Le Mali est toujours à la croisée des chemins. Menacé dans ses fondements, il traverse aujourd’hui l’une des crises les plus graves depuis l’avènement de la démocratie en 1991. L’heure est aujourd’hui à la recherche des solutions idoines pour que le pays de Modibo Keita ne sombre pas dans la violence et dans l’incertitude totale. Le Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces patriotiques, M5 RFP, est celui qui est vent debout contre le régime d’IBK. Il a tenu deux mémorables meetings les 5 et 19 juin 2020 pour demander la démission du Président de la République et de tout son régime. Etant donné que l’Assemblée Nationale et la Cour Constitutionnelle sont les deux Institutions au cœur de la gravissime crise que traverse le Mali en ce moment, les deux chefs de ces institutions ne pourraient-ils pas démissionner pour faciliter la tâche au Président de la République ? La décrispation ne passera-t-elle pas par la réparation des préjudices causés par la CC et dont le corolaire a été l’élection du Président de l’Assemblée Nationale, l’autre Institution à problème?
Si tous les observateurs de la scène politique malienne s’accordent à dire que le départ du Président de la République est une équation à plusieurs inconnues, la plupart d’entre eux n’excluent pas non plus qu’une solution : soit trouver pour corriger ce qu’il convient d’appeler la bourde de Manassa Dagnoko, Présidente de la Cour Constitutionnelle du Mali. Pour rappel, la Cour Constitutionnelle a rendu, lors de la proclamation des résultats des élections législatives, un arrêt politique en tripatouillant les résultats issus des urnes. C’est cet arrêt qui a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, car il a provoqué une véritable levée des boucliers au sein de la population. A Sikasso, Kati, Bougouni, Koutiala, Communes I, V, VI du District de Bamako, les populations sont sorties pour réclamer la victoire des candidats pour lesquels elles ont voté. Des pneus enflammés, des routes barricadées, des véhicules saccagés, des bâtiments publics vandalisés, ce sont là les conséquences de l’arrêt rendu par la Cour Constitutionnelle.
Dans l’euphorie de la contestation populaire, un premier mouvement est né, appelé la Troïka et composé de la CMAS, du FSD et de l’EMK. Ce Mouvement a organisé un grand meeting populaire le 5 juin 2020. Rejoint par d’autres forces sociopolitiques après le grand rassemblement du 5 juin, la troïka a été transformée par la suite en Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces Patriotiques, M5 RFP. L’Imam Mahmoud Dicko, tête de proue du dit Mouvement coupe non seulement le sommeil aux autorités, mais aussi et surtout donne du fil à retorde à IBK et à ses alliés. Ces derniers tentent tant bien que mal de s’organiser pour non seulement porter la contradiction, mais aussi et surtout pour sauver ce qui pourrait l’être du régime. C’est pourquoi les partisans du Président de la République ont mis en place la CFR et ont sonné le rassemblement au Palais des sports de Bamako.
Cette stratégie de meeting de la CFR ne fera qu’exacerber la tension et ne résoudra point les légitimes revendications d’une frange importante du peuple, portées par le M5 RFP. Ces revendications sont entre autres la démission du Président de la République, la dissolution de l’Assemblée Nationale et celle de la Cour Constitutionnelle, la mise en place d’un gouvernement d’Union nationale. Si le premier point, à savoir la démission du Président de la République, est un point qui peut bien être négocié et que les leaders du M5 RFP n’en font pas une fixation, les trois autres points pourront faire l’objet de solutions médianes, surtout quand Moussa Timbiné et Manassa Dagnoko accepteront de démissionner. Si ces deux démissions sont faites, pour l’Assemblée Nationale on pourra reprendre les partielles dans les circonscriptions à problèmes, car il ne fait aucun doute que les députés controversés imiteraient Moussa Timbiné en démissionnant à leur tour.
Si tant est qu’IBK joue le rôle de Papa pour Timbiné, il doit alors sauver son régime d’une déchéance en acceptant de rendre le tablier. Dans le cas contraire les autres députés doivent se désolidariser de lui en menant une certaine pression, car en cas de refus catégorique des « députés nommés par Manassa Dagnoko » de rendre le tablier le Président de la République se verra dans l’obligation de dissoudre l’Assemblée Nationale au grand malheur de tous les députés.
Quant à Manassa Dagnoko, même si elle n’est pas le seul membre de la Cour Constitutionnelle, c’est vers elle que tous les regards sont tournés, en tant que Présidente. Donc sa démission après celle de trois autres membres, mettra fin à la longue angoisse, car les autres n’auront plus le choix que de rendre le tablier et IBK, de concert avec le M5 RFP, procèdera au remembrement de la Cour sur la base des critères d’intégrité morale, de compétence et d’aptitudes physiques. Manassa Dagnoko pourrait bien rendre ce service à son bienfaiteur qu’est IBK, pour éviter le chaos et certainement son humiliation aussi
En somme, l’honorable Moussa Timbiné, Président de l’Assemblée Nationale et Manassa Dagnoko, Présidente de la Cour Constitutionnelle sont aujourd’hui les deux personnalités à avoir la clef de la solution de la crise sociopolitique. Qu’ils agissent très vite pour étancher la soif de changer du peuple.
Youssouf Sissoko