Sous nos tropiques, les habitudes ont la vie dure a-t-on coutume de dire. L’avertissement des deux tours de la présidentielle 2013 n’aura visiblement pas suffi pour alerter la classe politique sur les menaces qui planent sur ses rapports avec les populations. La procédure de divorce déjà entamée risque de s’accentuer. Car, les retournements de veste, les reniements d’engagements librement signés, les remous au sein des principaux partis politiques suite aux prises de positions contradictoires à la faveur du second tour de l’élection présidentielle, auront certainement fini, d’ici là, d’annihiler le peu de crédit qui restait encore aux politiques maliens.
En effet, de plus en plus, de nombreux compatriotes espèrent une rupture radicale avec ces mauvaises habitudes qui ont conduit le pays dans le désastre dans lequel il est plongé depuis quasiment 2 ans.
Lors de la campagne électorale pour la dernière présidentielle au Mali, les expressions les plus en vogue ont été incontestablement le renouveau, le changement, la refondation, la dignité, la fierté, l’honneur… Ces mots étaient sur les lèvres de tous les candidats, sans exception. Mais combien sont-ils à croire réellement à l’effectivité de ces mots ? Très peu surement. Les yeux hagards et complètement désabusés, le peuple observe la frénésie qui agite sa classe politique depuis la proclamation des premières tendances au premier tour de l’élection du président de la RépubliqueFaire la politique autrement. Tel était le leitmotiv commun à plusieurs candidats à la dernière élection du président de la République dont les deux tours se sont respectivement déroulés le 28 juillet et le 11 août 2013 sur l’ensemble du territoire national. Mais entre les deux tours, force est de reconnaitre que les mêmes pratiques qui ont été à la base de l’effondrement de notre système démocratique ont refait surface de fort belle manière. En effet, la ruée de 23 candidats sur 25 éliminés au second tour vers le camp de celui qui se présentait déjà comme le futur vainqueur de cette élection, rappelle à la conscience des Maliens les pires moments de notre jeune démocratie.
Les seuls candidats qui manquent encore à l’appel pour le « partage de la soupe », semblent être pour le moment le challenger d’IBK au second tour, Soumaïla Cissé et le porte-étendard du parti FARE, Modibo Sidibé, qui faut-il le rappeler, s’était classé 4 e au premier tour.
Si du côté du Parena, l’on se fait beaucoup plus discret sur la question, ailleurs, c’est le branle-bas général. Pour ne pas dire qu’au sein de bien d’autres formations politiques une véritable course contre la montre s’est engagée afin d’être parmi les premiers à prendre place autour de la » soupe Mali » que certains n’hésitent même pas à assimiler à un plateau de riz au gras copieusement garni de morceaux de capitaine bien assaisonnés à la mayonnaise et autre moutarde. C’est en ces termes effectivement que des courtisans du camp de la victoire arrivés à la 25e heure schématiseraient la situation à leurs confidents.
Quelle insulte à la démocratie et à la République que d’imaginer le nouveau président de la République aussi naïf ? N’étant pas de la dernière pluie, encore moins un arriviste sur la scène politique, IBK saura surement faire la part des choses en vue de redorer le blason du politique et de l’action politique qui n’ont que trop soufferts de la voracité de ces fossoyeurs de notre pratique démocratique.
La forte participation des électeurs aux scrutins des 28 juillet et 11 août derniers ainsi que le score à la soviétique du vainqueur Ibrahim Boubacar Keita au second tour, ne semblent pas être des signaux suffisants pour alerter les hommes politiques.
Dans leur écrasante majorité, ils ne semblent pas avoir bien perçu le message de mise en garde que leurs concitoyens ont voulu ainsi leur adresser à travers cette élection. Il en est ainsi des hommes comme Mountaga Tall, un acteur majeur de la lutte démocratique au Mali, qui a peiné à dépasser 1% des voix au premier tour d’une élection présidentielle. Celui-ci n’avait-il pas été 3e derrière Alpha Oumar Konaré et Tiéoulé Mamadou Konaté en 1992 ? Que dire alors de ces autres candidats prétentieusement présentés comme des « jeunes loups », dont les ambitions de faire « émerger une nouvelle génération de politiques », se sont vites volatilisées devant leur appétit dévorateur à passer rapidement à la soupe en empruntant toutes sortes de raccourcis ? Loin d’être dupe, le peuple observe et regarde tout cela avec beaucoup de dédain et de dégoût.
Pendant ce temps, les élections législatives sont envisagées pour bientôt. Ce sera là aussi une autre belle occasion pour le peuple de donner la meilleure gifle à tous ces sangsues de la société qui ont fortement contribué à mettre notre pays à terre, allongé de toute sa grande taille aux pieds de la communauté internationale sans l’aide de laquelle son existence aurait été sérieusement compromise.
Pendant que les alimentaires se bousculent aux portillons des nouveaux maîtres du pays pour le partage du gâteau, l’opposition prend peu à peu forme autour de celui qui semble désormais l’incarner, Soumaïla Cissé et son parti, l’Union pour la République et la Démocratie (URD).
L’autre ténor de cette tendance, qui se veut respectueuse des valeurs et principes culturels qui fondent, au-delà de la république et de la démocratie, notre société traditionnelle, tisse allègrement sa toile à travers le pays. Il s’agit de Modibo Sidibé et de son parti les FARE. En effet, de sources concordantes, malgré quelques velléités de diversion jugées comme de la pure fanfaronnade de la part de gens ayant perdu toute crédibilité aux yeux de leurs compatriotes, le mentor de ce parti et ses principaux lieutenants n’ont pas perdu de temps à épiloguer inutilement sur les insuffisances ayant émaillé l’élection présidentielle. Le candidat des FARE a ainsi repris, immédiatement après les élections, son bâton de pèlerin en vue de retourner auprès de sa base pour non seulement féliciter ses partisans pour l’extraordinaire mobilisation aux scrutins présidentiels, mais aussi les remercier pour leur vote et les inviter à la vigilance dans l’union et la solidarité.
Ainsi va la vie, pourrait-on dire ! Au même moment où d’aucuns se préoccupent de leur « ventre » d’autres jettent les jalons du future afin de donner à notre démocratie toute sa substance vitale, sa noblesse.
Le peuple souverain saura apprécier de la plus belle manière qui soit en châtiant nécessairement les uns et en récompensant les autres, chacun à hauteur de ses mérites.
Bréhima Sidibé
L’ indiccteur Renouveau 2013-08-22 15:11:10