La Compagnie Malienne de Textile, plus connue sous la présentation de COMATEX, a mis la clé à la porte. C’est le constat amer et alarmant à Ségou, 4ème région administrative du pays, siège du textile malien. Les travailleurs ont été mis au chômage forcé sans droits, faute de consensus. Les tentatives de l’État de colmater les brèches n’ont pu sauver une entreprise déliquescente. La décision de Choguel d’injecter 600 millions de FCFA n’a pas dépassé le stade de l’annonce. Une vraie mascarade et une Grande déception dans la cité des balanzans. Témoignages.
La COMATEX de Ségou est désormais un tombeau debout. Les 1.500 travailleurs et leurs familles sont toujours inconsolables. Des cas de divorce sont légions, certains en fuite, d’autres en agonie. La fermeture de ce géant industriel est une hécatombe dans cette ville clé, qui abrite aussi l’Office du Niger.
Selon O.D, les difficultés de l’entreprise sont inhérentes au désengagement de l’État du capital social. Pour lui, la cogestion n’a pas permis de donner une bouffée d’oxygène à la société. « La part de l’État malien est retombée jusqu’à 20% » dénonce avec véhémence cet ouvrier pour qui le syndicat avait esté une action en justice contre la société chinoise gestionnaire de la COMATEX. La décision du tribunal de Ségou, qui condamna COVEC n’a pas été rendue exécutoire en appel par la Cour d’appel de Bamako laquelle est soupçonnée de déni de justice et de complicité.
La décision du gouvernement d’insuffler 600 millions de FCFA à l’entreprise fut déçue dans le cadre du processus de redémarrage de la COMATEX pour faire face aux salaires. L’État continue de traîner le pied quant à son appui pour équilibrer les finances avec une contribution de 4,6 milliards de FCFA pour le remboursement des dettes d’exploitation et la mise en place d’une administration provisoire en vue de la relance des activités. Quant au contrat de performance clamé les autorités, condition sine qanun pour débourser cette cagnotte,la COVEC tarde à donner son quitus. Selon nos informations, l’entreprise chinoise a fait prévaloir une fin de non-recevoir à cette requête. Or, il s’agissait, pour Choguel et les siens, de renforcer la gouvernance et la capacité des activités génératrices de revenus pour atteindre et maintenir l’équilibre d’exploitation de la compagnie à un niveau souhaitable. Une fois cette étape franchie, le gouvernement devrait s’atteler à la réouverture du capital avec les investisseurs, nouveaux et anciens. La vérité est qu’aucun repreneur ne s’est manifesté craignant une dérive financière et l’autoritarisme chinois, ligne droite pour la fuite des capitaux et relais vers l’échec. C’est donc un retour au statu quo ante.
Les Chinois veulent que l’État refinance la COMATEX en maintenant notre part très minoritaire de 20%, toute chose qui avait été dénoncée par nos autorités, sous l’égide de Boubou Cissé alors Premier ministre. Ce dernier avait fait valoir une augmentation duquota de l’État. Et puisque l’État est une continuité, l’actuel gouvernement entend maintenir ce cap pour assurer sa survie.
Aujourd’hui, les travailleurs en veulent à l’État pour sa faiblesse et son irresponsabilité vis-à-vis de la société chinoise gestionnaire de la COMATEX. Pour Diakité, nos autorités ont démissionné et ne sauvegardent pas les intérêts des employés. Lesquels ploient sous le poids des dettes et 18 mois d’arriérés.
Dans la gestion sociale du pays, l’État n’a pas le droit de dire qu’il ne sait pas. C’est une fuite de responsabilité. La puissance publique, qu’il est, savait bien les incapacités et les incohérences de la COVEC qui a sacrifié les intérêts des Maliens à leur profit. Face à ce lynchage collectif savamment orchestré, nos autorités sont restées muettes et inertes.
A en croire ce cadre, les contrats avec les Chinois ont été très mal négociés et mal ficelés. La responsabilité sociale des employés est en rade. C’est une véritable chape de plomb pour la société.
ISSIAKA SIDIBÉ à Ségou