Dans l’objectif de l’utilisation des méthodes statistiques comme outil d’aide à la décision et de mesure de l’opinion publique, Sidiki Guindo avait effectué un sondage d’opinion auprès de la population afin d’évaluer les premiers jours du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita et du nouveau gouvernement. C’est ainsi qu’il avait publié le 22 novembre dernier des résultats de ces sondages où il disait qu’au moins 79% des Maliens sont satisfaits de la gestion du président IBK et plus de 86% ont toujours confiance en lui pour résoudre le problème du nord. Il disait aussi que le taux de participation aux élections législatives pourrait être en dessous de 40%, que le RPM viendra en première position alors que l’Adéma et l’URD se disputeront la deuxième position.
Il faut rappeler que ce sondage avait été effectué à la veille des élections législatives auprès de 4 600 personnes sur toute étendue du territoire national excepté dans la région de Kidal (pour raison de sécurité). Il faut aussi faire le constat de la conformité des résultats sur le premier tour des élections législatives.
L’auteur du sondage avait prédit avant le premier tour des législatives que le taux de participation sera inférieur à 40%; que le RPM arrivera en première position ; ensuite viendra l’Adéma et l’URD. La réalisation de ces prédictions montre encore une fois de plus l’importance des méthodes statistiques de monsieur Guindo et leur degré de fiabilité pour la prise de décision.
Cette fois-ci, il présente une prédiction de la coloration future de notre Assemblée nationale. Une prédiction tirée de l’analyse des résultats du premier tour des élections législatives. Il s’agit donc d’estimer le nombre de députés qui seront élus pour chaque grand parti politique (le RPM, l’Adéma et l’URD).
Dans le présent article, Sidiki Guindo répond aux questions suivantes : les partis comme le RPM, l’Adéma et l’URD auront chacun combien de députés à l’Assemblée nationale ? Le président de la République aura-t-il une majorité parlementaire ? L’opposition aura-t-elle une force significative à l’Assemblée ? Quelles nouvelles problématiques pour notre Assemblée ?
Le nombre de députés RPM, Adéma et URD dans notre future Assemblée
A en croire M. Guindo, « selon les résultats du premier tour des législatives, les listes contenant le RPM viennent en tête dans 26 circonscriptions correspondant à un effectif d’environ 44 députés pour le parti. Le RPM vient en deuxième position dans 17 circonscriptions correspondant à 31 députés pour le parti. Le maximum théorique que le RPM peut avoir est donc de 75 députés. Les listes contenant l’Adéma viennent en tête dans 22 circonscriptions, ceci correspond à un effectif d’environ 34 députés pour le parti. L’Adéma vient en deuxième position dans 14 circonscriptions correspondant à 21 députés pour le parti. Le maximum théorique que l’Adéma peut avoir est donc de 55 députés. Les listes contenant l’URD viennent en tête dans 14 circonscriptions, ceci correspond à un effectif d’environ 18 députés pour le parti. L’URD vient en deuxième position dans 9 circonscriptions correspondant à 11 députés pour le parti. Le maximum théorique que l’URD peut avoir est donc de 29 députés ».
En observant ces résultats, en tenant compte des forces de chaque parti et des résultats de des différentes enquêtes d’opinion, explique M. Guindo, on peut soutenir qu’on aura probablement la situation suivante : le RPM aura au minimum 50 députés et au maximum 70 députés ; l’Adéma aura au minimum 23 députés et au maximum 40 députés ; l’URD aura au minimum 12 députés et au maximum 22 députés. Ces trois partis auront au moins 103 députés. Il restera au plus 42 postes à partager entre les autres partis. Donc, ces trois partis vont représenter au moins 70% à l’Assemblée. À cet effet, notre future Assemblée sera surtout constituée de députés élus du RPM de l’Adéma et de l’URD.
Le président aura t-il une majorité présidentielle à l’Assemblée nationale ?
Selon Sidiki Guindo, pour avoir une majorité présidentielle, il faut au moins 74 députés. Or, comme signalé plus haut, le RPM à lui seul ne peut pas avoir plus de 70 députés, donc ce parti à lui seul ne peut pas constituer une majorité présidentielle. Par ailleurs, souligne M. Guindo, même si l’Adéma et l’URD s’associaient, ces deux partis groupés ne peuvent pas avoir plus de 60 députés. Ces deux grands du FDR ne peuvent donc pas constituer une majorité à l’Assemblée.
« En tenant compte des récentes déclarations de ralliement de l’Adéma à la majorité présidentielle, explique M. Guindo, on peut conclure que le président aura sans aucun doute le soutien d’une bonne partie des députés de l’Adéma ». L’ingénieur statisticien explique que le président de la République peut aussi avoir le soutien d’autres députés venant des autres partis (ou des indépendants). Selon ses estimations, ce groupe (RPM, les alliés venant de l’Adéma et certains venant d’autres partis) va peser au moins 65% des députés du parlement. Le président IBK aura donc sans aucun doute une majorité présidentielle.
Quel sera donc la force de l’opposition ?
Pour M. Guindo, « dans les pays comme le nôtre, malheureusement, peu de députés et/ou de partis font le choix de rester dans l’opposition. On se pose bien la question de savoir si nos députés et/ou nos partis politiques ont une conviction à défendre ? On se pose aussi la question de savoir si la plupart des représentants du peuple ont un niveau intellectuel assez pointu pour défendre le Mali dans un monde en perpétuelle interaction stratégique. Ceci pose le problème de la qualité des ressources humaines à l’Assemblée nationale.
En observant le score de différents partis et les déclarations de ralliement, on peut noter que l’opposition future (si elle existera) sera surtout constituée de certains députés de l’URD (s’ils acceptent d’y rester) et d’autres rares députés venant d’autres partis. Selon nos estimations, il n’y aura pas plus de 22 députés dans l’opposition. Donc l’opposition ne pèsera pas plus de 15% dans l’Assemblée nationale ».
Abdoulaye Diakité