Il n’y a plus de doute : le Collectif ‘’Touche pas à ma Constitution ‘’ sera dans la rue le 30 novembre 2011. La marche partira dès 9 heures de la place des martyrs en face de la Pyramide du Souvenir pour prendre fin à la place de l’Indépendance, en passant devant la BDM et l’ancienne Direction de la police nationale. La décision a été réaffirmée à l’issue d’un meeting organisé le 19 novembre 2011 sous le grand appâtâme de la Pyramide du Souvenir.
Le meeting a été essentiellement animé par Adama Diakité, Président du Forum des organisations de la société civile ; Daniel Amagouin Téssougué de l’Observatoire de la démocratie, Hamadoun Amion Guindo, secrétaire général de la CSTM ; Hameye Founé Mahalmadane, secrétaire du Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA) ; Mme Sy Kadiatou Sow, Présidente de l’Adema Association ; de Issaga Traoré, Président du CNID Association ; Mohamed Tabouré de Sanfin ; Ali Nouhoum Diallo de la COMODE et de Me Mamadou Gaousou Diarra de l’Association « Prospective 2050 ». Après avoir rappelé les différents espaces organisés par le forum des organisations de la société civile pour se faire une religion sur la reforme constitutionnelle, Adama Diakité a indiqué que la position de rejet de la réforme constitutionnelle par son regroupement est fondée sur une conviction forte. Entre autres griefs, il a rappelé l’inopportunité d’une telle initiative en cette période très importante pour la préparation des élections présidentielles et législatives. « Nous avons aussi dénoncé le fait que le Président de la République fait et défait son Premier ministre sans aucune considération du fait majoritaire au niveau parlementaire », a-t-il ajouté.
Laissez en paix notre constitution, allez-vous-en
Pour sa part, Daniel Téssougué a estimé qu’avec les mauvaises récoltes dans les champs, les Maliens aujourd’hui vont vivre un déficit céréalier qui va friser la famine dans certaines zones du pays. Selon, lui, cette situation malheureuse sera exploitée par certains hommes politiques comme une voie royale pour la corruption politique pendant les élections de 2012, parce que ventre vide n’a point d’oreille. Après un décryptage du texte de la constitution que le Président ATT veut imposer aux Maliens, Daniel Téssougué a déclaré : « laissez en paix notre constitution, allez-vous-en ».
Ni la légitimité, encore moins la confiance du peuple
Quant à Hamadoun Amion Guindo, il a estimé que la situation politique actuelle du pays n’a pas surpris la CSTM. Selon lui, depuis les élections de 2007, quand le Président de la cour constitutionnelle, malgré les fraudes massives, a déclaré que ATT était élu afin d’éviter un vide à la tête de l’Etat, la CSTM a avait fait sa religion. « Le chef d’Etat n’a ni la légitimité, encore moins la confiance de la population pour faire la reforme constitutionnelle », a-t-il déclaré. Pour cela, il a lancé un vibrant appel à toutes les associations maliennes de se lever comme un seul homme pour qu’il n’y ait pas un référendum constitutionnel au Mali dans l’état actuel des choses. Il a dénoncé le couplage du référendum avec l’élection du Président de la République. « Le couplage est une confusion sciemment voulue par le Président qui sait que les Maliens ne vont pas sortir pour son référendum », a-t-il déclaré. Même avec le couplage, il est convaincu que l’administration malienne sera mise à contribution pour faire le vote à la place de la population. « Nous sommes ensemble. Nous allons nous organiser. Par rapport aux sacrifices consentis par le peuple malien en 1991, il n’est pas question qu’on laisse faire », a-t-il indiqué.
Le SAM a pris des engagements ailleurs
Dans une brève intervention, Hameye Founé Mahalmadane a réaffirmé clairement l’engagement du SYLIMA dans ce combat aux côtés des autres organisations du Mali. « Nous serons de ce combat jusqu’au bout », a-t-il déclaré. Avant de rappeler qu’en novembre 2001, le Syndicat des magistrats avait joué un rôle important dans le blocage du référendum constitutionnel qui était prévu pour le 23 décembre 2001. Il a regretté que malgré la situation, les mêmes raisons qui les ont poussé en 2001 pour agir soient réunies dans le texte au centre de toutes les contestations, le Syndicat autonome de la magistrature n’est pas du tout sensible à ses différentes démarches afin qu’il rejoigne les associations en lutte. « Malheureusement, mes camarades n’ont pas voulu m’écouter, mais je pense qu’ils ont pris d’autres engagements ailleurs », a-t-il conclu.
Le black Out de l’ORTM dénoncé
Pour sa part, Mme Sy Kadiatou Sow est intervenue pour décliner une stratégie de mobilisation de la population en vue de la marche et de toutes les autres actions programmées. Elle a dénoncé le black-out systématique de la couverture de leurs manifestations par l’ORTM. Avant de soutenir que même les maliens qui défendent ce texte ne connaissent pas le contenu. Mme Sy a estimé qu’au lieu de distraire les Maliens avec un référendum qui va créer d’énormes problèmes au Mali, les autorités gagneraient mieux à voler au secours des populations qui sont désemparées après de très mauvaises récoltes. « Dans plusieurs zones du Mali, les populations courent le risque de mourir de faim si rien n’est fait pour eux », a-t-elle conclu.
L’unité d’action syndicale souhaitée
En sa qualité d’ancien syndicaliste, aujourd’hui à la retraite, Soumita Keita a invité les centrales syndicales maliennes à jouer pleinement leur partition dans ce combat. Selon lui, seuls les syndicats peuvent bloquer l’administration et le pays, afin d’amener le Gouvernement à revoir sa position. Courageux, il a levé le lièvre sur une grande préoccupation du collectif « Touche pas à ma constitution ». Selon lui, le pluralisme syndical n’exclut pas l’unité d’action pour des causes nobles. En effet, de plus en plus de voix se lèvent pour dénoncer les distances que prend l’UNTM depuis que la CSTM est devenue de plus en plus présente dans les réunions. Mohamed Tabouré de « Sanfin », est convaincu que ce n’est pas une seule marche qui va amener ATT à revoir sa décision. Mieux, pressé de descendre dans la rue, il a déclaré : « On ne peut plus rester dans les meetings. L’arme principale, c’est de travailler à aller à une grève générale illimitée ».
Assane Koné
Le Républicain 21/11/2011