L’opposant Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle, a été entendu pendant plusieurs heures lundi après-midi par le parquet de Lubumbashi qui le soupçonne d’avoir recruté des « mercenaires étrangers ». Des accusations que l’intéressé rejette en bloc, dénonçant des manœuvres politiciennes.
Vers 18h00 (14h00 GMT), lundi 9 mai, un des conseils de Moïse Katumbi a indiqué que ce dernier avait terminé son audition avec un magistrat du parquet de Lubumbashi (sud-est de la RDC). Une entretien à huis-clos dont la durée a donc été d’environ 7 heures : entré vers 11h00 locales dans la salle d’interrogatoire, le dernier gouverneur de l’ex-Katanga, vêtu d’un costume blanc, en est sorti brièvement vers 15h00, avant d’y retourner. Sa prochaine comparution doit avoir lieu mercredi à partir de 10 heures.
Même si l’intéressé a qualifié ses ennuis judiciaires de « basses manœuvres du pouvoir » destinées à lui « nuire » ou les accusations auxquelles il fait face de « mensonges grotesques », l’affaire est particulièrement grave : le ministre de la Justice congolais Alexis Thambwe Mwamba a annoncé le 4 mai l’ouverture d’un « dossier judiciaire » à son encontre après l’arrestation de ses quatre gardes du corps, parmi lesquels un Américain soupçonné d’être un mercenaire. Une allégation réfutée également par la diplomatie américaine.
Pendant l’audition, des centaines de partisans de Katumbi attendaient dans le calme à l’extérieur du palais de justice, contenus par un cordon de policiers à quelque 300 mètres du bâtiment, après être arrivés peu après 10 h avec leur champion en chantant des slogans à sa gloire mais aussi hostiles au chef de l’État. Passé à l’opposition en septembre, Katumbi, âgé de 51 ans, avait décidé d’annoncer sa candidature à la prochaine présidentielle quelques heures seulement après sa mise en cause par le ministre de la Justice.
Katumbi a demandé « la protection » de la Belgique
Selon lui, l’Américain détenu par les autorités était chargé d’ « organiser » sa sécurité pour pallier le retrait de la protection policière dont il bénéficiait quand il était gouverneur de la province du Katanga. Une analyse partagée par Human Rights Watch (HRW), qui dénonce lundi des « manœuvres d’intimidation à l’encontre d’un candidat à la présidence ».
L’enquête en cours « semble inspirée par des motifs politiques » contre M. Katumbi, et « ses proches partisans », écrit HRW, affirmant ainsi que 27 d’entre eux ont été arrêtés « entre le 22 avril et le 7 mai à Lubumbashi ». Selon le ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders, M. Katumbi a demandé samedi « la protection » de la Belgique, ancienne puissance coloniale au Congo, en se disant « inquiet pour sa situation personnelle ».
Jeuneafrique.com