Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des femmes, l’ex-ministre du Logement, de l’Urbanisme et des Affaires foncières, Mme Diallo Fadima Touré, revient sur le respect des droits qui, pour elle, reste en partie moribonde. Joint par la rédaction d’Azalaï, cette Malienne installée au Canada pointe du doigt la méconnaissance des textes par celles à qui ils profitent.
« Un droit peut être bien pensé, être écrit, et adopté comme loi. S’il reste méconnu de celles à qui il profite, ce droit ne servira que la façade. Comme on aime le dire, on ne peut pas raser la tête de quelqu’un en son absence », confie cette amazone.
Celle qui a quitté son poste chez SNC-Lavalin au Canada pour répondre à l’appelle de son pays en 2012 va au bout de ses pensées en disant que « quand la personne ignore son droit, il peut y avoir plusieurs raisons valables ou non, soit, parce que l’application est trop fastidieuse, soit le droit est totalement méconnu, soit parce qu’il manque de confidentialité dans son recours. Il est difficile que la société avance dans ces cas ».
Elle ajoute : « On verra un organe dirigeant quelque part composé que d’hommes ou avec juste une femme, personne n’en sera choqué. Faites de même avec les femmes avec juste un homme, ces femmes entendront toujours dire des observations incongrues. Tout le monde se choquera pour cela ». Pour elle, pour pallier ces insuffisances, il y a lieu d’informer la femme de son droit. « Avec toutes sortes de mesures dont la vulgarisation, la formation à travers les canaux de proximité. L’accès à ces droits demeure un parcours du combattant une personne normale, à plus forte raison pour une femme en situation d’extrême vulnérabilité », poursuit-elle.
Pour cette femme de culture, quelle que soit la société, la femme est victime de discrimination.
« Vous trouverez qu’une femme se sentira toujours en danger quand elle se retrouve seule le soir dans une ruelle. Pas les hommes, qui n’ont même pas cette donne dans leur logiciel de vie. Par conséquent, des mesures de sécurisation devraient être une préoccupation permanente de nos législateurs », indique-t-elle.
Son analyse entre jusque dans les foyers, à l’intérieur desquels il demeure encore des féminicides. « Chaque victime est une de trop. Souvenez-vous du cas de Mariam Diallo, victime d’un nombre incalculable de coups d’objets tranchants devant son enfant. Souvenons-nous de ces victimes qui, sans défense, perdent la vie dans les mains des bourreaux. N’oublions pas celles qui n’en meurent pas mais qui demeurent traumatisées à vie. Oui il y a encore du chemin à faire », rétorque-t-elle.
Comment changer cette donne ?
Pour apporter un changement positif devant cette atrocité à laquelle les femmes sont confrontées, l’ex-ministre pense que l’éducation est à refaire aussi du côté des hommes. C’est dans ce sens qu’elle demande l’engagement de toutes et de tous. « Donnons-nous la main et luttons tous pour plus d’humanité sur notre terre car une femme a besoin de plus d’attention, de plus de mesures d’accompagnement, elle est vulnérable sur plusieurs plans », conclut-elle.
Abdrahamane Baba Kouyaté