Le ministre de la Santé et du Développement social, Médecin-colonel
Assa Badiallo Touré, a participé à la 4e Conférence ministérielle sur la
résistance aux antimicrobiens (RAM), qui s’est tenue les 15 et 16
novembre 2024 à Djeddah, en Arabie Saoudite. Lors de l’ouverture, le
vice-premier ministre saoudien a souligné l’importance cruciale de la
RAM en mettant en lumière les 1,3 millions de décès annuels liés à cette
problématique qui touche particulièrement les populations vulnérables.
La conférence a rassemblé également des ministres de la Santé des
pays membres, ainsi que des décideurs et experts internationaux.
De nos jours, de nombreux pays à travers l’Afrique continuent de lutter contre
des maladies telles que le paludisme, le VIH et la tuberculose. Toute chose
qui a tendance à reléguer au second plan le danger que représente la
résistance aux antimicrobiens (RAM) avec un taux de mortalité de 27,3 décès
pour 100 000 personnes. Ce taux est plus élevé que celui lié au VIH/SIDA, à
la tuberculose et au paludisme combiné. L’Afrique, à elle seule, représente
actuellement plus de 24 % des décès mondiaux associés à la RAM. Ce
fardeau croissant s’étend au-delà des établissements de santé. Il affecte les
communautés où la surutilisation et le mauvais usage des antimicrobiens (tant
en médecine humaine que dans l’agriculture) aggravent la montée des
infections résistantes. Le secteur agricole est un contributeur important à la
RAM en Afrique. La production animale, dans de nombreuses régions du
continent, repose fortement sur les antimicrobiens pour prévenir et traiter les
infections ainsi que pour favoriser la croissance.
En Afrique du Sud et au Nigeria, par exemple, l’utilisation des antimicrobiens
dans l’élevage devrait augmenter de plus de 60 % d’ici 2030, principalement
en raison de la croissance démographique et de la demande croissante de
protéines animales. Cette dépendance accrue aux antimicrobiens dans
l’agriculture explique l’émergence de bactéries résistantes chez les animaux
pouvant être transmises à l’Homme par la chaîne alimentaire, le contact direct
ou l’environnement.
En Afrique de l’Est, des études ont montré que des résidus d’antimicrobiens se
retrouvent dans près de 80 % des produits avicoles et d’élevage d’où le besoin
urgent de renforcer la réglementation et de promouvoir des pratiques agricoles
alternatives. De plus, la faiblesse des services vétérinaires et l’accès limité aux
outils de diagnostic dans les zones rurales entraînent souvent une mauvaise
utilisation des antimicrobiens, contribuant ainsi à la résistance. A mesure que
la RAM se propage, elle menace la sécurité alimentaire et les moyens de
subsistance de millions de personnes qui dépendent de l’agriculture pour leurs
revenus.
Pour toutes ces raisons, auxquelles s’ajoutent des conséquences de grande
portée sur les systèmes de santé, les économies et la sécurité alimentaire, la
RAM a été inscrite par Africa CDC (le Centre africain de Contrôle et de
Prévention des Maladies) comme une priorité absolue à laquelle les Etats
doivent faire face à travers le renforcement de la surveillance, l’amélioration
des cadres réglementaires et la promotion d’une bonne gestion des
antimicrobiens dans tous les secteurs. En plus, un effort coordonné à l’échelle
du continent est essentiel pour faire des progrès significatifs.
L’édition 2024 de la conférence ministérielle prévoyait l’organisation de
plusieurs panels relatifs, entre autres, à la formation du personnel, à la
mobilisation du financement durable, à la surveillance, au «One Heath» (une
seule santé)… animés par les représentants de différents pays membres, en
plus des experts internationaux.
La déclaration de Djeddah est un plaidoyer de l’Afrique pour un mécanisme
facilitant le financement, la fabrication locale, l’enregistrement rapide et les
achats groupés. Cela est d’autant important que la résistance aux
antimicrobiens transcende les frontières et nécessite un effort unifié entre les
secteurs en plus des solutions globales et durables.
Naby
Avec le Réseau de communication du MSDS
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