Les groupes armés dénoncent l’incapacité du gouvernement à mobiliser des ressources
Le Comité de suivi de l’Accord (CSA), chargé de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, a tenu sa dixième session ordinaire au Centre International de Conférence de Bamako les 25 et 26 juillet 2016. Trois points étaient inscrits à l’ordre du jour des travaux à savoir : le mécanisme et les modalités de mise en place des autorités intérimaires, le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), et la situation sécuritaire à Kidal. Cette dernière fut reléguée au second plan. Une commission ad hoc se penchera sur la question de Kidal dans les prochains jours. Quant à la mise en place des autorités intérimaires, des missions de sensibilisation seront effectuées sur le terrain par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme. S’agissant du Moc, un bataillon de 600 hommes commencera les patrouilles mixtes à partir du 15 août 2016 à Gao. A l’issu des travaux de cette 10ème session, les groupes armés ont dénoncé l’incapacité du gouvernement malien à mobiliser des ressources financières pour la sécurisation de la région de Tombouctou et de Kidal.
« C’est nous les mouvements armés qui parlons de sécurité qui proposons des mesures de sécurité et de stabilisation. On attend que le gouvernement prenne les dispositions législatives réglementaires et peut être même financières pour nous permettre d’aborder ces questions. Mais le gouvernement n’a pas les moyens apparemment. C’est ce qu’il nous dit. Il n’a pas les moyens de nous aider à apporter la sécurité aux populations. C’est pourquoi il n’a pu mobiliser que les ressources nécessaires financières pour le MOC de Gao. Et il nous a dit clairement qu’il n’a pas de ressources pour Tombouctou ni pour Kidal. C’est là où on est maintenant », a déclaré le président de la Plateforme, Me Harouna à l’issu des travaux de la 10ème session du CSA. A l’en croire, le gouvernement a dit qu’il ne peut faire face qu’aux moyens financiers de la patrouille mixte de Gao. « Pour Tombouctou et Kidal on va devoir attendre longtemps sans aucune précision de date. Et sur ce point nous ne sommes pas d’accord parce que nous souhaitons que la sécurité soit immédiate. En tout cas, que le gouvernement mobilise les ressources nécessaires pour que la sécurité soit apporté aux populations », a dit Me Toureh. « Pourquoi le gouvernement n’a pas d’argent ? Pourquoi il ne met pas de ressources pour la sécurité des personnes au nord ? Ou bien la sécurité au nord n’intéresse plus personne ? Est ce que la sécurité au nord intéresse encore le gouvernement du Mali ? », s’est-il interrogé.
Selon Me Toureh, toutes les parties (la plateforme, la Cma, l’armée malienne, la Minusma et Barkhane) font parties de la patrouille mixte. A ses dires, la question de Kidal n’a pas été laissée de côté. « Depuis vendredi, il n y a pas eu de coup de feu. Cela veut dire que nous pesons de notre poids pour qu’il y ait un cessez-le feu entre certains membres de nos groupes respectifs (CMA et plateforme) », a-t-il précisé. Le ministre de la décentralisation et de la reforme de l’Etat, Mohamed Ag Erlaf qui était présent à la cérémonie de clôture des travaux n’a pas voulu s’exprimer à la presse pour défendre la cause du gouvernement accusé par les groupes armés.
Toujours concernant Kidal, Mahamadou Djéri Maïga de la Cma a fait savoir que c’est au gouvernement de trouver les voies et moyens pour chercher un terrain d’entente entre les enfants du pays. « Le linge sale se lave en famille », a-t-il dit. Djéri Maïga tout comme Fahad Ag Almahmoud du Gatia n’ont pas voulu que le problème de Kidal soit débattu au niveau du Comité de Suivi de l’Accord. Ce qui fut respecté par la médiation internationale.
Au cours de la cérémonie de clôture des travaux, le président du Csa, Ahmed Boutache a lu le communiqué final dans lequel il a exprimé ses regrets au sujet des récents affrontements qui ont eu lieu à Kidal et qui ont occasionné de nombreuses pertes en vies humaines et des blessés ainsi que des dégâts matériels. En outre, le comité a condamné vigoureusement l’attaque sanglante et meurtrière perpétrée contre un camp des forces armées maliennes à Nampala, dans la région de Ségou. Dans le domaine de la sécurité, le comité a salué les résultats obtenu par la Commission ad hoc, mise en place par les Parties, chargée de réfléchir sur l’opérationnalisation en place du MOC et des patrouilles mixtes. Il se félicite que les Parties se soient mises d’accord sur le principe d’un « DDR-intégration accélérée» par toutes les Parties, la Commission d’intégration devant préciser rapidement les critères d’application de cette mesure. Le Comité a pris note du consensus sur le fait que les patrouilles mixtes devraient commencer à Gao avec un bataillon de 600 hommes à partir du 15 août 2016 qui sera suivi progressivement par la mise en place d’autres bataillons à Tombouctou et Kidal. Il a fait sienne les propositions de la Commission ad hoc, notamment l’appel à un accompagnement de la Communauté internationale, conformément aux dispositions de l’article 54 de l’Accord de paix, pour l’équipement et la prise en charge des bataillons de Tombouctou et Kidal. Compte tenu de la précarité de la situation sécuritaire sur le terrain, le Comité a insisté sur la nécessité d’entamer effectivement la réalisation des patrouilles mixtes sans condition. Concernant la construction des sites de cantonnement, le Comité a noté avec satisfaction la disponibilité, à partir du 15 août 2016, de huit sites pour accueillir des combattants. Le Comité a pris note des actions concrètes du Gouvernement du Mali sur la question de la mise en place des Autorités intérimaires, notamment le financement des missions de sensibilisation effectuées par la CMA et la Plateforme. Il encourage les Parties à convenir dans les meilleurs délais d’un calendrier consensuel fixant des missions tripartites de concertation et d’information ainsi que la désignation et la nomination des personnes devant intégrer les autorités intérimaires.
Aguibou Sogodogo