, il a plutôt opté pour ATT. Mettant le parti sens dessus dessous, avec la multitude de candidatures à l’élection présidentielle de 2002. Le désordre au sein de l’ADEMA a commencé en 2002. Depuis lors, à la veille de chaque présidentielle le parti de l’Abeille est divisé. Ce fut encore le cas en 2007 et même en 2013.

Dioncounda Traoré qui a hérité de la présidence de l’ADEMA après le départ d’IBK et qui aurait eu la plus grande longévité à ce poste n’a pas fait mieux qu’Alpha Oumar Konaré. Malgré toutes les responsabilités que Dioncounda Traoré a assumées, à savoir la présidence de l’Assemblée Nationale et la Présidence de la République par intérim après le coup d’Etat du 22 mars 2012, il n’a pas fait mieux qu’AOK en termes de consolidation des acquis idéologiques et de préparation des jeunes au sein du parti afin qu’ils assument la relève. Il a tout eu du parti, mais n’a pas fait grand-chose pour lui. La preuve, c’est son faux bond de dernière minute alors que le peuple ADEMA avait fondé de l’espoir sur sa personne pour qu’il rassemble les militants  et passe la main au bout d’un mandat à la jeunesse.

Désormais, c’est la chienlit au sein de la ruche et il y a les prémices d’un éclatement certain de l’ADEMA, par la faute de Dioncounda Traoré. En somme, Alpha Oumar Konaré qui est aujourd’hui considéré comme une icône, aura sur sa conscience ce manquement grave à son devoir, celui de n’avoir pas légué à la jeune génération un parti au point idéologiquement, comme Nelson Mandela avait fait pour l’ANC. Quant à Dioncounda Traoré, il sera jugé par le tribunal de l’histoire pour non-assistance à un parti en danger de dislocation.

Youssouf Sissoko

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