Le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique à travers la Cellule de coordination de la
nutrition et ses partenaires avec l’appui de l’Unicef organisent un atelier de réflexion
stratégique à la Maison de la femme et de l’enfant de Sabalibougou entre les acteurs des
secteurs eau, hygiène, assainissement (EHA) et nutrition. Objectif : développer une
réflexion stratégique EHA et nutrition pour maximiser l’impact des projets et
programmes de lutte contre la malnutrition grâce aux interventions du secteur eau,
hygiène, assainissement (EHA).
La situation nutritionnelle au Mali reste une problématique majeure de santé publique, avec
chaque année, plus de 20 % (1,3 million) d’enfants souffrant de malnutrition chronique et
plus de 600 000 enfants de malnutrition aigüe. Cette situation connaît peu d’amélioration
malgré des efforts importants déployés pour la lutte contre la malnutrition.
La lutte contre ce fléau est multisectorielle et le secteur eau, hygiène et assainissement
(EHA) a un rôle prépondérant à jouer. Il s’agit, à travers cet atelier de deux jours (du 17 au 18
décembre 2018) d’élaborer une stratégie conjointe permettant de renforcer l’impact du
secteur EHA sur la nutrition.
Participent à cette rencontre, plusieurs ONG notamment Water Aid et Action contre la faim
(ACF) et les acteurs du secteur public en charge du secteur EHA et de la nutrition. Plusieurs
thématiques seront abordées comme "la situation nutritionnelle au Mali, lutte
multisectorielle contre la malnutrition et rôle de l’environnement, état des lieux des
connaissances scientifiques sur les liens entre hygiène, environnement et malnutrition".
Pour le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Mama
Coumaré, à l’ouverture des travaux, a indiqué que l’intégration de l’eau-hygiène et
assainissement dans le Plan d’action multisectoriel de la nutrition (PAMN) 2014-2018 a
révélé que sur 14 axes stratégiques du PAMN seuls 5 axes stratégiques (2, 5, 6, 11 et 12)
traitent mais de façon timide le WASH et sur 150 interventions dans le PAMN seules 8
interventions traitent du WASH.
Il a déploré l’absence d’indicateurs de suivi et évaluation dans le PAMN 2014-2018.Or, le
manque d’accès à des services d’eau potable et d’assainissement associé à des mauvaises
conditions d’hygiène (Wash) ont un impact direct sur la situation alimentaire et
nutritionnelle des ménages et à l’origine de nombreuses maladies telles que les diarrhées, le
choléra, les affections broncho-pulmonaires et les intoxications. Ainsi, la prise en compte de
l’accès à l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement dans les stratégies et plans de lutte
contre la malnutrition est indispensable si on veut atteindre l’objectif n°2 des
ODD, recommandera-t-il.
Pour démonter l’importance du Wash sur la nutrition, Dr Coumaré a indiqué que 50 % des
cas de sous-nutrition sont associées à des infections dues aux mauvaises conditions d’accès à
l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement (source OMS) et qu’un enfant meurt toutes les
deux minutes suite à des maladies diarrhéiques causées par la consommation d’une eau
insalubre, l’assainissement inadéquat et les mauvaises pratiques d’hygiène ( selon le rapport
mondial nutrition 2017). Selon les estimations, les mauvaises conditions d’assainissement
seraient la 2e cause de retard de croissance dans le monde.
Pour le représentant de l’Unicef, Sacha Greenberg, la sous-alimentation est à la fois une
cause et une conséquence de la pauvreté et contribue largement à la mortalité maternelle
et infantile. Pour endiguer la malnutrition, il a prodigué des conseils simples comme
l’allaitement maternel exclusif, la supplémentation en micronutriments. Il a réitéré le
soutien de l’Unicef aux interventions intégrées Wash-in-NUT pour endiguer la malnutrition
au Mali.
L’objectif des autorités et des acteurs Wash est de réduire considérablement le taux actuel
de 24 % de malnutrition à 10 % d’ici à 2025 et cela à travers cette synergie multisectorielle
d’actions des acteurs EHA et Nutrition.
Ousmane Daou