Après avoir essayé de faire épouser par le village, par force, leur idéologie sans succès, des présumées djihadistes tentent une nouvelle stratégie. Il s’agit de jouer à l’apaisement, méthode plus douce que la précédente. Va-t-elle marcher ?
En effet, depuis le mois d’avril 2021, des présumés djihadistes opèrent dans certains villages de la région de Koutiala. Ils tentaient de les contrôler par une main de fer. Intimidations, enlèvements, menace de toutes sortes étaient devenus le quotidien des populations. La commune de Sanguéla en fait partie. Les djihadistes ont ordonné la fermeture des écoles et d’autres services publics comme les mairies. Cette situation a d’ailleurs contraint le personnel enseignant à se replier sur la ville de Koutiala. Un coup dur donné par les Famas à travers une opération d’envergure, au mois de septembre, a permis de rassurer momentanément les populations.
Après un moment de répit, les djihadistes reprennent service. Cette fois-ci, avec une nouvelle stratégie, puisque l’ancienne méthode, celle de la « main de fer », n’a pas donné les résultats recherchés. Il s’agit de la méthode « douce ».
Le samedi,18 décembre 2021 dans l’après-midi, en provenance de la localité de Tièrè vers la frontière avec le Burkina Faso, une base arrière, les djihadistes ont fait irruption dans le village de Sanguéla.
Destination, chez le chef de village d’où ils convoquent tout le village en réunion. Ils obligent tout le monde à venir les écouter.
Selon une source jointe sur place, pour attirer l’attention sur eux, ils ont d’abord procédé à l’arrestation de quelques marchands qui venaient pour la foire hebdomadaire de Kougnou. Ils ont ensuite intercepté toutes les personnes qu’ils croisaient dans les rues.
À l’ordre du jour de la réunion, «l’apaisement». Après quelques minutes de prêches, ils annoncent enfin le but de la réunion. Là, le maître du jour tient un langage inhabituel : «Rassurez-vous, nous ne sommes pas ceux qui vous ont violentés. Nous souhaitons collaborer avec vous ».
Selon notre source, pour davantage rassurer les gens lors de cette rencontre, ils ont même ouvert le débat. «Ceux qui ont des questions peuvent les poser » ordonnent-ils.
Mais une seule personne a pu poser une question, affirme notre interlocutoire. Personne ne voulait s’attirer la colère des maîtres du jour, encore moins se faire remarquer. Quelques heures ont suffi pour clore la rencontre.
Après la réunion, ils se sont retirés dans le calme en promettant de revenir dans les prochains jours. Selon la même source, le calme est de retour après leur départ, mais la question que tout le monde se pose est la suivante : Quelles autres surprises réservent-ils ? Comment doit-on s’y prendre ?
Ce qui est sûr, le dialogue avec un homme armé ne s’avère toujours pas aisé, dit notre interlocuteur. C’est pour dire que malgré le calme, les populations vivent la peur au ventre.
En tout cas, les populations de cette localité ont déjà vécu l’expérience de la fermeture des écoles, des mairies ou encore la transformation des écoles en celles de l’enseignement coranique.
Il faut noter que la commune de Sanguéla est située à 55 km au sud-est de la ville de Koutiala et à 15 km de la frontière avec le Burkina Faso
T M / Source : Plume Libre