L’ancien parti au pouvoir, l’ADEMA, qui travaille actuellement sur un texte réglementaire de la réunion des partis de gauche du Mali est à la croisée des chemins. Au moment où un de ses ex-sociétaires dirige le pays, l’impératif de d’une renaissance laisse peu de choix au parti qui se targue d’être le mieux implanté dans le Mali profond. Est-ce par instinct de survie que les caciques du parti veulent d’une réunification des partis de gauche ?
Ce qui est sûr, lorsqu’ Alpha Oumar Konaré (AOK) et Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) se sont rencontrés récemment lors d’un sommet de l’Union africaine, leurs chaleureuses accolades ont fait naître de nouveaux espoirs. Chez les « unionistes » qui rêvent de la reconstitution de la grande famille ADEMA, on est restés nostalgiques du bon vieux tandem de l’ancien président AOK et son Premier ministre IBK.
L’ADEMA assure avoir une armée de conseillers locaux capables de constituer l’avant-garde d’un sursaut politique à travers l’unité des partis de gauche. Et ce n’est pas un hasard si les barons du parti sillonnent le pays, animant conférences et meetings afin de consolider les bases du parti qui est encore suivi par des militants se référant plus à l’image de l’abeille, symbole du parti, qu’à l’idéologie politique.
Un des rares élus du parti, Sekou Fantamadi Traoré, estime que l’idée du regroupement des partis est issue d’une tradition bien établie dans sa famille politique depuis longtemps. Il se plait ainsi à rappeler que l’ADEMA s’est même battu sous Alpha Oumar Konaré pour que l’opposition puisse siéger à l’Assemblée nationale.
L’ancrage populaire et rural du parti de l’abeille a certes survécu, mais il a été écorché par des luttes intestines exacerbé par les égos des cadres pressés d’arriver au pouvoir. En fin de règne, Alpha Oumar Konaré était impuissant face aux ambitions personnelles, d’ailleurs légitimes, qui ne devraient pas prendre le dessus sur l’unité du « clan ».
Depuis 2000, chaque congrès faisait planer le spectre de l’éclatement de l’ADEMA. C’est dans ce contexte que le parti qui compte plus de 200 cadres s’est vidé par vagues successives de certains de ces animateurs. Les figures plus connues du grand public sont Ibrahim Boubacar Keita, Bocari Tréta, Soumeylou Boubèye Maïga et Soumaïla Cissé, tous partis avec une suite de cadres et de fidèles.
Aujourd’hui, les caciques de l’ADEMA se sont lancés dans une bataille de réunification des politiques ayant la même orientation idéologique. Le pari peut paraître utopique, mais l’idée séduit au-delà du comité exécutif de l’ADEMA, selon Moustaph Dicko, un des vice-présidents du parti et ancien ministre. A terme, c’est l’ADEMA qui pourrait se reconstruire avec un regroupement des partis de gauche.
La question est de savoir quel sera le visage d’un tel regroupement qui pourrait encore se butter contre les individualismes. La conférence du parti en fin mars sera déterminante sur cette réunification à laquelle travaillent dans le silence les directoires concernés.
Soumaila T. Diarra