Comme chez cet inconditionnel qui savait qu’il pouvait compter sur l’intelligence
de « l’animal politique qu’est Soumeylou» pour éviter au parti un déchirement
inutile au moment où « l’Adema a besoin de toutes ses forces » et s’épargner lui-
même « une autre aventure ». Une allusion à sa traversée du désert en 2007 où
son parti dut l’exclure pour avoir tenu tête à son candidat de l’époque : Amadou
Toumani Touré. Mais chez plusieurs barons du parti et même certains « analystes »
de l’enfant terrible de Gao, l’angoisse demeure : « Soumeylou ne fait rien pour
rien ». Pour eux, soit la rencontre du samedi a subi un changement de vocation à la
dernière minute, soit elle est la première étape d’un projet à plusieurs étages. Et ce
projet, c’est soit être candidat lui-même soit soutenir quelqu’un d’autre.
Dans tous les cas, déstabiliser Dioncounda Traoré auquel un courant à l’Adema
reproche tantôt « d’être désargenté » donc de n’avoir pas les ressources nécessaires
à une victoire et tantôt de ne pas faire le poids devant un IBK, un Soumaila Cissé ou
un Modibo Sidibé ».
Non aux indépendants
Le camp qui prête à Soumeylou Boubeye Maiga d’être déjà dans l’intrigue pour
faucher l’herbe sous les pieds du candidat investi par le parti en juillet 2011
justifie, instruit ainsi son procès « Franchement, comment Boubeye peut-il nous
convaincre que cette rencontre c’est pour soutenir Dioncounda ? ». Ils relèvent une
omission : « pas une seule fois le nom de notre candidat n’a été prononcé » par un
Soumeylou à la coupe de costume impeccable et en verve. Il ne peut pas invoquer
le manque de temps. Car la copie presse de son discours compte plus de 1000
mots sans compter les rajouts improvisés dont certains sont de véritables pépites.
Première certitude cependant parmi plusieurs inconnues : Soumeylou ne roule pour
aucun candidat indépendant. Il avait donc dû entendre qu’il était « au gouvernement
pour aider Att dans son schéma pro-Modibo Sidibé ». « Le prochain président du
Mali doit être issu d’un parti politique », affirme t-il sans ambages. Cela au moins est
clair encore que les scrutateurs de l’animal politique auraient préféré une sentence
plus forte et plus partisane « nous ferons tout pour que Dioncounda soit le prochain
président ». A ces spécialistes du procès d’intention, Soumeylou avait déjà sa
réponse « ce qui nous réunit aujourd’hui ici, c’est notre appartenance commune au
Mali ». Pour le reste, il se veut serein et en revendiquant 40 années de relations
de confiance avec Alpha Oumar Konaré et 30 avec Amadou Toumani Touré, que
personne ne vienne l’intimider « Je suis un des principaux responsables membres
fondateurs de l’Adema. Peut-être qu’un jour, le président Konaré pourra dire que
même le nom -du parti- c’est moi qui l’ai trouvé » ! Il n’aura pas eu plus de sympathie
pour ceux des Nordistes, qui dans leur juteux trafic d’influence essaient de lui faire
croire qu’ils « respirent avec les narines d’Att, alors que dans cette salle et au-delà,
j’estime que personne n’est plus proche d’Att que moi ». A ceux de l’Adema qui
doutent de lui, le président de l’Asma se dit pourtant « mobilisé » et assure : « nous
allons travailler dans les jours, les semaines et les mois à venir, région par région
pour que demain ce soit notre camp qui gagne ». Comment s’appelle ce camp ?
Suivez la flèche !
Adam Thiam
Le Républicain Mali 17/01/2012