Ces patriotes de clocher qui n’ont d’autres intérêts que les leurs, dans un ultime effort de survie, ne veulent rien lâcher et mettent leur dernière force et malice pour la perpétuation du darwinisme social au Mali. C’est de bonne guerre qu’ils s’opposent en contre –junte pour se poser, et qu’ils s’attachent aux crins et à la selle du cheval pour retrouver leur équilibre. En collusion avec la CEDEAO ils nous embarquent dans des arguties politiques qui s’accommodent mal à la véritable nature de la démocratie qui a été celle du Mali d’ATT. De quelle démocratie veulent-ils nous parler? Y avait –il eu une démocratie au MALI? Peut –on honnêtement parler de constitutionnalité? Une reponse franche à ces questions fait tomber ridiculement le masque qui cachait la véritable nature du pouvoir à Bamako sous le régime défunt.
Nous avons subi l’affront d’entendre des odes chantées à l’endroit d’une démocratie de fard par les chantres de la démocratie occidentale. Boileau aurait poétiquement dépeint la démocratie malienne ainsi: “C’est pour eux les étrangers qu’elle étale et l’or et le brocard, Que chez les maliens se prodigue et le rouge et le fard “. Au Mali une démocratie en a caché une autre.” Cette démocratie exemplaire” qui, vue de l’exterieur scintillait de mille et un feux, n’était à la vérité qu’un monarchisme constitutionnel. Dans la démocratie malienne, la justice, l’égalité, le droit , la légalité, la constitutionnalité dont ils parlent étaient un mythe. Cette démocratie de cache misère ne fut que l’expression du mépris d’une camarilla qui avait astucieusement programmé un coup d’état constitutionnel pour perpétuer une hégémonie. Point n’est besoin de noter que la fameuse démocratie consensuelle malienne fut le plus froid des monstres. Point n’est encore besoin de noter que tout fut approximation, gaucherie et mensonge dans la gestion de notre pays.
Hourra, peut on avoir envie de crier!! La préparation baclée déliberée des élections allait amener les maliens dans une espèce d’imbroglio politico- social où les vaincus n’auraient pas accepté leur défaite. Le Mali aurait été en butte à une crise post-électorale qui aurait permis à la coterie malienne et ses clans (qui rivalisaient avec la Camorra et la Piovra sicilienne) de garder le pouvoir ou de décréter l’état d’urgence en confiant les rênes du pouvoir à un héritier putatif ou présomptif qui assurerait la survie du suprémacisme d’une chapelle.. …..Le bas peuple qui a bu le calice de la pauvreté et de l’injustice jusqu’à la lie, va –elle encore être l’agneau sacrificiel expiatoire d’un embargo diplomatico-financier imposé par la CEDEAO?
Faisons fi des arguties politico-constitutionnelles du débat pour s’apesantir un tant soit peu sur la dignité et l’honneur du peuple malien qui se trouvent douloureusement écorchées aujourd’hui.
Le Mali souffre atrocement le martyre de la scission eu égard à l’avancée insolente de la rebellion du Nord qui ne cesse de pousser triomphalement ses pions. Le Mali est écartelé entre les vautours de la politique malienne et l’insolence des valets du néo-impérialisme français qui d’un ton paternaliste enjoignent non pas à la junte mais au peuple malien d’accepter leur diktat au rique de sanctions diplomatiques et financières qui ne manqueront pas de nous embourber davantage dans des troubles sociaux dont personne ne pourra augurer les conséquences. Comme pour ajouter l’insulte à l’injure, c’est un Blaise Compaoré du Burkina ou Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire qui viennent en avocaillons de la démocratie pour nous donner des leçons, sous la férule de la majorité présidentielle préoccupée par la reconquête de l’Elysée et qui ne veut pas prêter le flanc aux critiques de ses adversaires. Quel comble! J’en pleure de rage. Qu’ils se souviennent de ce que disait Corneille dans le Cid : » Les affronts à l’honneur ne se réparent point « . Qu’on veuille bien nous laisser notre honneur qui est étymologiquement ce dont nous pouvons être légitimement fiers et qui constitue notre dignité d’homme.
J’enrage de voir ces larbins de la France appliquer le système de deux poids deux mesures. L’Afrique n’est pas à son premier coup d’Etat militaire. Il n’y a pas si longtemps, nous applaudissions des deux mains le coup d’état au Niger voisin. Un coup d’état militaire “ salutaire” a permis au Ghana de sortir du merdier pour afficher aujourd’hui une croissance phénoménale. Le coup d’état qui a été fatal à ATT n’est que le fac-simile de ce qui s’est passé sur la Grande Ile où Marc Ravalomana a été chassé du pouvoir par un certain Andy Rajoelina. La société a aussi été divisée en pro et con . Le Madagascar de Didier Ratsiraka était aussi pris en otage par un clan d’affairistes qui avait bâti des empires financiers aux origines douteuses. En Mauritanie, après les mises en quarantaine et leurs corollaires, le président déchu Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya est resté à la touche après avoir été bouté par le Conseil militaire pour la justice et la démocratie.
Alassane Ouattara, avec une hypocrisie insinuante qui ne saurait nous tromper se souvient du bon temps où l’Elysée l’a intronisé au Palais de Cocody. Ce n’est donc pas surprenant que lui et ses autres chiens de garde de la France prononcent la peine capitale à l’encontre du Mali. Ce n’est pas tant l’arrogance et les sanctions qui inquiètent mais le motif. N’oublions pas que c’est la même France qui a cautionné le choix d’ATT à koulouba en 2002. Bongo , Blaise et Ould Taya l’ont accompagné sous l’injonction de la France. La génèse du partage consensuel du pouvoir a commencé là. IBK, peut en dire quelque chose en guise de témoignage. Pourquoi ce juge artificieux qu’est la France n’a t-elle pas mis le bonnet d’âne sur la tête du cancre de la classe et le mettre au pilori? Y’a t-il une volonté sournoise d’imposer un homme qui fera l’affaire de Paris? Que veulent la France et ses valets ? Ont-ils conscience que c’est le peuple qui en payera la facture?
J’enrage de voir le Burkina Faso devenir un funeste sanctuaire de la françafrique. Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’état , se trouve être aujourd’hui curieusement le chouchou de la France , supposée parangon des droits de l’homme et de la démocratie, qui s’ingénie à lui forger un visage angélique. Arrivé au pouvoir à la suite d’une impardonnable fratricide operée le 15 Octobre 1987 , nous ne l’avons pas oublié. Blaise Compaoré affublé du titre de » médiateur doublé de sage », affiche tristement à son tableau de chasse la liquidation de ses opposants politiques, de journalistes « turbulents », de collaborateurs suspicieux, d’étudiants trépidants. En sus, absence de bruit autour de son rôle dans les abominables guerres civiles libérienne et Sierra léonaise.
Au regard du profil de l’homme, je souffre d’une douleur aiguë de le voir, sous l’impulsion de la France, jouer les médiateurs dans les crises togolaise, ivoirienne , guinéennne ….et aujourd’hui malienne. Pourquoi cette volonte insidieuse de vouloir ostraciser notre pays, de nous infantiliser et de nous ridiculiser? Tel un cheval rétif à être cabré par le cavalier , disons non à ces donneurs de léçons démocratiques. Le Mali est une grande nation dont la dignité s’accomoderait mal à un tel affront. Privilégions la grande nation malienne en nous accordant aujourd’hui sur ce qui nous divise. La fortune et la beauté du patriotisme dont parlent les uns et les autres se trouvent dans l’union sacrée des maliens à sauver notre honneur bafoué, à reconquérir notre souveraineté territoriale ménacée, et à redorer les blasons de notre démocratie galvaudée. La solution du problème malien est à la fois militaire et politique.
Vivement une transition apaisée! Asseyons nous avec les militaires dans une saine convivialité pour imaginer des solutions de sortie de crise. Dans un gouvernement d’union nationale où les militaires s’occuperont du volet militaire en organisant une véritable reforme de l’armée dépouillée de ses bourgeois affairistes; et les civiles auront la responsabilité de diriger les autres domaines.
Le Mali est riche de ses fils compétents, patriotes et consciencieux. L’erreur fatale serait de reconduire les mêmes qui ont hier mené notre pays dans le gouffre. La bêtise ne sera –t-elle pas de commettre la même erreur et s’attendre a des résultats différents? Le problème du Mali actuel est moins la chute d’ATT que la présence des vautours politiques tapis à l’ombre dans le désir de pêcher dans l’eau trouble et d’une rebellion qui n’arrête de troubler nos sommeils. L’adoption d’une charte constitutionnelle garantissant l’immunité à la junte et lui interdissant de participer aux élections; d’écarter des compétitions électorales les membres de la transition apaisée et disqualifier tous ceux qui ont participé à la vie politique des 20 dernières années. Réduire drastiquement le nombre pléthorique des partis politiques à 5(cinq): il n’est un secret pour personne que le multipartisme débridé a été une tare pour notre démocratie. Arrêtons d’être complaisants, le besoin de renouvellement de la classe politique malienne s’impose, il est un impératif catégorique dont dépendra la santé et la vitalité de la démocratie de nos rêves.
Le coup d’état militaire opéré par Amadou Sanogo et ses compagnons n’est pas a priori une mauvaise chose. Il a inauguré une véritable alternance salutaire. Ce coup d’état sera comme la langue d’Oeusope. Il sera la pire ou la meilleure des choses suivant l’utilisation que les maliens dans leur sagesse infinie en feront. Disons NON à l’ingérence des autres dans nos affaires, NON à la volonté de nous imposer leur façon de faire notre politique. C’est une certitude, l’investissement actif de nos consciences et de notre volonté incompressible de sauver ce grand pays qui ne saurait mourir nous permettront de bâtir demain, après l’orage, une démocratie d’excellence qui charmerait le regard admiratif de ceux qui sont à l’extérieur et à l’intérieur , par ses grâces et sa beauté dépouillées tout de tous les fards, de toutes les fioritures et de tous les oripeaux. C’est le challenge qui se pose au peuple malien, nous le gagnerons.
Fatogoma Mohamed Ouattara
Orange, New Jersey
usa
03/04/2012