La culture sénoufo célébrée à Kambo dans sa diversité et son
authenticité
Après la première édition en 2022, la seconde édition du festival Zaliè de
Kambo (commune rurale de Kadiolo) a lieu du 21 au 23 février 2025. La
cérémonie officielle d’ouverture a eu lieu le 22 février au bord du lac en
présence du préfet de Kadiolo, Bakary Dioma Diakité, et du parrain de
cette édition, M. Yaya Sanogo (proviseur du lycée technique de Sikasso
et natif de Kambo).
«La culture, facteur de cohésion sociale et de développement» ! Tel était le
thème principal de la seconde édition du festival Zaliè de Kambo, dans la
commune rurale de Kadiolo. Un événement placé cette année sous le signe
de la reconnaissance et du remerciement des populations de Kambo au
président de la Transition, Général d’Armée Assimi Goïta, pour la réalisation
d’un forage dans la localité. Créer un cadre de rencontre entre les filles et fils
du village de Kambo, promouvoir la cohésion sociale, entreprendre les
activités de développement du village, renforcer la paix et l’entente entre le
village de Kambo et les villages voisins, valoriser notre culture à travers les
danses, les chants, les activités de protection de l’environnement… sont aussi,
entre autres, objectifs visés par les organisateurs
Au programme, s’est tenue une assemblée générale des ressortissants du
village de Kambo, la formation des femmes à la fabrication du savon (financée
par Lamissa Bamba dit Kadiolo Naby). Le cérémonial protocolaire de
l’ouverture officielle du festival a commencé par l’inauguration du monument
dédié au père fondateur du village de Kambo Tio N’Golo Sanogo (1687-1785).
Ce chasseur Sarakolé est arrivé au bord du lac via Konimana-Dougoura
(région de Ségou) en passant par Fantaréla. Les festivaliers ont ensuite visité
le forage offert par le président de la Transition dans le cadre de ses œuvres
sociales. Le village de Kambo a bénéficié du forage N°35. Après l’inauguration
de la maternité réhabilitée, les festivaliers se sont donnés rendez-vous au bord
du lac Zaliè pour la pêche collective et la cérémonie d’ouverture qui a été
émaillée par plusieurs discours.
Le parrain, Yaya Sanogo, a commencé par rendre hommage à l’initiateur du
festival, l’artiste Lamissa Bamba dit «Kadiolo Naby». Il a ainsi rappelé que «le
promoteur de Gbanni de Nakomo, que nous appelons Kadiolo Naby, a offert à
la population le monument du père fondateur du village de Kambo, nommé Tio
N’Golo Sanogo… Il a aussi offert une session de formation à la fabrication du
savon à 40 femmes. C’est le lieu de le remercier et de le féliciter très
sincèrement pour son amour de la culture sénoufo et aussi pour l’importance
qu’il accorde à Kambo et à ses habitants».
Il a ensuite manifesté la reconnaissance des populations locales au chef de
l’Etat Assimi Goïta pour le forage qui leur a été offert. «Avant la réalisation de
ce forage, la maternité de Kambo, lieu où la femme donne la vie, lieu où toutes
les femmes du village et leurs enfants se rencontrent, était sans eau. Les
femmes et les enfants étaient obligés de parcourir de longues distances avec
les bidons à la recherche d’eau», a rappelé M. Sanogo. «La réalisation de ce
forage a réduit significativement la pénurie d’eau au niveau de la maternité du
village et a allégé la souffrance des femmes et de leurs enfants. On a coutume
de dire : l’eau, c’est la vie ! Celui qui vous donne l’eau, vous donne la vie. Le
président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, a donné la vie à
toute la population de Kambo», a-t-il ajouté.
Il a profité de l’occasion pour soumettre au préfet une doléance des
populations. «Le village a une école de trois salles de classe pour six cours
depuis 1994. Le chef de village souhaiterait avoir six nouvelles salles afin de
compléter le premier cycle à six salles et ouvrir le second cycle», a signalé le
parrain. Selon Yaya Sanogo, l’existence du village de Kambo est liée en
grande partie à Zaliè. «Ce lac est pour Kambo, ce qu’est le Nil pour l’Egypte.
Son importance n’est plus à démontrer», a-t-il souligné. «Zaliè est très
poissonneux et Kambo ravitaille en poisson une grande partie du cercle de
Kadiolo pendant la saison de la pêche collective dont les recettes permettaient
au village de payer intégralement l’impôt de la population, Zaliè abrite de
nombreux animaux aquatiques, dont des hippopotames. La forêt autour du lac
abrite de nombreux animaux sauvages. Cette forêt crée un micro climat et
favorise les échanges gazeux chlorophylliens et la lutte contre le
réchauffement climatique», a-t-il rappelé.
Et de poursuivre, «Zaliè est aussi un lieu de pèlerinage où de nombreuses
personnes viennent se prosterner pour satisfaire leurs besoins». Ainsi, compte
tenu de l’importance du lac Zaliè, il a sollicité les autorités locales, régionales
et nationales à accompagner la population pour «la protection de ce trésor
contre les prédateurs». Il est aujourd’hui primordial que Zaliè et son emprise
soient épargnés des activités d’orpaillage. Tout comme il est souhaitable que,
autour du légendaire lac, soient développées des activités comme
l’écotourisme, le maraîchage, la riziculture… Le parrain a aussi eu une pensée
pieuse pour le co-parrain de la première édition, feu Dr Moussa Sanogo (natif
du village et ancien Directeur général de la Pharmacie populaire du Mali et co-
parrain de la première édition), décédé peu de temps après l’événement.
«A cause du lac Zaliè, Kambo est une localité très enviée depuis toujours.
Raison de plus pour bien prendre soin de ce précieux trésor en le protégeant
contre l’exploitation abusive et frauduleuse de ses ressources. Nous avons
hérité de ce lac de nos ancêtres. Notre devoir est aussi de le préserver pour
qu’il soit utile à de nombreuses autres générations après nous», a pour sa part
déclaré M. Daouda Bamba, 3e adjoint au maire de la commune rurale de
Kadiolo. «Zaliè n’est pas un simple lac, c’est aussi un lieu de pèlerinage pour
perpétuer nos us et coutumes…», a pour sa part rappelé le préfet du cercle de
Kadiolo, M. Bakary Dioma Diakité.
Comme l’a rappelé le parrain dans son discours, c’est Lamissa Bamba dit
Kadiolo Naby qui est l’initiateur de ce festival. «Dans ce lac, nous avons des
hippopotames, des caïmans, de nombreuses espèces de poisson… Sans
compter les faune et la flore autour du lac. Le cercle de Kadiolo est très
dépendant de ce lac qui alimente de nombreuses sources
d’approvisionnement en eau comme des puits légendaires et des cours
d’eau», a confié l’artiste à la presse.
«Nous avons initié ce festival pour mieux protéger le lac et son
environnement. L’objectif est aussi de favoriser l’intégration, la cohésion et le
brassage des populations en dehors de Kambo voire du cercle de Kadiolo.
Pour ce faire, nous devons toujours faire confiance à nos us et coutumes qui
ont toujours permis de préserver nos sites et patrimoines historiques des
tentatives d’agressions», a précisé Lamissa Bamba.
Il a exhorté les populations de Kambo a l’unité pour pouvoir mieux protéger le
lac en l’exploitant au profit du développement socioéconomique et culturel de
la localité. La cérémonie d’ouverture a été aussi marquée par la remise des
attestations de reconnaissance avant le passage des troupes folkloriques.
Moussa Bolly
diasporaction.fr