La rencontre quadripartite CMA-Plateforme-Médiation-Etat du Mali, annoncée pour le 25 février, puis reportée au 15 mars, vient d’être officiellement arrêtée par les trois parties, c’est-à-dire sans la médiation, à l’issue d’une rencontre à Koulouba. C’est un communiqué certifié, lu par Sidi Ibrahim ould Sidati de la CMA, qui annonce la date du forum de Kidal pour la paix et la réconciliation nationale. C’est désormais du 27 au 30 mars.
Nous l’avions annoncé en exclusivité de la presse malienne et avions indiqué que le Premier ministre sera à Kidal, en compagnie de plusieurs ministres, gouverneurs et hauts cadres de l’Etat. Le report des dates est dû, selon des sources concordantes, au nerf de la guerre, le budget de la commission d’organisation qui s’élève à 200 millions de nos francs. Celui-ci n’était pas bouclé parce que l’Etat du Mali était hésitant, j’allais dire réticent pour mettre la main à la poche. Une crise de confiance, nous a-t-on dit, a failli s’installer autour de cette somme « minable » pour certains et « importante » pour d’autres. On peut donc affirmer qu’il n’y a plus de zones d’ombre autour de ce montant et que le gouvernement apportera sa part substantielle à la commission d’organisation. La MINUSMA, nous a-t-on confié, s’est engagé à prendre en charge le transport aérien entre Tombouctou-Kidal, Gao-Kidal, Bamako-Kidal, Alger-Kidal.
L’annonce officielle de la date signifie que le gouvernement du Mali est véritablement engagé auprès de la CMA et de la Plateforme, initiatrices de la rencontre de Kidal, laquelle, on le sait, ne figure point dans l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Il s’agit d’un forum d’entente, consécutif à la rencontre d’Anefif, qui a réconcilié les communautés Imghad, Ifoghas et autres. C’est donc des retrouvailles pour le vivre ensemble, le pardon, la réconciliation entre frères ennemis d’un côté, et entre les fils d’un même pays de l’autre.
L’Etat du Mali, absent de l’Adrar des Ifoghas depuis mai 2014, reviendra donc dans la ville de Kidal, espérant voir, cette fois-ci, le drapeau malien, de nouveau, flotter dans cette contrée.
On prévoit aussi qu’avec la présence du chef du gouvernement, Modibo Keita, l’esprit de paix, d’unité, qui prévaudra, inspirera les responsables de la CMA à descendre pour du bon les drapeaux du MNLA et du HCUA, les deux principales composantes de cette Coordination qui règne sur Kidal.
L’adhésion effective du gouvernement à cette œuvre salvatrice brise davantage la glace entre les deux parties et accélère, sinon relance, la paix à travers le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR). Ensuite, la sécurité et la vie normale dans le septentrion du Mali seront améliorées par la volonté et l’engagement des parties à combattre le terrorisme.
Bref, l’Accord issu du processus d’Alger et les textes y afférents pour la tenue des municipales et des assemblées régionales seront mis en route. L’Assemblée nationale sera donc sollicitée pour l’adoption de tous les textes. La loi fondamentale, la Constitution, sera donc soumise à referendum, avant toutes élections. Ainsi, vont s’ouvrir les chantiers du développement : les routes au nord du Mali, les centres de santé, les écoles, les puits à grand diamètre, l’électricité, l’aménagement des terres agricoles et la création de zones d’élevage. A suivre.
Chahana Takiou