Le regard rivé sur ses notes, Willy Sagnol tente de ne pas déraper une nouvelle fois. « Concernant certaines accusations […] de racisme, […] je n’ai jamais eu un problème avec qui que ce soit », assure-t-il lors d’une conférence de presse organisée ce 6 novembre 2014. L’entraîneur des Girondins de Bordeaux se sait attendu au tournant, deux jours après des déclarations polémiques sur les footballeurs africains, lors d’un débat avec les lecteurs du quotidien Sud Ouest.
« Si par mon manque de clarté et ma sémantique imparfaite, j’ai pu faire que des personnes se soient senties choquées, humiliées ou blessées, j’en suis désolé, lit-il. L’interprétation que ces personnes ont pu faire ne reflète en rien la pensée qui était mienne et surtout mes convictions humanistes ».
L’ancien défenseur de l’équipe de France de football poursuit, le visage fermé : « Le débat (en cause) était un débat uniquement sportif, nullement politique ou sociétal. Lorsque j’ai parlé de l’Africain, « moins cher » « prêt au combat », je voulais simplement parler du jeune joueur africain qui arrive en Europe avec toute sa volonté de réussir et souvent pour échapper à un situation précaire ».
Le 4 novembre, Willy Sagnol avait créé la polémique en répondant à une question sur les joueurs qui quitteront leurs clubs pour participer à la Coupe d’Afrique des nations 2015 : « L’avantage du joueur, je dirais typique africain : il n’est pas cher, généralement prêt au combat, on peut le qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n’est pas que ça, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline. »
Sagnol cite le Camerounais Mboma
L’ex-joueur du Bayern Munich a également tenu à se justifier sur cette dernière phrase : « L’intelligence que j’évoquais était bien évidemment l’intelligence tactique. La formation des jeunes joueurs en Afrique […] n’est pas toujours aussi complète que celle dispensée en Europe. » Il ajoute : « Ces jeunes joueurs-là, à force de travail, complètent les manques dans leur formation, lorsqu’ils arrivent sur le continent. »
Puis, le technicien français conclut son intervention, de manière plus offensive, en citant un post du blog de l’ex-footballeur camerounais Patrick Mboma. Un Mboma qui dispense la même analyse que Sagnol, sous-entend ce dernier.
Depuis deux jours, les propos de Willy Sagnol ont relancé le débat sur le racisme dans le football. Le Parti socialiste a demandé à ce que le coach des Girondins soit sanctionné par la Fédération française, tandis que Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille, a appelé les joueurs africains à boycotter une journée du Championnat de France. « Ce serait simplement une manière, enfin, de montrer qu’ils existent. S’ils ont envie de se faire entendre, c’est peut-être la seule manière », a déclaré le Sénégalais sur rfi.fr
RFI