Pour terminer avec sa série de lettres ouvertes et probablement pour passer à des actions concrètes, le Front du non à la nouvelle constitution (FNC), le 17 novembre 2011, a adressé une lettre ouverte au Président ATT. Cette lettre a été accompagnée de l’Appel du 26 août et d’un t-shirt blanc frappé du sigle et de la devise du FNC : « Le Mali ou rien : Nous avons choisi ». Dans la lettre ouverte, sans trop de tournure diplomatique, le Front du non à la nouvelle constitution va droit à l’essentiel : « Votre souci, que nous partageons, de moderniser les institutions politiques du Mali vous honore. Mais une telle entreprise nous paraît inopportune du fait du calendrier électoral pour 2012, de l’état très sérieusement préoccupant du fichier électoral, et du caractère dispendieux de l’effet cumulatif des trois consultations électorales en moins d’un an ».
Et, comme, ils ont peur de voir la banalisation de leur démarche par le Président de la République, les responsables du Front ont tenu à l’inviter : « Nous vous saurions infiniment gré d’accorder à notre appel toute l’attention qu’il mérite, de le prendre en compte, afin de préserver notre pays d’une opération contre-productive et onéreuse, et, pour être franc, inopérante en l’état d’un fichier électoral à la fiabilité problématique ». La lettre ouverte rejette aussi l’initiative présidentielle de coupler l’élection présidentielle et le référendum constitutionnel : « De surcroît, l’initiative de « coupler » l’élection présidentielle et le référendum constitutionnel – deux consultations éminemment majeures et distinctes, dévalorise plutôt leur portée solennelle ».
Convaincu que « la Loi fondamentale du Mali n’est pas immuable et peut être soumise à réforme », le Front du Non indique au Président de la République qu’ « une telle hypothèse devrait pouvoir s’envisager dans un contexte apaisé ». En effet, le Front pense que si la réforme constitutionnelle devenait une nécessité, « cela devrait se faire dans la transparence démocratique et la sérénité, avec la préférence qu’une telle possibilité ressortisse de la responsabilité du président élu en 2012, s’inscrivant ainsi dans la logique normale et légale de la continuité de l’État ». Les responsables du Front vont jusqu’à dire à ATT que même si un autre Président venait après lui et faisait de sa priorité la réforme constitutionnelle, cela, en rien, n’amoindrirait le mérite pour lui de la paternité du projet. Et pour terminer, le Front rappelle au Président : « Ni le Front, ni l’Appel ne constituent un geste de défiance ni à votre égard, ni à l’endroit des réalisations immenses que le pays saura mettre à votre crédit, mais l’expression d’une opinion divergente sur le bien-fondé d’une initiative ».
Assane Koné
Le Républicain 22/11/2011