Le département a reculé pour mieux sauter. La loi N°10-026 du 18 juillet 2010 relative à l’exploitation commerciale du bois est brièvement entrée en vigueur pour ensuite être suspendue jusqu’au 30 avril 2011. Le ministre a accédé, le 31 janvier dernier, à la demande de moratoire formulée par les exploitants forestiers et a décidé de la mise en place d’une commission de concertation pour la prise en charge des disfonctionnements liés à la mise en œuvre de la loi. L’objectif est de permettre une meilleure sensibilisation de la population à accepter les dispositions de la loi. Le nouveau texte législatif qui se veut contraignant sur l’exploitation abusive des ressources en bois bouleverse profondément les pratiques actuelles. Les permis de coupe sont passés de 125 000 F Cfa à 280 000 F, les espaces dont les coupes sont autorisées ont été réduits et l’interprétation des quantités contenues dans les véhicules de transport des ressources forestières (charbon et bois) divise marchands de charbon de bois et agents des eaux et forêts. Ceci amène à une flambée des prix des ressources que les consommateurs ne sont pas prêts à endosser. Son application a donc provoqué une soudaine crispation des relations entre les deux parties. Dans le cercle de Kati, des agents des services des eaux et forêts ont été pris à partie dans la forêt classée du Mont Manding, le poste forestier de Sanankoroba a été mis à sac à deux reprises.
La journée d’échanges a été couronnée par un débat courtois mais très ouvert. Exploitants forestiers, marchands de bois, services des eaux et forêts, associations de consommateurs, direction nationale du commerce et de la concurrence ont pris part à la rencontre. Pour le ministre de l’environnement, la dégradation des ressources naturelles est palpable et si l’on ne prend garde le pays risque de franchir un seuil irréversible. Pour lui, la rencontre visait à recueillir les préoccupations des parties prenantes. «Il est incontournable que nous prenons des dispositions pour assurer la pérennité aux générations futures», a-t-il assuré. Les exploitants forestiers reprochent aux autorités l’absence de concertation en amont de l’adoption de la loi et exigeaient donc un moratoire de six mois pour sa mise en œuvre.
Une brève grève a été initiée en ce sens pour ensuite être levée après une rencontre avec la direction nationale des eaux et forêts. «Nous ne rejetons pas la loi mais nous estimons qu’elle n’est pas comprise par les exploitants», a souligné Tidiane Sylla, responsable des exploitants forestiers. La taxation du charbon de bois, l’inorganisation du secteur, l’absence de délimitation des espaces à exploiter, etc. sont autant de griefs qui handicapent le secteur que les exploitants ont largement exposés. Ils ont fait savoir au ministre leur volonté de contribuer à la préservation des ressources forestières. Pour eux, il est important de privilégier la sensibilisation à la plantation d’arbres que les recettes de coupe de bois. Ils se sont engagés à la plantation d’arbres mais recommandent aux autorités de leur préciser des espaces.
Seydou Coulibaly
01/02/2011