Résolution de la Crise IBK désavoué par la Cédéao

Accueilli au palais présidentiel nigérian, le samedi 31 mai, au lendemain de la session extraordinaire tenue la veille à Accra au Ghana, le président Ibrahim Boubacar Keïta a eu un entretien à huis clos avec son homologue, le président Goodluck Jonathan. Motif ? Venu parler des problèmes de sécurité avec son frère, a affirmé IBK aux journalistes. Mais, selon de bonnes sources, le but qui a poussé le président malien à venir dans la précipitation à Abuja rencontrer Goodluck Jonathan, est juste né des clauses de la session tenue la veille à Accra.

En effet, hormis le fait que la conférence ait vigoureusement condamné les agissements criminels des groupes armés tout en réaffirmant son attachement à l’unité, l’intégrité et la stabilité du Mali, elle a renouvelé ses décisions, pas du tout nouvelles, mais fâcheuses pour Bamako.  Autrement dit, les chefs d’Etat ont rendu un hommage appuyé à Blaise Compaoré, président du Faso et Médiateur de la Cédéao au Mali, pour son engagement continu en vue de trouver une solution politique à la crise au Nord du Mali.
Aux chefs d’Etat ayant pris part à la session, le président a ouvertement, selon notre source, expliqué son souci de voir son cadet burkinabé écarté du dossier. Le président ghanéen, lui, pour sa part, a été franc sur son soutien au président Compaoré pour la mission à lui assignée par l’organisation sous-régionale.

Le président malien, depuis son élection, a longtemps voulu mettre son homologue burkinabé à la touche sur le dossier du dialogue inter-malien entamé à Ouagadougou l’an dernier. La raison avancée par certains est simple : IBK croit mordicus que Blaise a des bontés pour lui. Et au lendemain de son élection, il aurait appris de sources sûres que son homologue burkinabé avec lequel il entreprenait de bonnes relations, n’a consenti aucun effort pour sa victoire. Pis, Blaise aurait soutenu Soumaïla, le candidat malheureux au deuxième tour contre IBK. De même que Macky Sall.

La position d’Alassane Ouattara est connue. Celle de Yayi Boni et de la majorité des chefs d’Etat, aussi. Contrairement aux orientations qu’IBK ne partage pas même avec le Niger, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao sont intraitables sur la conduite des pourparlers par le président Compaoré.

Il faut rappeler qu’en 2012, lorsque le nord du Mali tombait entre les mains de la coalition armée, l’organisation sous-régionale, quoiqu’en situation de faiblesse économique et militaire pour y faire face, a usé de toutes ses forces afin d’obtenir une résolution du conseil de sécurité des Nations unies autorisant la guerre contre les narcoterroristes. D’Abidjan à Cotonou en passant par Abuja et Niamey, les chefs d’Etat s’étaient érigés en généraux et pompiers pour la cause du Mali. Ils ont œuvré avec le soutien de l’Union africaine ; ils sont parvenus à obtenir la résolution 2085 du conseil de sécurité, sous la direction et la présentation de la diplomatie française. Résultat : l’opération Serval et les forces africaines ont chassé les jihadistes de la zone. Des élections ont pu être tenues avec comme gain un pouvoir malien légitime et capable de mieux agir afin de réinstaurer la paix sur l’ensemble du territoire.

Pour Kidal, la communauté internationale qui réaffirme son attachement à l’intégrité du territoire malien, se dit pressée de voir Bamako agir pour la paix. Agir en faisant de telle sorte que «le processus entamé à Ouagadougou reparte», a lâché un chef d’Etat à l’issue de la session.

D’Abuja où IBK a longtemps essayé de convaincre Goodluck Jonathan pour relocaliser le processus, «il a été clairement dit qu’il n’est pas exclu que la finalisation du futur accord soit faite jusqu’à Bamako, affirme notre source, mais en attendant, Ouaga est le lieu idoine et impartial pour ce faire».

Issiaka M. TAMBOURA
Source; Le Reporter 01:51:16 2014-06-07