Chassez le naturel, il revient au galop, dit un adage qui semble bien s’adapter au cas de cet infortuné père de famille. Il rêvait de donner une éducation exemplaire à sa fille en usant d’autorité, de présence et surtout de fermeté. Notre père de famille en question est un honnête citoyen qui habite avec sa famille dans une villa qu’il a construite dans la zone ACI 2000. Très affectueux, il apparaît comme un homme calme, partagé entre ses heures de travail et ses heures de prières : un homme sans problème. Mais comme on le dit chaque famille a sa brebis galeuse. Ce chef de famille se disputait très fréquemment avec son épouse en raison de ses rentrées tardives au domicile paternel.
Les notes de la fille à l’école n’étaient pas fameuses et il est arrivé à plusieurs reprises que son père la surprenne en train de discuter avec des hommes à l’angle de leur maison. Placée sous haute et stricte surveillance, elle parvenait toujours à déjouer les plans de surveillance pour se rendre à des rendez-vous galants. Ce qui intriguait plus son père c’était l’influence négative que cette dernière pourrait avoir sur ses sœurs qui paraissaient aux yeux de leur père comme sa fierté. La goutte d’eau qui fit déborder le vase intervient le jour où la fille sortit de bonne heure avec sa petite sœur et les deux ne rentrèrent que tard le soir.
Le père, entre temps, s’était disputé avec son épouse à cause de cette absence prolongée des enfants. Tout furieux, le chef de famille décida de donner une bonne correction aux deux filles et ne se rendra pas à la mosquée. Assis sur la terrasse, il aperçut la jeune sœur avec un paquet de pâtisserie qui lui serait remis par la grande sœur – jusque là dehors. Prise de peur, la petite sœur expliqua tout à son père. Le père sortit et alla trouver sa fille dans une voiture garée derrière la concession et dans le noir avec un homme. Il entraina la jeune fille sous les coups de cravache jusqu’à la maison, l’attacha à l’aide d’une corde, la fouetta malgré les cris et supplices de sa fille et de son épouse. Toujours sous l’effet de la colère, il se dirigea dans la cuisine pour chercher la louche toute chaude à l’aide de laquelle il marque la fille aux plantes des pieds.
Ne supportant pas le martyre de sa fille, la mère se saisit d’un seau d’eau qu’elle versa sur son mari et appela le voisinage au secours. Le chef de famille se calma grâce à l’intervention des voisins et la jeune fille fut transportée au centre de santé pour les premiers soins. Le lendemain, son épouse le convoqua et après les procédures judiciaires, le mari fut transféré à la prison centrale. Pendant que le père croupit en prison, la fille dont les plaies se sont cicatrisées reçoit ses conquêtes à la maison sous l’œil clément de sa mère qui ne semble pas regretter l’absence de son mari.
Khadydiatou Sanogo
Le Républicain Mali 12/06/2012