Malgré l’atmosphère délétère savamment entretenue par la France pour isoler le Mali, l’Union européenne s’inscrit dans une autre logique avec notre pays. Même si elle a tenu aussi à donner un avertissement aux autorités de transition en sanctionnant certaines personnalités.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a tenu un sommet jeudi dernier (3 février 2022) à Accra, au Ghana. Si les dirigeants de l’organisation sous-régionale n’ont pas pris de nouvelles sanctions contre le Burkina Faso, celles frappant le Mali depuis le 9 janvier dernier n’ont pas été levées.
Les chefs d’État de la CEDEAO ont en effet estimé que nos autorités «n’ont toujours pas fourni de nouveau document sur la durée de la transition». Elles avaient d’abord proposé cinq ans, puis quatre. Ce que l’organisation ouest-africaine a refusé. La Cédéao a en revanche réaffirmé que les produits de première nécessité étaient exclus des sanctions qui frappent le Mali afin de ne pas pénaliser les populations.
«Nous voulons être avec les Maliens pour trouver des solutions durables», a par ailleurs affirmé le chef de la délégation de l’Union européenne (UE) au Mali, Bart Ouvry, à l’issue d’une audience accordée jeudi dernier (3 février 2022) par le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga. Les échanges entre les deux personnalités ont porté sur la crise dans notre pays. Une situation aggravée par une tension entre le Mali et certains de ses partenaires. Mais, pour Bart Ouvry, il est important de continuer à dialoguer.
«Nous espérons que, dans les jours à venir, on trouvera les éléments pour un consensus ou un large accord avec, particulièrement, les pays de la région», a-t-il indiqué. Pour le diplomate européen, compte tenu de notre situation géographique, notre pays doit rétablir les relations avec ses partenaires. «Nous aussi, en tant qu’Européens, voulons faire tout notre possible pour trouver des pistes et rétablir non seulement le dialogue, mais in fine, trouver des solutions», a-t-il assuré. Et de préciser que, aujourd’hui, le «vrai problème du Mali est la lutte contre le terrorisme».
Et les Européens seraient déterminés à nous aider à trouver «des solutions durables». Au cours de cette rencontre, l’ambassadeur de l’UE a remis au chef du gouvernement un livre portant sur la diversité culturelle de notre pays et l’environnement.
N’empêche que le lendemain, l’Union européenne a pris des sanctions ciblées contre des 5 personnalités de la transition. Il s’agit du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga ; le président du Conseil national de Transition (CNT), Colonel Malick Diaw ; le ministre de la Réconciliation nationale, Colonel-major Ismaël Wagué ; le ministre de la Refondation, Dr Ibrahim Ikassa Maïga ; et l’activiste du groupe Yerewolo Adama Diarra alias «Ben le cerveau», également membre du CNT. L’UE leur impute la responsabilité «d’actions qui entravent et compromettent le bon déroulement de la transition politique au Mali».
Mais, à notre avis, il faut interpréter ces sanctions comme une manière d’exhorter les autorités de la transition à faire des efforts favorables à un consensus sur le chronogramme définitif de la période transitoire !
Moussa Bolly