En effet, selon plusieurs journaux, notamment « Le Prétoire » et « Le Républicain », le Premier Ministre, Chef du Gouvernement de la république du Mali a saisi par requête en date du 18 mai 2012, la Cour Constitutionnelle pour une prorogation du délai de l’intérim du Président de la République « de deux semaines supplémentaires ». Les motifs évoqués dans cette requête sont selon ses propres termes « les évènements malheureux du 22 mars 2012 survenus dans notre pays, estimant qu’après la démission du président de la République (ATT), le président de l’Assemblée nationale assume les fonctions de ce dernier. Le nouveau président avec un délai de vingt et un jours au moins et de quarante jours au plus, pour organiser l’élection présidentielle ne pouvait quasiment l’organiser compte tenu de l’occupation des régions nord du pays par les rebelles islamistes ». Pour pallier à cet éventuel vide constitutionnel, le Premier Ministre précise que « des pourparlers sont engagés par ses soins entre les acteurs de la vie politique pour définir l’autorité devant exercer les fonctions du président de la République pendant la période devant conduire à l’élection du nouveau président . Cette situation n’étant pas prévue par la constitution, j’ai l’honneur de demander une prolongation de deux semaines du mandat du Président intérimaire pour permettre l’aboutissement des négociations ».
N’est-ce pas là un véritable caillou dans le plat de résistance offert au peuple malien par le Haut Conseil Islamique et toutes les autres organisations et regroupements qui ont soutenu le maintien « à tout prix » de Cheick Modibo Diarra au poste de Premier Ministre, malgré les vives réticences d’une frange importante de la classe politique et de la société civile malienne, ainsi que de nombreux partenaires techniques et financiers du Mali ?
En effet, cette information met à nu deux faits très graves qui méritent l’attention, surtout, s’ils sont commis par une personnalité aussi importante que le Premier Ministre, Chef du Gouvernement. Premièrement, l’avis rendu par la Cour Constitutionnelle sur ladite requête depuis le 31 mai 2012 a été soigneusement dissimulé par le gouvernement jusqu’à la publication du communiqué de la présidence de république portant « renouvellement de la confiance » du Président de la République à l’auteur de cette forfaiture.
Deuxièmement , cette requête a été argumentée sur la base de ce qu’on pourrait qualifier de « contre-vérités » lorsque le Premier Ministre voulant tromper certainement la confiance des Sages de la Cour Constitutionnelle, affirme que « des concertations engagées entre toutes les parties prenantes en vue de doter la transition d’organes définitifs, ne sont pas encore achevées », d’où «la nécessité de proroger l’intérim de deux semaines ».
Cet acte est d’autant plus grave qu’il ne diffère en rien dans le fond de ce qu’on reproche aux tenants de l’ancien régime et dont les conséquences ont entrainé le pays dans la situation de crise profonde actuelle.
Questions :
1. Celui qui a menti une fois ne mentira-t-il pas toujours, demain, après-demain… ?
2. Peut-on en l’état actuel refaire confiance à des menteurs ?
3. Le Haut Conseil Islamique et toutes les autres forces sociopolitiques ayant tout fait pour le maintien de Cheick Modibo Diarra dans ces fonctions de Premier Ministre, étaient-ils au courant de cet Arrêt de la Cour Constitutionnelle au risque de se rendre ainsi complices d’un tel acte de gravité extrême dans le contexte actuel ?
Ces questions exigent des réponses immédiates avant que la situation ne débouche à nouveau sur d’autres crises pour le pays.
Ibrahima Sidibé