Le vœu pieux de Me Mountaga Tall ?
Fidèle à une tradition bien établie (et qui est beaucoup appliquée
aujourd’hui dans l’arcane politique malienne), le président du Congres
national d’initiative démocratique (CNID-Faso Yiriwa Ton) était face à la
presse le 15 janvier 2025. Comme les précédentes, cette 26e édition a
permis à Me Mountaga C.Tall de faire un véritable tour d’horizon de
l’actualité nationale et internationale. Modéré, pondéré, mais toujours à
cheval sur des valeurs et des principes d’un engagement patriotique,
cette figure emblématique du mouvement démocratique malien s’est
prononcé sur les questions brûlantes du pays sans passion, sans
préjugés, mais également sans concessions opportunistes, sans
complaisance ou fuite en avant. N’empêche que son désir d’un retour
rapide à l’ordre constitutionnel par l’organisation des élections dans les
brefs délais ressemble à un vœu pieux pour beaucoup d’observateurs.
Nous vous proposons ici quelques passages de sa déclaration
luminaire.
«Nous devons collectivement prendre conscience de l’importance des
élections et nous engager pour leur tenue dans un climat serein»
«L’inscription de dotations budgétaires pour les élections de 2025 et l’annonce
de l’organisation d’élections transparentes et apaisées» dans la Feuille de
route du président de la Transition au gouvernement du Premier ministre
Abdoulaye Maïga sont des signaux forts qui ont suscité des réactions
diverses. Certains acteurs expriment un enthousiasme prudent, tandis que
d’autres nourrissent des doutes quant à la tenue effective de ces échéances
alors que certains autres ne veulent même pas entendre parler d’élection.
Il est essentiel d’entendre toutes ces voix, de dialoguer avec tous les acteurs
et de s’engager dans une démarche pédagogique pour dissiper les
inquiétudes et parvenir à un consensus. Nul ne peut raisonnablement soutenir
l’impossibilité de tenir des consultations électorales pour des raisons
sécuritaires après la tenue de la consultation référendaire dans des conditions
sécuritaires plus précaires.
Le refus des élections ou leurs reports sans fin apparaît donc comme une
impasse et un piège à éviter à tout prix. Enfin à ceux qui doutent ou croient à
un bluff, il faut dire que les incantations, les petites phrases ne permettront pas
d’avancer. Nous devons collectivement prendre conscience de l’importance
des élections, nous engager pour leur tenue dans un climat sociopolitique
serein en vue d’une gestion optimale des affaires publiques» !
«La dépénalisation des délits de presse est cruciale pour garantir une
expression libre et responsable»
«Je réaffirme le rôle indispensable que joue la presse dans notre société. En
tant que vecteurs d’information, vous êtes les garants de la transparence, de
la responsabilité et de la démocratie… Je réitère, avec la plus grande fermeté,
mon engagement indéfectible envers une presse libre et économiquement
viable. La presse ne peut remplir son rôle de Quatrième pouvoir que si elle est
indépendante des pressions financières et politiques. Je persiste également
dans ma conviction que la dépénalisation des délits de presse est cruciale
pour garantir une expression libre mais aussi, et j’insiste dessus, responsable.
Les journalistes ne doivent pas être menacés de poursuites judiciaires pour
l’exercice de leur droit d’informer. La dépénalisation ne doit pas non plus
signifier l’irresponsabilité».
«La quête de souveraineté est aussi un acte de fierté et de réaffirmation
de notre identité collective»
«La souveraineté n’est pas un simple slogan, mais un principe fondateur de la
coexistence pacifique et de la coopération entre les nations. Elle fonde les
relations entre les Etats sur le principe cardinal de leur égalité souveraine qui
implique un respect mutuel et une égalité de droit et en droits et devoirs. La
revendication insistante de cette souveraineté s’explique par une histoire
récente marquée par des humiliations, des déconsidérations et des atteintes à
la dignité du peuple malien. Il est donc normal que le Mali exprime avec
vigueur sa volonté de se tenir debout, en tant que nation libre, indépendante et
souveraine. Cette quête n’est pas uniquement un acte politique ; elle est aussi
un acte de fierté et de réaffirmation de notre identité collective».
«Les drames humains liés à la crise énergétique témoignent de l’urgence
de trouver des solutions durables»
«La question de l’énergie, ou plus concrètement de l’approvisionnement en
électricité, est devenue une préoccupation majeure pour les Maliens à
l’approche surtout du mois de ramadan et de la saison chaude. La crise
énergétique a un impact direct sur le bien-être des populations, l’activité
économique et le fonctionnement des services publics. Cette crise met en
lumière des problèmes d’infrastructure, de gestion et d’anticipation des
besoins.
Il est important de souligner que l’énergie n’est pas une simple question de
confort. Elle est aussi une question de survie pour les entreprises (petites et
grandes) et pour les personnes malades ou vulnérables. Les témoignages des
perturbations dans des établissements hospitaliers, en raison des coupures de
courant, sont alarmants et inacceptables. Les drames humains liés à cette
crise, avec les conséquences terribles sur les rites funéraires, témoignent de
l’urgence de trouver des solutions durables. Il est donc crucial que soient
mises en place des mesures efficaces pour garantir un approvisionnement
énergétique fiable et durable du pays».
«La politique est aussi l’art de gérer les désaccords de manière pacifique
et constructive»
«La libération de plusieurs leaders politiques précédemment arrêtés a été une
source de soulagement… Cependant, les conditions qui ont mené à ces
arrestations suscitent encore des interrogations. Il devient dès lors essentiel
que nous développions des mécanismes de gestion des différends politiques
qui soient respectueux des droits et des libertés de chacun et qui garantissent
la paix sociale. Ainsi, nous devons nous rappeler que la politique est aussi l’art
de gérer les désaccords de manière pacifique et constructive.
Il est donc impératif que tous les acteurs politiques encore détenus soient
libérés dans le strict respect de l’indépendance de la justice. Des mesures
d’apaisement et de clémence doivent être envisagées, d’autant plus que
toutes les conditions légales requises sont aujourd’hui réunies pour ce faire. Il
est de la responsabilité de chacun de construire un climat politique serein,
propice au dialogue et au rassemblement de toutes les forces vives de la
nation. Dans ce cadre, Dame Justice devrait toujours se souvenir de son rôle
crucial de régulateur social».
«Le changement de gouvernement intervenu le 21 novembre 2024 a
signé l’acte de décès du partenariat entre le CNSP et le M5-RFP»
«Après les évènements du 18 août 2020, qui ont consacré le parachèvement
par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) de la lutte héroïque du
peuple malien portée par le M5-RFP, un partenariat stratégique avait été
scellé entre les deux acteurs principaux du changement intervenu dans notre
pays… Le changement de gouvernement intervenu le 21 novembre 2024 a
parachevé la mise à l’écart du M5-RFP de la gestion de la Transition et a, par
conséquent, signé l’acte de décès du partenariat sous sa forme initiale.
Nonobstant cette rupture, rien, absolument rien, ne devrait pouvoir remettre en
cause l’engagement ferme et irrévocable des responsables et militants du M5-
RFP et des entités qui le composent dont le CNID-FYT, d’œuvrer à la pleine
réussite de la Transition, à sa bonne fin et à la pérennisation de ses acquis
après la Transition… Peu importe donc la présence de ministres au
gouvernement, de responsables au Conseil national de transition (CNT) ou au
sein d’autres institutions, dans les administrations publiques ou les missions
diplomatiques. Il suffit que des Maliens patriotes, compétents et acquis au
changement et à la Refondation, soient en poste. Car, in fine, le Mali
appartient à toutes les Maliennes et tous les Maliens»
«A Gaza même les prématurés sont assimilés aux terroristes et
assassinés» par Israël
«A Gaza, ou même les prématurés sont assimilés aux terroristes et
assassinés, 54 de vos confrères journalistes (soit plus que la moitié des 104
journalistes tués à travers le monde en 2024) ont perdu la vie. C’est la
conscience collective du monde et notre humanisme qui sont interpellés.
Suite à l’insulte faite à l’Afrique et aux Africains par le président français
Emmanuel Macron lors de son adresse à la Conférence annuelle des
ambassadrices et des ambassadeurs français le 6 janvier dernier, je me
contenterai (après les réponses cinglantes des gouvernements sénégalais,
tchadien, burkinabé et de nombreux autres africains ou citoyens justes du
monde) d’affirmer mon haut-le-cœur de voir celui qui doit demander pardon à
l’Afrique et aux africains exiger d’eux des remerciements. Quel affront» !
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