Nations unies (Etats-Unis) – Le Conseil de sécurité a souhaité jeudi que la mission de l’ONU au Sahara occidental (Minurso) puisse recommencer à fonctionner pleinement, dans une première réaction unanime à la querelle entre le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et Rabat.
Mais les 15 pays membres n’ont pris ni décision ni parti dans cette querelle, se contentant d’appeler à la régler de manière constructive et complète et par la coopération.
Le président du Conseil pour le mois de mars, l’ambassadeur angolais Ismael Gaspar Martins, a fait part à la presse de cette prise de position a minima, à l’issue de trois heures de consultations à huis clos. Cette querelle sur le Sahara occidental envenime depuis dix jours les relations entre l’ONU et le gouvernement marocain.
Irrité par des propos tenus par M. Ban lors d’une visite début mars en Algérie, où il a rencontré des réfugiés sahraouis, le Maroc a expulsé dimanche dernier la quasi totalité des experts civils expatriés de la Minurso et fait fermer un bureau de liaison militaire.
Ces mesures de rétorsion risquent, selon l’ONU, de rendre bientôt la mission forte de 500 hommes, civils et militaires, incapable de remplir le mandat que le Conseil lui a confié en 1991.
M. Ban avait fait référence à une occupation du Sahara occidental. Il avait franchi ainsi une ligne rouge pour Rabat qui considère cette ex-colonie espagnole annexée en 1975 comme partie intégrante du Maroc et lui propose seulement une autonomie sous sa souveraineté.
Depuis lors, les contacts pris avec le Maroc par des pays du Conseil, dont la France, n’ont pas fait revenir Rabat sur sa décision.
Selon l’ambassadeur angolais, les pays du Conseil ont exprimé une grave inquiétude face à cette situation et ils ont rappelé que les 16 missions de la paix de l’ONU dans le monde sont déployées sur instruction du Conseil pour mener à bien des tâches cruciales.
Mais l’ambassadeur s’est contenté d’indiquer que les contacts bilatéraux avec Rabat allaient continuer. Nous sommes inquiets et c’est un problème qu’il faut résoudre, a-t-il expliqué aux journalistes.
L’expression du Conseil de sécurité est résolument constructive, a déclaré à l’AFP l’ambassadeur français François Delattre. Elle vise à apaiser les tensions et créer les conditions pour l’établissement d’un dialogue confiant entre le Maroc et l’ONU.
Ahmed Boukhari, le représentant à l’ONU du Polisario, mouvement qui milite pour l’indépendance du Sahara occidental, a salué le fait que le Conseil ait fixé comme objectif le retour au fonctionnement normal de la Minurso. Mais il a regretté qu’il n’ait pas adressé un message plus fort aux Marocains qui sont les principaux responsables de cette situation.
Un responsable de l’ONU avait accusé mercredi devant des journalistes le Maroc de violer la Charte de l’ONU et de lancer un défi direct au Conseil de sécurité.
Celui-ci a mandaté la Minurso en 1991 pour superviser un cessez-le-feu et préparer un référendum d’auto-détermination.
Mais une médiation menée par l’ONU depuis 2007 pour tenter de définir le statut final du territoire est dans l’impasse.
(©AFP / 25 mars 2016 01h35)