À l’opposé de ses autorités politiques, la société civile du Sénégal, à l’image de celles de plusieurs autres États à travers l’Afrique voire du monde, dénonce les sanctions illégitimes imposées par la Cedeao et l’Uemoa à notre pays et exprime son soutien aux responsables de la Transition et au peuple malien
C’est dans ce contexte qu’une forte délégation de la société civile sénégalaise, qui séjourne à Bamako depuis mercredi dernier, a été reçue en audience hier à la Primature par le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga.
La délégation, conduite par le président d’Imagine Africa, Pierre Sané, ancien sous-directeur général de l’Unesco, est composée de Mamadou Diop dit Decroix, député à l’Assemblée nationale du Sénégal et ancien ministre.
Mais aussi du représentant du Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp), Guy Marius Sagna, et celui de la Ligue panafricaine, (Umoja), Amidou Sidibé, non moins représentant de la Convergence pour le peuple malien, une nouvelle organisation qui vient de voir le jour au Sénégal afin de soutenir le Mali dans son combat pour sa souveraineté.
Le chef de la délégation sénégalaise a souligné qu’à travers ce déplacement, il s’agit pour eux de venir à l’écoute des autorités maliennes afin d’avoir une compréhension plus fine sur l’évolution de la situation sécuritaire du Mali, l’impact des sanctions de la Cedeao et les futures étapes dans le combat pour leur abolition. Il était question pour eux de s’imprégner du niveau de mise en œuvre des conclusions des Assises nationales de la refondation (ANR), et l’évaluation du Premier ministre sur le rapport du Mali avec la France en ce moment.
Pour lui, il s’agissait également pour sa délégation de savoir comment dans son combat contre le néocolonialisme au Sénégal et en Afrique, elle peut apporter sa contribution à la lutte du gouvernement malien. Pour le chef de la délégation, la raison qui a motivé la mobilisation du peuple sénégalais le 28 janvier dernier et qui a abouti à la mise en place de cette mission trouve son sens dans la conviction qu’il est impératif de ne pas laisser le Mali seul face à la Cedeao, la France et l’Union européenne.
Selon Pierre Sané, si le Mali réussit dans son pari de changer le rapport de force avec la puissance coloniale, ce sera une ouverture pour tous nos pays de la Zone Franc, qui pourront s’inscrire dans la même dynamique de rupture d’avec l’héritage colonial. «Nous sommes venus pour dire haut et clair notre solidarité avec le gouvernement de Transition et avec ses initiatives concernant la refondation du pays. Mais également notre opposition aux sanctions de la Cedeao qui sont illégales».
En réponse, le Premier ministre a remercié les visiteurs pour l’esprit de solidarité et la mobilisation de soutien réussie à Dakar en fin janvier avant de faire le bilan détaillé des progrès réalisés par le gouvernement depuis la rectification de la trajectoire de la Transition le 24 mai 2021. En outre, Dr Choguel Kokalla Maïga a expliqué que la Cedeao veut ramener tout le problème du Mali à une question électoraliste.
Toutefois, il a informé ses hôtes de la mise en place par le gouvernement d’un cadre de concertation avec la communauté internationale, dont la Cedeao et la Minusma, qui devrait aboutir à un nouveau chronogramme pour les élections de fin de Transition.
«Si on n’a pas d’accord avec la Cedeao, nous allons rentrer en résistance», a-t-il prévenu. Le chef du gouvernement a conseillé à ses interlocuteurs de continuer à sensibiliser davantage les dirigeants de leur pays afin que ces derniers adoptent une autre grille de lecture sur la situation du Mali.
La rencontre était élargie au ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les institutions, Ibrahim Ikassa Maïga et la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Réformes politiques et institutionnelles, Sylla Fatoumata Sékou Dicko.
Source : L’Essor