Comment ne pas se poser la question devant le satisfecit affiché par l’institution de Bretton Woods, à l’issue de ses consultations, au titre de l’article IV, avec le Mali et l’achèvement de la quatrième revue des résultats enregistrés par ce pays dans le cadre d’un programme économique appuyé par un accord triennal, au titre de la facilité élargie de crédit (FEC)?
Ce satisfecit a été décerné au gouvernement du Mali à l’occasion du Conseil d’administration du Fonds Monétaire International, dont les travaux se sont déroulés le 2 décembre à Washington.
La décision du Conseil d’administration, rappelons-le, «ouvre la voie au décaissement d’un montant de 4 millions de DST (environ 5,5 millions de dollars), ce qui porte le montant total des investissements, au titre de l’accord FEC, à 22 millions de DST (environ 30 millions de dollars).
Il ressort des conclusions du FMI que les résultats du programme continuent d’être bons, comme en atteste le respect de tous les critères de réalisation et de la plupart des repères structurels en fin juin 2015. Le programme de 2016 comprend un déficit budgétaire légèrement en hausse par rapport à 2015, pour permettre une augmentation de l’investissement public et des dépenses de reconstruction.
Le déficit budgétaire global devrait rester maitrisé à court terme et diminuer à moyen terme, de telle sorte que le rapport de la dette nominale au PIB resterait en dessous de 40%. Il est prévu que l’augmentation des impôts perçus se poursuive et que l’augmentation des recettes permette davantage d’investissement public et de dépenses sociales».
Il faut dire que ce ratio dette – PIB est tout à fait dans les normes, l’exigence courante étant de l’ordre de 60%. Cela pourrait même être une performance remarquable, au regard de la situation de certains pays, surtout développés, dont la dette extérieure dépasse souvent 100%, voire 200%, de leur PIB.
Autant dire que ces pays vivent largement au-dessus de leurs moyens et que le Mali conserve une bonne marge de progression en matière de capacité d’endettement.
«Cependant, il sera important, à l’avenir, que de nouvelles augmentations de recettes proviennent d’un élargissement de l’assiette de l’impôt, notamment grâce à la réduction des exonérations, considérables». Une application intelligente de cette mesure est souhaitable, s’agissant particulièrement de la problématique des exonérations, car au Mali on nous a trop souvent habitués aux vraies fausses exonérations, des «exos» qui permettent de voler en toute «légalité».
Et, souvent, en bandes de petits copains et de coquins, comme dirait l’autre. Ce sont ces «exos» qu’il faut supprimer sans sourciller. En revanche, les exonérations qui contribuent à étoffer le tissu industriel, par exemple, qui participent véritablement au développement du pays, qui sont objectivement motivées, doivent être préservées.
Dieu seul sait si les «exos» appartenant à la première catégorie sont légion dans notre pays, où il est ciselé dans les replis les plus profonds du subconscient collectif des Maliens, que «voler l’Etat n’est pas voler».
En définitive, les administrateurs ont félicité les autorités pour les résultats macroéconomiques solides qui ont été enregistrés récemment, tels qu’une croissance économique robuste, une inflation faible et une position budgétaire viable.
Si les perspectives économiques sont favorables, les administrateurs ont aussi attiré l’attention sur les risques de dégradation importants, en particulier du fait de la fragilité persistante de la situation sécuritaire au Mali.
On le voit, on est très loin de la zone de turbulences dans les relations entre le gouvernement du Mali et le FMI, où les affaires dites de l’avion présidentiel et du contrat d’équipements militaires ont abondamment défrayé la chronique.
Même si, dans leurs recommandations, les administrateurs «soulignent que, pour accélérer et pérenniser la croissance à long terme, il conviendra de diversifier les sources de croissance et les secteurs exportateurs.
Une amélioration de la réglementation, une baisse des impôts sur le travail, une augmentation du taux d’activité, en particulier des femmes, et une amélioration de la gouvernance faciliteraient l’activité et l’investissement du secteur privé».
Ce satisfecit du FMI, qui est le principal baromètre pour les partenaires techniques et financiers et autres investisseurs étrangers, doit permettre de dynamiser davantage leur partenariat avec le Mali.
Au ministre de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra, qui est en grande partie l’artisan de cette embellie, et qui se trouve à la fois au niveau opérationnel – la gestion des finances publiques – et au niveau de la réflexion stratégique – il doit penser l’économie malienne – de se ceindre davantage les reins.
Afin que le gâteau national qu’il est en train de préparer soit à hauteur de souhait et équitablement partagé ; au profit de tous les Maliens.
Yaya Sidibé
Source: Le 22 Septembre 14/12/2015