La première, à Sanankoroba, est celle d’Abdoulaye Traoré. Il est soutenu techniquement par l’Institut d’économie rurale (IER). Dans mon champ, a-t-il expliqué au Premier ministre, «j’ai accepté d’expérimenter la technique du semis sans labour avec couverture végétale. Ce procédé consiste à semer dès les premières pluies dans un champ où, au préalable, certaines espèces d’herbes poussent. Ces herbes ont la particularité de capter l’azote de l’air et de le fixer dans le sol. Elles sont aussi capables d’enfoncer profondément leurs racines, jusqu’à 40 centimètres, et de rendre perméable, de ce fait, le sol aux infiltrations d’eau de pluie. Cette technique a aussi l’avantage de mettre à la disposition de la plante les éléments nutritifs indispensables à sa croissance». L’autre avantage pour le paysan est que la parcelle dédie la régénération du couvert végétal aux besoins nutritionnels des animaux. Notons que cette technologie est importée du Brésil.
Abdoulaye Traoré exploite des parcelles de maïs (1 ha de la variété Barakalia) et de riz pluvial (1 ha de Nerica -P17), produits de notre recherche agricole. Cette variété de riz pluvial a la particularité, assure M. Traoré, de résister à la sécheresse et aux attaques des termites. Mieux, il n’y a pas de problème de croissance avec l’ombrage de grands arbres.
Deuxième étape de cette mini-tournée, la ferme de Mme Traoré Sirantou Diallo. Sur 12 hectares, cette paysanne cultive sur 3 ha une variété de maïs qu’elle récolte à mi-maturité. C’est du Sotubaka. Entreposée dans un silo pendant trois mois, elle sert de nourriture, pendant la période de soudure, à la dizaine de vaches laitières qu’elle élève. Sur 3 autres ha, elle produit le même maïs, cette fois-ci destiné à la consommation humaine. Mme Traoré Sirantou Diallo possède aussi dans sa ferme des chèvres (Guéra) et de la volaille. La chèvre Guera, rappelons-le, est une espèce rustique, qui a la particularité de produire de 2 à 3 litres de lait par jour. Dans l’exploitation agricole, on trouve aussi des parcelles d’agrumes et une bananeraie. Sans oublier le riz Nerica L1 et L2.
Venir dans la zone OHVN et ne pas faire un tour chez Bakary Togola, c’est impossible. Non parce qu’il est le président de l’APCAM, mais plutôt parce qu’il incarne le producteur malien moderne. C’est forte de cela que Mme Cissé Mariam Khaïdama Sidibé y a consacré le clou et la plus grande partie du temps de sa visite.
Ce paysan-pilote dispose de 148 hectares de spéculations agricoles. La délégation, qui a visité une partie du domaine, a certainement apprécié les champs de coton, de riz, de maïs et surtout le parc aux animaux, où l’on retrouve une vraie Montbéliard, un beau métis, des zébus peuhls…. Le Premier ministre et la forte délégation qui l’accompagnait se sont transportés dans l’atelier de décorticage et d’ensachage de riz, ainsi que sur le chantier du Centre de formation des jeunes ruraux aux métiers agricoles. Symbolique, mais très importante, a été aussi la plantation d’arbres, dont le coup d’envoi a été donné par le PM. Le ministre de l’Agriculture et le Président Directeur Général de la CMDT, entre autres, lui emboîteront le pas.
A Dialakôrôba, cette année, Bakary Togola a semé 2 hectares de mil / sorgho, 50 de maïs, des variétés Denbanyuma et Sotubaka, 30 de riz Nerica, 60 de coton, 6 d’arachide et 2 de niébé.
L’autre exploitation de Bakary Togola, à Niamala, son village natal, compte 45 hectares de coton, relevant sa superficie totale de coton à 105 hectares au total. Il y dispose aussi de 55 hectares de maïs. Le riz est semé sur 248 hectares, le mil / sorgho sur 20 hectares, le niébé sur 8 et l’arachide sur 10 hectares. Depuis quelques années, le Président de l’APCAM a considérablement augmenté ses superficies de coton, passant ainsi de 40 hectares à 105 hectares, soit une augmentation de 263%. «J’ai revu mes ambitions à la hausse, pour donner l’exemple et suivre la promesse faite par les paysans au Président de la République de produire 500 000 tonnes de coton graine à l’issue de la campagne en cours» expliquera-t-il, dans le style qui lui est propre. Sas omettre de souligner que «le prix incitatif de 255 FCFA / kg de coton graine proposé par le gouvernement pour l’achat de la production aux paysans a aussi joué dans cet accroissement des parcelles de coton».
Petit bémol dans l’effort titanesque du producteur: Bakary Togola n’a pas atteint ses prévisions en superficies concernant le maïs, qui étaient de 150 hectares. Il n’a semé au total que 105 hectares, soit 70% de ses prévisions. On notera quand même qu’il est resté constant sur les autres spéculations, comme le riz (300 hectares au total sur une prévision de 250), le mil / sorgho, où il dépassé les prévisions pour atteindre 22 hectares contre 10 prévus. Pour faire preuve d’une telle performance, Bakary Togola dispose d’un équipement agricole assez costaud: une dizaine de tracteurs, trois remorques, plusieurs appareils de traitement, 6 charrues, 7 multiculteurs, 3 semoirs-tracteurs, 3 charrettes, 2 moissonneuses-batteuses, 4 batteuses de riz et 3 égreneuses de maïs.
Première femme Premier ministre du Mali, Mme Cissé est aussi le premier Chef de gouvernement malien à avoir mis les pieds dans cette exploitation. Toutes choses qui ont poussé le Président de l’APCAM à exprimer au PM et au Président de la République toute sa gratitude au nom de la profession agricole.
A la fin de la visite, Mme le Premier ministre s’est réjouie de ce qu’elle avait vu. «J’ai été vraiment ravie de constater que nos producteurs fournissent de multiples efforts pour mieux et plus produire. Je mettrai un point d’honneur sur l’exploitation de Mme Sirantou Diallo. Je crois que son exemple doit être une illustration pour toutes les femmes. D’autant que, dans la Loi d’Orientation Agricole, le Président de la République a souhaité qu’une bonne partie des terres cultivables soit octroyée aux femmes». Mme Cissé Mariam Khaïdama Sidibé a, en outre, salué l’initiative de Bakary Togola de vouloir mettre en place un Centre d’apprentissage agricole.
Notons, enfin, que la forte délégation comprenait le Chef de Cabinet du ministère de l’Agriculture, Cheick Sidiya Diaby, le Président Directeur Général de la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT), Tiéna Coulibaly, le Directeur national de l’Agriculture, Daniel Siméon Kéléma, le Directeur général de l’OHVN, Issa Djiré, plusieurs membres de cabinets ministériels et représentants de la profession paysanne, ainsi que les proches collaborateurs du Premier ministre.
Le 22 Septembre 21/08/2011
Paul Mben, envoyé spécial