Et plus d’un million de personnes ont été déplacées et près d’autant d’habitants sont affectés par la destruction des installations d’électricité, d’eau et des infrastructures d’eaux usées… Le sinistre bilan est inestimable parce que personne n’imagine les limites du drame moral et psychologique de ceux qui ont tout perdu sous les assauts répétés des bombes sionistes, des parents de ces bébés morts dans leur sommeil dans un berceau.
Mais, dans sa haine vengeresse, dans sa folie destructrice et meurtrière, Tsahal ne s’embarrasse ni de totems ni de tabous. Toute infrastructure susceptible ou soupçonnée d’abriter des roquettes est détruite. Le bénéfice du doute n’existe pas dans la stratégie militaire israélienne. Surtout qu’aucun dirigeant de ce pays ne court le risque d’être traduit un jour devant un Tribunal pénal international ou une Cour pénale internationale. Ce qui fait que «les bavures» sont nombreuses que les cibles atteintes. Rien n’émeut les dirigeants politiques qui prennent régulièrement la Palestine comme un champ de jeu politique ou d’exercice militaire. Cette fois-ci, l’enlèvement de trois adolescents et retrouvés morts après a servi de prétexte pour déclencher une opération programmée.
Hypothéquer le consensus politique en Palestine
Personne n’est dupe ! Tout le monde savait qu’Israël n’allait pas rester inactif après les accords signés en avril dernier entre le Hamas et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Les autorités israéliennes avaient réagi de la façon la plus sèche à l’amorce de ce rapprochement entre le Hamas et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), deux factions rivales. «Au lieu de choisir la paix avec Israël, Abou Mazen (le surnom de Mahmoud Abbas) opte pour la paix avec le Hamas», avait déploré le Premier ministre Benyamin Netanyahou. Et il avait aussitôt annulé une réunion entre négociateurs israéliens et palestiniens. C’est pourquoi, cette fois-ci, ce ne sont pas les roquettes du Hamas qui ont déclenché l’ire du régime sioniste de Tel-Aviv en quête de prétexte pour s’attaquer au Hamas, à la population meurtrie de la bande de Gaza. Peut-on briser une idéologie avec des armes ? Peut-on confisquer le droit d’appartenance à un pays, à une patrie avec des raids meurtriers ? La violence peut-elle contraindre un peuple à renoncer à son aspiration légitime de souveraineté internationale ?
La preuve est que si les opérations «Plomb durci» (2008-2009) et «Pilier de Défense» (2012), avaient réussi provisoirement à porter un coup aux capacités militaires du Hamas, elles ne sont jamais parvenues à venir à bout de son idéologie ou de son aura dans l’opinion palestinienne. Bien au contraire ! Les frappes ne font qu’accroître la popularité de cette organisation dans le pays, en Porche et Moyen Orient, bref dans le monde arabe où le mouvement symbolise de plus en plus la résistance à un projet sioniste, à l’oppression et à l’arrogance de l’Occident. N’empêche que des faucons comme Benyamin Netanyahou préfèrent l’usage démesuré de la force à un dialogue franc et sincère, parce que n’ayant d’arguments juridiques et historiques pour objectivement affronter les Palestiniens.
Une stratégie machiavélique
Surtout qu’une telle stratégie leur permet de poursuivre la colonisation et de consolider leur mainmise sur les territoires de l’Etat palestinien. Mais, elle fait aussi le lit de ce que des chroniqueurs appellent «fanatisme nationaliste et religieux» dans la société israélienne hypothéquant ainsi les initiatives de paix. Cela peut vous paraître machiavélique comme réflexion. Mais, nous sommes convaincus qu’il n’y pas de bavures dans les raids israéliens. Tsahal ne manque pas de moyens sophistiqués pour situer ses cibles supposées être les caches d’armes du Hamas. Les édifices touchés (écoles, dispensaires et hôpitaux…) sont les vraies cibles de l’Etat hébreux qui cherche à anéantir progressivement la résistance palestinienne en s’attaquant aux femmes et aux enfants ainsi qu’aux infrastructures sociales de base.
Il s’agit de mieux contrôler le taux de croissance et réduire le rajeunissement de la population dans les territoires convoités. Le vieillissement de la population va favoriser leur occupation. Ce sont les adolescents et les jeunes qui menacent le plus cette politique sioniste avec une résistance farouche (Intifada), prouvant ainsi que les armes les plus sophistiquées ne peuvent rien contre la volonté, contre les aspirations légitimes à la souveraineté transmises de génération en génération. Les enfants survivants sont ainsi condamnés à l’obscurantisme, parce que ne pouvant pas bénéficier d’écoles dignes de ce nom ou ne pouvant pas étudier dans la quiétude requise avec des écoles fréquemment sous les bombes ou parce qu’ils sont contraints de fuir régulièrement les représailles sionistes. Comme si Israël, déterminé à anéantir un peuple pour mieux annexer son territoire, ne comprenait pas que l’obscurantisme est le premier obstacle à la coexistence pacifique entre Juifs et Arabes dans cette région.
Mais, l’ampleur du désastre est à la hauteur des enjeux de telles destructions : bâtir de nouvelles colonies pour accentuer la mainmise d’Israël sur les territoires palestiniens. Et cela, en toute impunité parce que les «puissances» occidentales se contentent de dénoncer du bout des lèvres la disproportion de la réplique de Tsahal qui continue de bombarder et d’envahir la Bande de Gaza. De toutes les manières, la reconstruction des édifices (financée par l’extérieur) ne pourra que profiter également à l’économie israélienne. Les graves violations du droit international humanitaire sont volontairement oubliées. «Ce manque de responsabilité va continuer à alimenter les atrocités et les crimes israéliens. L’inaction internationale va continuer à augmenter la liste des personnes tuées», craint l’ambassadeur de la Palestine au Mali.
Rayer la Palestine de la carte
Comme tondre son gazon, prendre des populations déjà éprouvées par toutes sortes d’embargos, de vexations et de répressions, est devenu un exercice de routine au fil des années pour les leaders politiques. Tout est prétexte à des répressions aveugles. À commencer par une baisse inquiétante de popularité d’un dirigeant dans les sondages à l’approche d’élections décisives. Pour remonter, les lobbies des colons sont alors très convoités. Depuis 1948, l’année de la fondation de l’Etat d’Israël (son indépendance a été proclamée le 14 mai 1948, après le vote du plan de partage de la Palestine mandataire le 29 novembre 1947 par l’Onu, mettant ainsi fin au mandat britannique), le peuple palestinien a toujours été la cible des Israéliens qui n’aspirent qu’à rayer ce pays de la carte mondiale. «Un vœu qui ne se réalisera jamais grâce au dévouement des Palestiniens», promet Abdal Karim Ewaida.
Hélas, son peuple doit compter sur sa propre résistance en se battant presqu’à main nue ou avec des pierres contre l’une des puissantes armées de la planète. Ce peuple ne doit pas surtout trop compter notamment sur les Nations unies prises en otage par des puissances comme les Etats-Unis, dont la politique intérieure est fortement influencée par les lobbies juifs. Il ne peut pas non plus compter sur ses frères arabes dont les dirigeants veulent toujours rester dans les grâces de l’Occident, afin de continuer à jouir de leur confort sans être inquiété par une certaine vicieuse et arrogante presse internationale.
Ainsi, Israël est un Etat belliqueux, mais ses crimes en Palestine resteront longtemps impunis. Les Palestiniens doivent se battre avec le soutien des stars (Frédéric Oumar Kanouté, Cristiano Ronaldo, Noam Chomsky, Roger Waters de Pink Floyd, dramaturge Caryl Churchill, le rappeur américain Bottes Riley, João Antonio Felicio, le président de la Confédération syndicale internationale, et Zwelinzima Vavi) et des Prix Nobel (l’archevêque Desmond Tutu, Adolfo Esquivel Peres, Jody Williams, Mairead Maguire, Rigoberta Menchú et Betty Williams), qui ne craignent aucune répression pour exprimer et défendre leurs opinions et convictions. Des activistes dont les actions vont au-delà des croyances religieuses, raciales… parce qu’ils sont Juifs, Arabes, Blancs, Jaunes, Noirs ; musulmans, adeptes du judaïsme, chrétiens, orthodoxes… Bref des Humains ! Ce sont eux qui incarnent aujourd’hui l’espoir des Palestiniens de vivre un jour dans un Etat indépendant et respecté de ses voisins ! Y compris Israël !
Moussa BOLLY
Source: Le Reporter Mag 2014-08-02 17:40:37