Les États-Unis ont officiellement fermé lundi dernier leur dernière base militaire au Niger. Ce retrait marque la fin de leur présence militaire dans ce pays confronté à une très grave crise sécuritaire.
Après plusieurs mois d’intense bras de fer entre Washington et Niamey, les Etats-Unis ont fermé cette semaine leur gigantesque base aérienne 201 d’Agadez et ses 1100 soldats engagés dans la lutte anti-djihadiste au Sahel.
“Le retrait des forces et du matériel américains de la base aérienne 201 à Agadez est achevé”, a déclaré dans un communiqué le commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom). Il ajoute que “la coordination se poursuivra entre les forces armées américaines et nigériennes au cours des prochaines semaines, afin de s’assurer que le retrait total s’effectue comme prévu”.
“Une vingtaine de personnes sont encore présentes au Niger”, a précisé, le 5 août, Sabrina Singh, la porte-parole adjointe du Pentagone. Le personnel restant se trouve dans l’ambassade des États-Unis à Niamey pour “préparer la fin du retrait”, a-t-elle ajouté.
Ce retrait de l’armée américaine intervient dans un contexte où depuis 2015, le Niger est confronté à l’insécurité et à des incursions de groupes armées djihadistes sur son territoire. La situation sécuritaire au Niger se dégrade de jour en jour du fait du contexte sécuritaire des pays frontaliers, notamment le Mali, le Burkina Faso, le Nigéria et la Libye. Les groupes extrémistes armés mènent des actions violentes par-delà les frontières des différents pays de la région. Au Mali et au Burkina Faso, ils contrôlent certaines parties du territoire.
Pour les Nigériens, la présence de l’armée américaine sur leur sol n’a servi à rien au contraire ça s’est aggravé la situation.
“Malheureusement, force est de constater qu’à chaque fois qu’il y a eu des attaques terroristes, ces militaires étrangers n’intervenaient pas, ce sont des gens qu’on peut qualifier de moins que rien, ils ne servent à rien. Les autorités militaires doivent revoir tous les autres accords de défense avec les puissances étrangères restantes”, avance un Nigérien.
Analystes et experts en sécurité sont formels : Ce retrait des troupes américaines aura un impact considérable en termes de lutte contre le terrorisme au Niger, mais aussi au Sahel de façon générale.
“La base aérienne 201 d’Agadez, développée par les États-Unis, a été cruciale dans la coopération en matière de défense entre les deux pays pendant la dernière décennie. Les troupes américaines y ont formé les forces nigériennes et soutenu les missions de lutte contre le terrorisme contre l’État islamique et Al-Qaïda dans la région. Cette collaboration a renforcé les capacités des forces armées nigériennes dans leur lutte contre les groupes extrémistes sévissant dans le Sahel. Pour dire que durant ces dix ans, la présence des troupes américaines a servi à quelque chose. Ils ont fourni des renseignements précieux aux pays sahéliens et même à l’armée française sur les positions des groupes terroristes et leurs sanctuaires. Certes ils n’ont pas pu empêcher des grosses attaques comme celles d’Inates, de Banibangou. Mais pour moi leur présence est très importante pour la région du Sahel en proie à une instabilité sécuritaire et politique. En termes de lutte contre le terrorisme, le départ des forces américaines va créer un black-out, voire un vide sécuritaire total, offrant potentiellement un avantage aux groupes terroristes actifs dans la région”, selon un analyste sécuritaire au Sahel.
“La Côte d’Ivoire a donné son accord pour l’établissement d’une base militaire américaine près de la ville d’Odienné, dans le Nord-ouest du pays vers la frontière malienne. Avec cette base, Washington va continuer à veiller sur le Sahel”, a-t-il ajouté.
Ousmane Mahamane