Depuis un certain temps, le Rassemblement pour le Mali (Rpm), parti présidentiel, va mal, très mal. Du sommet à la base, on assiste à des déchirements consécutifs aux querelles de clocher. Alors que le bon exemple doit venir d’en haut, c’est l’ex-ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Bocary Tréta, non moins Secrétaire général du Rpm, qui s’illustre tristement en instituant le pugilat au sein de sa formation politique. Du coup, il est décrié par ses camarades qui réclament, à défaut de sa destitution, sa suspension.
Dans ce pays, on aura tout vu : député-étrangleur, député-boxeur, député-corrupteur-diviseur, ex-ministre/Sg du Rpm réputé en arts martiaux. Sommes-nous dans une République bananière où la loi du plus fort est toujours la meilleure et où le mauvais exemple vient toujours d’en haut ?
Cette question, quoiqu’irritante, mérite d’être posée au regard des comportements déshonorants de certains de nos élus et de nos plus hautes autorités. Le dernier exemple en date nous vient de Bocary Tréta, ex-ministre de l’Agriculture et du Développement rural, et non moins Secrétaire général du Rpm.
Depuis le limogeage de Bocary Tréta du gouvernement, les choses ne cessent de se dégrader au sein du parti présidentiel, le Rpm. Etant N°2 du puissant parti au pouvoir, se croyant intouchable et narguant tout le monde, y compris les militantes, militants et sympathisants qui sont du même bord politique que lui, Bocary Tréta en veut à Dieu depuis son éviction du gouvernement. Il accumule alors les bourdes. En témoigne celle qu’il a récemment commise et qui a suscité une levée de boucliers contre la mouvance présidentielle. «Tant qu’il ne vient pas présenter ses excuses publiquement, l’opposition ne va jamais s’asseoir à la même table avec la majorité». Ce coup de gueule, qui venait de Me Boubacar Karamoko Coulibaly, traduisait le mécontentement général de l’opposition suite aux propos qu’aurait tenus Tréta, accusant les membres de l’opposition d’avoir «tenté un coup d’Etat institutionnel» au mois de mars dernier.
Bocary Tréta digère encore très mal l’«engrais frelaté» qui, à l’époque, avait été dénoncé par l’honorable Bafotigui. Les « 1000 tracteurs subventionnés» lui roulent encore dessus, par la faute du parti Parena qui a mis cette affaire sur la place publique. De sales affaires qui ont conduit à sa chute libre. Depuis lors, Tréta est en très mauvaise odeur de sainteté avec certains barons du Rpm, en raison surtout de sa gestion autocratique du parti. En effet, il serait à l’origine de plusieurs polémiques au sein de sa propre formation politique en raison de ses coups de poings, tel un boxeur d’Atlanta. Ce n’est pas Nancouma Kéïta, Secrétaire politique du Rpm, qui nous le démentira. Lui qui a été agressé physiquement lors d’une rencontre du bureau politique national du parti. Ce ne sont pas non plus Mme Kéïta Rokiatou N’Diaye, Mahamadou Yacouba Maïga, Boulkassoum Haïdara…, tous du bureau politique national, qui nous diront le contraire.
Selon nos informations, nombre de cadres demandent, à défaut de son exclusion, sa suspension du parti à l’instar de Madou Diallo, un autre boxeur du parti. Cette attitude belliqueuse et honteuse du N°2 du Rpm, Bocary Tréta, aujourd’hui président du conseil d’administration de la Banque malienne de solidarité (Bms-Sa), ternit l’image de nos dirigeants. Espérons qu’il ne va pas tenter d’instaurer sa «loi Pugilat» dans cette institution bancaire.
Son attitude nous rappelle celle du député Moussa Tembiné (député-corrupteur-diviseur), non moins président de la jeunesse Rpm, qui veut instrumentaliser l’Association des élèves et étudiants du Mali (Aeem) pour son intérêt politique. Sans oublier celle de Mahamadou Hawa Gassama, député élu à Yélimané sous les couleurs de l’Urd, surnommé à juste titre «député-étrangleur», car il a failli mettre fin à la vie d’un de nos confrères dans les allées de l’Assemblée nationale en l’étranglant. Et que dire de Bourama Tidiani Traoré, député élu dans la circonscription électorale de Kati, sous la bannière du Rpm, le parti du président IBK, qui est, comme l’écrivait si bien un confrère de la place, «entré à coups de poings dans l’histoire, comme Hitler y est entré à coups de canons».
De fait, ce qui se passe actuellement dans notre pays est grave, extrêmement grave. Et à cette allure, il faut craindre que certains cadres de ce pays ne transforment notre République en une jungle.
Bruno E. LOMA