De quoi donner du fil à retordre aux autorités qui, en principe, devaient prendre langue avec les séparatistes 60 jours après leur prise de fonction. Hélas ! De jour en jour, la situation se corse et l’on assiste à un dialogue de sourds dont le principal gagnant pour le moment reste le MNLA, un groupe armé qui ne devra son salut qu’à la duplicité de la France libératrice.
Malgré les actions menées pour engager de véritables négociations, la ville de Kidal demeure un endroit stratégique qui échappe au contrôle de l’Etat malien. Et le gouverneur de région qui signe son retour reste entre les quatre de ses bureaux.
Idem pour l’armée malienne presque cantonnée dans l’Adrar et limitée dans ses mouvements. Pendant ce temps, le chef de l’Etat et ses ministres tentent de faire adhérer la communauté internationale à la cause d’un Mali, un et indivisible, sans succès, car en dehors des discours diplomatiques, la voix du Mali reste inaudible.
Diplomatie chancelante
Les multiples fronts créés pour parvenir à des négociations définitives n’ont pas empêché le MNLA et ses lobbys de se faire entendre. L’offensive diplomatique de Bamako en direction de l’Algérie, de la Mauritanie, du Maroc n’y change rien. Au contraire, c’est le MNLA qui conforte sa position sur le plan international.
C’est ainsi que les Maliens ont assisté avec consternation à l’audience que le roi du Maroc vient d’accorder à Bilal Ag Achérif. Et, par la suite, nous avons appris que c’est à la demande de Bamako que cette entrevue avait été possible. L’appétit venant en mangeant, le fameux mouvement indépendantiste creuse son sillon et parvient à se faire introduire en Russie. La randonnée continue de plus belle. A Rome, par le biais de la communauté Sant’ Egidio, une coordination diplomatique s’est mise en place, sans que Koulouba ose sourciller.
La diplomatie malienne est devenue chancelante et manque cruellement d’initiatives. A défaut de rappeler l’ambassadeur du Mali à Moscou pour consultation, nos décideurs politiques auraient dû, au moins, faire un communiqué. C’est le silence radio jusqu’à ce que l’ambassadeur de Russie à Bamako, vu le harcèlement dans la presse nationale contre son pays, effectue en personne un déplacement au ministère des Affaires étrangères.
En lieu et place de ce dernier, c’est l’ancien chef de la diplomatie malienne Zahabi Ould Sidi Mohamed qui explique la démarche à la télévision nationale. Puis, l’ambassadeur de la Russie publiera un communiqué au contenu flou. Autre fait important : c’est la reconduction du Burkina Faso comme médiateur désigné par la Cédéao dans les négociations entre le Mali et les groupes armés. Alors que le chef de l’Etat malien avait tout fait pour écarter ce pays dans le processus.
IBK perturbé
Pour mesurer le degré de frustration du président IBK, il suffit d’écouter ses interventions à l’extérieur. A chaque fois que l’occasion se présente à lui, il évoque les difficultés auxquelles il est confronté pour ramener les groupes armés à la raison. Tantôt, Ibrahim Boubacar Kéita hausse le ton et affirme ne plus discuter avec les groupes armés. Tantôt, il tend une main fraternelle à ceux-ci. Mais, chacune de ses sorties laisse apparaître un sentiment d’indignation, comme ce fut en France où il a déclaré ne pas comprendre pourquoi on lui imposait de négocier avec un groupe armé.
La réponse de la France a été immédiate et depuis lors le Mali a perdu son emprise sur la situation. Le MNLA et son lobby ne baissent pas la garde, ils continuent de défier le Mali et menacent même d’en découdre avec l’armée malienne. A la faveur de sa visite au Sénégal dimanche dernier, IBK n’a pas pu contenir son amertume face aux agissements du MNLA. De même, il a fait une révélation surprenante.
Selon lui, le Mouvement national de libération de l’Azawad est allé négocier des armes en Russie. Le hic est que dans son envolée, le chef de l’Etat laisse l’opinion publique perplexe. Puisqu’on s’attendait plutôt à une mise au point ou à la suspension de la coopération entre ce pays et le nôtre.
Comme on le voit, la nébuleuse MNLA coupe le sommeil au président de la République qui avait bénéficié de la confiance de l’écrasante majorité des Maliens qui voyaient en lui un homme de poigne. Certes, loin de nous la prétention de faire le procès du chef de l’Etat, mais il s’avère nécessaire de faire remarquer que la restauration de l’intégrité territoriale reste d’une brûlante actualité.
Alpha Mahamane Cissé
L’ Indicateur Du Renouveau