L’Urgence d’un agenda consensuel pour restaurer la confiance avec les
acteurs politiques
Le 20 août prochain, la transition malienne aura vécu la durée d’un
mandat constitutionnel (5 ans). Malheureusement, le chemin d’un retour
à l’ordre constitutionnel n’est pas toujours balisé. Faut-il organiser la
présidentielle cette année ? Faut-il prendre le temps de finir avec les
réformes de la refondation pour amoindrir le risque d’un retour à la case-
départ ? Toujours est-il que les cartes sont fréquemment brouillées.
Mais, il est temps qu’on s’asseye pour dégager un calendrier électoral
consensuel dont la seule finalité est d’assurer une stabilité pérenne à
notre pays.
«Notre pays ne doit plus jamais connaître une crise similaire» ! Tel est le
souhait exprimé par le Premier ministre, Général de division Abdoulaye Maïga,
lors d’une rencontre avec les acteurs de la gestion de la crise énergétique.
Éviter la rechute ! Doter la République de garde-fous contre tout retour à la
case-départ ! Bien sûr que cela ne dépend pas non seulement de la classe
politique malienne, mais de chaque Malienne et de chaque Malien. Sans
doute que les autorités de la Transition ont joué leur partition en engageant
des réformes audacieuses et conséquentes pour la refondation de l’Etat, de sa
gouvernance.
Et aujourd’hui, la fin de la période d’exception semble se dessiner car, le
27 novembre 2024, l’organisation des élections a été officiellement abordée
dans le discours du chef de l’Etat. En effet, lors du premier conseil des
ministres avec l’équipe du Général Abdoulaye Maïga, le président de la
Transition a invité le nouveau gouvernement à «créer les conditions
nécessaires à l’organisation d’élections transparentes et apaisées qui devront
mettre un terme à la transition». Certes, il a gardé le silence sur le processus
électoral à venir dans son message à la nation à l’occasion du nouvel an,
l’instruction donnée au gouvernement a ressuscité l’espoir que le retour à
l’ordre constitutionnel n’est pas forcément renvoyé aux calendes grecques.
Il a été aussi dit que près de 80 milliards de francs sont inscrits dans le budget
2025 au compte des élections. Quelles élections ? Mais, cela (en plus des
instructions du président de la transition) ont suffit pour redonner espoir à ceux
qui aspirent à un retour rapide à l’ordre constitutionnel après 5 ans de
transition. Mais, rien n’est moins sûr car le ciel électoral a du mal à dégager
son horizon. Alors que les autorités assurent œuvrer au retour à l’ordre
constitutionnel par une préparation rigoureuse des prochaines échéances
électorales, certains de leurs partisans s’amusent à crier sur tous les toits que
«les Maliens n’ont pas besoin d’élections» qui ne seraient pas leur priorité !
Priorité par rapport à quoi ?
La stabilisation pérenne du pays à travers la sécurisation totale du pays ?
Nous savons que sans une négociation directe avec les principaux
«jihadistes», la lutte contre le terrorisme est une guerre de tranchées de
longue haleine. Ce ne sont pas les Somaliens, les Afghans… qui diront le
contraire. Malgré les victoires et une incontestable montée en puissance des
Forces de défense et de sécurité, il ne faut pas nourrir l’illusion d’une victoire
inexorable sur le court terme.
Peut-on ou doit-on organiser les élections cette année ou dans 2 voire 3 ans ?
Peu importe le temps que cela peut prendre si cela peut éloigner
définitivement notre pays du chaos, du péril d’un effondrement de la
République. Toutefois, cela ne doit pas être une décision que les tenants
actuels du pouvoir doivent imposer aux forces vives de la nation, notamment à
ceux qui ont investi l’arène politique avec l’ambition d’apporter un jour leur
pierre à la gouvernance du pays.
Nous sommes un peuple, une nation. Et nous pensons que, après toutes ces
épreuves que nous ne cessons de vivre ces dernières années, chacun a pris
conscience que nous ne pouvons plus continuer à fermer les yeux sur nos
erreurs personnelles et collectives et que l’intérêt de ce pays doit toujours
primer sur les autres considérations. Autant alors nous retrouver autour de la
table pour baliser l’avenir du Mali sans passion, sans pression, mais aussi
sans concessions pouvant nous dérouter de cette mission vitale. Un agenda
consensuel s’impose aujourd’hui. Il test plus que jamais indispensable pour
déterminer la fin de cette période d’exception, permettre à chacun d’y
contribuer de façon responsable. Au président de la Transition de prendre
l’initiative pour conforter la décrispation amorcée en décembre dernier.
Si nous pouvons permettre de le conseiller, c’est d’agir avec son intime
conviction et surtout de se méfier de tous ces laudateurs qui ont causé la perte
de plus d’un leader animé de bonne foi pour ce pays, pour les Maliens. Que le
chef de l’Etat sache que, pour préserver leurs intérêts égoïstes et hypocrites,
le Malien est souvent pire qu’un chasseur de primes. Comme ce dernier, il est
obnubilé par les retombées financières de sa mission, de son soutien toujours
monnayé au plus offrant !
Moussa Bolly
Diasporaction.fr