Pour faire face aux préoccupations sécuritaires, un panel d’éminents experts gouvernementaux a été mis sur pied pour élaborer une stratégie régionale de lutte contre le terrorisme, un phénomène croissant en Afrique de l’Ouest. Ce panel se réunit à l’hôtel Salam de Bamako du 11 au 13 Octobre 2011, en présence du Général de Division Charles Okae, Directeur du Maintien de la Paix et de la Sécurité régionale de la Cedeao (représentant la Commission), de Sissoko El hadj Boua Kanté, Responsable de la Cellule nationale de la Cedeao (Chef du département des questions politiques et de la sécurité régionale au ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine).
Selon le Général de Division Charles Okae, Directeur du Maintien de la Paix et de la Sécurité régionale de la Cedeao, le terrorisme, acte criminel odieux, a coûté la vie à de milliers de personnes et a fait des milliers de blessés, de mutilés et d’handicapés. « Outre ses répercutions politiques, le terrorisme comporte par ailleurs des effets dévastateurs sur l’économie des Etats, toute chose pouvant potentiellement empirer la pauvreté dans les communautés affectées. C’est donc sans surprise que les terroristes trouvent souvent refuge et asile sûr dans les zones où sévit la grande pauvreté et d’où ils puisent leurs soutiens », a indiqué le Général de Division Charles Okae. Pire, « dans nos communautés, le terrorisme a de plus créé et souvent exacerbé les clivages sociaux sur fond de critères ethniques et religieux, rendant encore plus complexes tous les efforts déployés pour la réalisation d’un cadre communautaire commun, ainsi que la paix, la sécurité, la stabilité et le développement économique sain et viable », a souligné le Général Charles Okae.
Le terrorisme attisé par des crises politiques
La réunion interministérielle des experts gouvernementaux de la Cedeao se tient à un moment où le monde est en proie à l’une des formes de crimes transfrontaliers les plus redoutables de notre époque, c’est-à-dire le terrorisme. Le phénomène s’est amplifié dans notre espace, avec les récents développements politiques survenus dans une bonne partie du nord de l’Afrique. Pour Soumeylou Boubèye Maïga, ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, dans la lutte contre le terrorisme, « la Coopération internationale demeure essentielle, tant le phénomène, ses effets et les actions à engager dépassent les limites de la compétence d’un seul Etat… Une lutte efficace contre le terrorisme, passe non seulement par une détermination individuelle de chaque Etat, mais aussi et surtout, par une politique sécuritaire commune au plan international et sous régional ». Il a assuré que le Mali est résolu et reste déterminé à poursuivre tous les efforts de nature à lutter contre le fléau dans l’espace Cedeao.
Renforcer les systèmes de justice pénale
La question d’insécurité et de terrorisme est une réalité au Mali, particulièrement dans sa partie septentrionale. Aussi bien des mouvements de rébellion, Aqmi que le trafic de drogue et des armes ont fait de cette région un terreau du terrorisme. A cet effet, le Mali a une expérience dans le renforcement des mécanismes juridiques et institutionnels. Il est non seulement partie à 12 sur les 16 instruments juridiques universels dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, mais aussi les hautes autorités maliennes ont entrepris de nombreuses actions parmi lesquelles la mise en place en 2010 du programme d’urgence pour la réduction de l’insécurité au nord Mali et de lutte contre le terrorisme (Pirin). A cela s’ajoute le Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement au Nord Mali (Pspsdn) qui prévoit de réduire les causes de l’insécurité et du terrorisme dans le Nord Mali, avec des actions concrètes en matière de sécurité, de gouvernance, de développement local et de communication.
La rencontre de Bamako vise non seulement au renforcement des relations entre les Etats membres de la Cedeao, le renforcement des instruments de lutte contre le terrorisme pour permettre à la communauté de contribuer au maintien et au renforcement de la paix, de la sécurité et le développement dans la sous-région. « La réunion permettra, sans doute, d’identifier les besoins des pays dans le cadre du renforcement des capacités, singulièrement en termes d’assistance pour renforcer les systèmes nationaux de justice pénale pour appliquer les dispositions du régime juridique contre le terrorisme, dans le plein respect des principes de l’Etat de droit et des droits de l’Homme », a conclu le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
B. Daou
Le Républicain 12/10/2011