Ceux qui ont suivi la Saison 1 de notre feuilleton Mali – Fonds mondial ne seront certainement pas étonnés d’apprendre que les rapports d’enquête du Bureau de l’Inspecteur Général (BIG) du Fonds, faisant état de malversations, de détournements et de mauvaise gestion des fonds des subventions allouées à notre pays continuent de voir le jour, avec leur lot de découvertes très instructives. Si une tentative d’interdire à l’Inspecteur Bourassa et à ses collègues d’accomplir leur mission d’audit a avorté en son temps, certains les ayant même accusé de pratiques peu conformes à nos coutumes et susceptibles de porter atteinte à l’honneur de «braves pères de famille», cela n’a pas empêché le Nil d’arriver enfin au Caire.
Et de quelle manière! C’est le Haut Conseil National de Lutte contre le Sida (HCNLS) qui est désormais dans l’œil du cyclone, et les sanctions, même formulées dans un style diplomatique du plus bel effet, sont tombées. Drues comme une tornade d’hivernage finissant. Le HCNLS ne sera plus autorisé à assurer la gestion des fonds qui lui étaient impartis dès le 31 décembre prochain et ses activités, entre temps, sont mises sous tutelle.
Le Fonds mondial a en effet décidé, ce qui est rarissime et fort peu honorable pour notre pays, que les activités de financement gérées actuellement par le HCNLS, «et plus particulièrement celles susceptibles d’exposer l’argent des subventions du Fonds mondial à un risque de malversation, seront suspendues avec effet immédiat. Les crédits destinés aux services essentiels seront libérés progressivement et soumis à des conditions strictes. Ainsi, chaque dépense sera examinée à la fois par un agent local du Fonds et par un agent fiduciaire». Cette décision fait suite aux résultats préliminaires d’une enquête qui se poursuit encore et dont le pré-rapport n’a même pas encore été rédigé. C’est dire que «c’est du lourd» et même du très lourd, car pour en arriver à ce niveau de désaveu public, le Fonds a très certainement découvert des fraudes, malversations et autres pratiques peu orthodoxes en matière financière, d’une ampleur inégalée.
Ainsi donc, après les volets Paludisme et Tuberculose, dans lesquels un certain nombre de personnes seront appelées à répondre de leurs actes devant la justice, même si l’on se demande toujours quand, voici le volet Sida de la désormais emblématique affaire Fonds Mondial – Mali. Gageons que, là aussi, des têtes vont tomber, et le plus rapidement possible. C’est à espérer, si nous voulons récupérer une partie de notre honneur perdu, et ne pas faire, comme c’est si souvent le cas, du deux poids, deux mesures. Il n’y a pas d’intouchables dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière, et ATT se doit, au terme de ses deux mandats, de mettre un point d’honneur à voir tous les coupables châtiés comme le veut la loi.
Dans le même temps, on aimerait aussi savoir où en est le Mali dans le remboursement des montants dus au Fonds mondial, chose sur laquelle nos autorités ne communiquent pas, alors que la situation actuelle pénalise beaucoup de patients et de travailleurs de structures de soins, dont certains n’ont pas reçu de salaire depuis le mois d’avril dernier. Wait and see!
Ramata Diaouré
Le 22 Septembre 24/10/2011