REPUBLIQUE DE GUINEE: La « démocratie » va dévorer ses propres enfants !

Mais, comme on le voit bien, cet espoir a provoqué un désespoir chez ceux et celles des Guinéennes et des Guinéens qui ne peuvent vivre que de l’oppression et de l’exploitation éhontées des travailleurs de la Guinée. La suite n’a échappé à personne : les valets de l’impérialisme français, tapis dans l’ombre d’une démocratie au contenu inavouable, se sont engagés dans des diatribes incommensurables contre le CNDD, notamment contre  la personne de son président, Moussa Dadis Camara. La suite de la suite n’a elle aussi échappé à personne : les « supers démocrates » de la Guinée à la solde de la France et pour l’humiliation du peuple laborieux de Guinée ont voulu boycotter le jour de commémoration du « Non » de 1958 jeté à la face du général De Gaule par le Guide suprême de la Révolution, Ahmed Sékou Touré.

Ce 28 septembre 2009, la fameuse opposition a organisé le meeting de la honte pour pousser les soldats à tirer sur les manifestants. Et comme, on le dit souvent, celui qui veut tuer son chien, l’accuse de rage. Le responsable, visé par cette boulimie, n’était autre que Moussa Dadis Camara dont le patriotisme est reconnu de tous même par ses ennemis les plus irréductibles, pourvu qu’ils soient sincères avec eux-mêmes  et donc aussi avec les masses laborieuses de Guinée.

La France, pour jeter de l’huile sur le feu, a simplement dit que la Guinée, à la faveur des massacres du 28 septembre, était devenue non fréquentable. Comme pour dire que c’est la tête de Dadis était le principal obstacle à l’instauration de la « démocratie » à la française. Toumba Diakité, qui n’était qu’une marionnette des assoiffés de pouvoir, a attenté à la vie de Moussa Dadis Camara. Après les mascarades de recherche de Toumba, le monde a appris avec stupéfaction que Dadis fera sa convalescence au Burkina Faso et cela sans convaincre le simple Guinéen du bien fondé d’une telle décision. C’est là que tout le monde a compris qu’il y avait un coup d’Etat contre Moussa Dadis Camara et l’aile révolutionnaire du CNDD. Ce coup de force implique nécessairement l’ex numéro deux de la junte (aujourd’hui numéro un) en la personne de Sékouba Konaté. L’on comprend donc pourquoi il a été choisi pour diriger le reste de la transition. Mais en sa qualité de numéro deux du CNDD, il n’a pas été indexé par rapport aux massacres du 28 septembre. Mais une attitude peu ordinaire de Sékouba Konaté prouve à suffisance qu’il a compris qu’il ne devait pas se prêter à ce jeu contre Moussa Dadis Camara : depuis la tentative d’assassinat de Moussa Dadis Camara par Toumba Diakité, Sékouba Konaté apparaît « blindé » comme un guerrier qui redoute les balles de l’ennemi. Histoire de dire que rien ne vaut la sécurité ! Sous son impulsion, l’élection présidentielle a été caracolée, colmatée dans des conditions peu recommandables.

La Commission électorale nationale « Indépendante » (CENI) qui s’était déclarée suffisamment prête pour organiser le 1er tour à jouer à la sauvette pour éviter un retournement de situation qui devenait chaque jour plus probable que jamais. Ce 1er tour a prouvé, si besoin en était, que Dadis et le peuple de Guinée ont été trahis. Mais la roue de l’histoire ne s’arrête pas. L’un des responsables du meeting du 28 septembre ayant débouché sur les massacres s’est trouvé en tête au 1er tour de ladite présidentielle. Tout commentaire des taux retenus pour les nombreux candidats ressemble à une approche atrophiée de la mascarade organisée. Ce premier tour était un message adressé au peuple laborieux de Guinée par l’impérialisme français et ses représentants afro guinéens : il fallait  parer au plus pressé et cela aux dépens des intérêts supérieurs du peuple laborieux de la République de Guinée. Le 2e tour, comme tout le monde l’a constaté, s’est déroulé sur un fond de crise sociopolitique très profonde. Cellou Dalein Diallo qui fut déclaré largement en tête à l’issue du 1er tour se retrouve au second tour largement en 2e position : le 1er est ainsi devenu le dernier et vice versa. Le professeur Alpha Condé sera assurément le futur président de la République de Guinée, sauf retournement de situation. Cela était prévisible quand on sait que dans des situations aussi confuses comme celle que l’on connaît, hélas !

La Guinée, tout est possible et rien n’est joué d’avance. La seule et unique note d’espoir dans cette situation, c’est que Alpha Condé a promis le changement véritable dans la vie des masses laborieuses de Guinée. Attendons de voir la matérialité de cette promesse qui reste pour l’instance au niveau de la théorie politique. S’il ne faut pas donc prendre cette déclaration pour de l’argent comptant, l’on peut tout au moins noter que Alpha Condé s’est illustré par son opposition constante aux différents régimes politiques qua la Guinée a connus de 1958 à 2010. Là, il faut retenir qu’il avait commencé par soutenir la lutte politique de Sékou Touré avant de se séparer de lui. Pendant que Cellou Dalein Diallo fut comptable de la gestion calamiteuse de feu Lansana Conté, Alpha Conté quant à lui a été jeté en prison par celui-ci  et cela pendant deux bonnes années. A cela s’ajoute l’éclairage théorique que son livre- phare apporte à sa vision politique de la Guinée. Mais tout cela ne saurait justifier un optimisme béant et une confiance aveugle en l’homme. Cela est d’autant exact que Lénine a dit que pour ne pas rester dupe, naïf dans la société il faut apprendre à voir derrière les déclarations juridiques, religieuses, politiques, esthétiques, qui est qui, qui dit quoi et qui fait quoi. Comme pour dire que la pratique est le seul critère de la vérité.

En attendant de voir clair, il faut dire que le 2e tour de la présidentielle en Guinée a déjà fait trop de victimes. Le couvre feu, imposé aux Guinéens par le président par intérim de la transition, est la preuve, si besoin en était, qu’aucun régime ne peut accepter le désordre, l’anarchie. Mais, chose curieuse, la France s’est faite l’économie de déclarer les victimes électorales inacceptables. Malgré ces nombreux tués, la Guinée n’est plus présentée par le colonialisme français non fréquentable.

En attendant la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle, le couvre feu reste en vigueur.

Cellou Dalein Diallo peut dire qu’on lui a volé la victoire. Mais il ne dira jamais que le meeting organisé le 28 septembre pour saper la mémoire de tous ceux et celles qui ont donné leur vie pour l’indépendance de la Guinée a sacrifié l’honneur et la dignité de tout le peuple laborieux de la République de Guinée. On peut simplement retenir que ce n’est pas l’indépendance de la Guinée qui intéresse ces Guinéennes et Guinéens, mais s’occupent d’une démocratie que l’on veut construire sur le sang et la dignité du peuple laborieux de Guinée.

Une autre situation fort curieuse à ce jour, c’est le silence total qui entoure cette œuvre gigantesque abattue par le capitaine Moussa Dadis Camara. Mais comme on le sait, la trahison finit toujours par laminer ses propres auteurs. L’ingratitude est un crime. Nous avions écrit par le passé que les questions politiques fondamentales ne se règlent qu’après les élections.

A l’heure où nous sommes, Cellou Dalein Diallo est contraint d’accepter les résultats définitifs qui confirmeront immanquablement la victoire finale du professeur Alpha Condé. En attendant ce jour, la « démocratie » guinéenne importée de France continue de faire des victimes innocentes. C’est dire que la démocratie guinéenne va dévorer  ses propres enfants. Pourvu que le professeur Alpha Condé, qui ne s’est pas encore sali avec les sangsues du peuple guinéen, comprenne que Moussa Dadis Camara a donné sa vie pour la construction d’une autre Guinée différente de celle que voulait la France néo- coloniale.

Si le professeur Condé  veut sincèrement servir la Guinée, il doit fondamentalement se démarquer de la politique néo- coloniale de la France. Cela s’avère absolument indispensable car il a toujours été établi que la France n’a pas d’ami mais des intérêts à défendre. C’est d’ailleurs cela qui explique le fallacieux acharnement des pouvoirs français contre le peuple laborieux de Guinée, notamment sous Sékou Touré et Moussa Dadis Camara.

Le professeur Condé ne doit laisser aucun nuage sur le fait que la Guinée n’est pas et ne saurait être une sous- préfecture de la France.

Alpha Condé ne doit perdre de vue un seul instant que la France est l’ennemi juré du peuple laborieux de Guinée. Ainsi, il est clair qu’autant l’épervier ne peut servir les intérêts supérieurs des poussins, autant la France ne peut servir honorablement la Guinée.

En attendant, Sékouba Konaté  a tout intérêt à garder la main sur la défense et cela dans le nouveau gouvernement de Condé.

Que Dieu sauve la Guinée !

Fodé  KEITA

Inter de Bamako 22/11/2010