« Nous allons proposer aussi nos propres créations, notamment « El Hadj Je Sais Tout », un spectacle narquois qui dénonce l’utilisation de la crédibilité des fidèles pour se faire les poches » a promis l’administrateur de « Blonba » avant de souligner que la saison 2010-2011 sera également marquée la présentation des spectacles comme « Le Cinquantenaire reporté » (qui met en scène la célébration des 50 ans de l’indépendance de notre pays), ou encore « Vérité de Soldat » qui se veut un spectacle ancré dans l’esprit du maana, qui déplore l’histoire du Mali contemporain à partir des mémoires du capitaine Soungalo Samaké édité par « Amadou Djikoroni ».
« Bama Saba » ou le miroir du Mali
Le coup d’envoi de cette rentrée culturelle 2010-2011 a été marqué par la présentation d’un spectacle plutôt inédit : « Bama Saba » (les trois caïmans). Il se veut un spectacle musical hip hop conçu par les trois piliers du rap malien : il s’agit notamment de Lassy King Massassy, Amkoullel et Ramsès du groupe « Tata Pound ». Ces trois acteurs réinventent le Kotéba, théâtre populaire traditionnel burlesque et satirique en usage dans les cités bamanans. Après un impact considérable lors de sa création à Bamako en juin dernier, ce Kotérap a ravi le public d’Angers et du festival d’Avignon. Il dresse un témoignage acidulé et drôle de la jeunesse africaine. Chansons en langue bamanan et dialogues de comédie en français sont accompagnés de mélodies et d’instruments de musique d’Afrique de l’Ouest. Une plongée jubilatoire dans les travers et surtout les espoirs du Mali contemporain, qui célèbre le 50ème anniversaire de son indépendance.
Symbole de la ville de Bamako, « Bama Saba » est une mise en scène de trois acteurs. Le premier, Ramsès alias « Damarifa » joue le rôle d’un jeune orphelin studieux, King appelé « Bamanan Number One » , un broussard reconverti en commerçant de fortunes, tant dis que Amkoullel, endossant le rôle de « MC Nono Kènè » est un gosse riche, mais vaurien et jouisseur. Ils passent tous les trois leur baccalauréat. Leurs aventures en France leur permettront d’aborder les réalités de la société malienne autour des questions d’éducation et d’émigration.
Leur style énergique et positif est celui d’une jeunesse impatiente de participer au développement de son continent tout en s’ancrant dans l’histoire culturelle. Ils font référence bien au-delà de la jeunesse urbaine (leurs textes étant souvent cités, tels des proverbes) comme des vérités déchirant la croûte des hypocrites.
Bref, « Bama Saba » est un spectacle pétillant, captivant et époustouflant de bout en bout, et qui traduit engagement et humour.
Issa Fakaba SISSOKO
L’ Indicateur Renouveau 11/11/2010