Le mardi 31 janvier 2017, une importante délégation du Rassemblement Pour le Mali (RPM), conduite par son Président, le Dr Bocari Treta, a rencontré, au siège du Parti pour la Renaissance Nationale (Parena), une importante délégation de ce parti, conduite par son Président Tiébilé Dramé. Il s’agit de la toute première réunion entre les deux partis depuis l’élection du Président Ibrahim Boubacar Kéita, et au cours de laquelle, les deux délégations ont « analysé la situation nationale et ont procédé à un tour d’horizon de leurs relations », avant de s’engager à « poursuivre la réflexion » sur plusieurs questions d’intérêt national. Parena et RPM « ont décidé de travailler à l’évaluation exhaustive de leurs relations et des perspectives qui peuvent en découler, dans le cadre d’un dialogue républicain ».
C’est dans un contexte difficile, marqué par une insécurité sans précédent au Mali, – « au moins 332 personnes dont 207 civiles tuées au Mali en 2016, plus de 100 morts déjà au compteur de 2017 » selon le chef de file de l’opposition – que les responsables des deux partis situés aux antipodes de la classe politique malienne, se sont rencontrés pour la première fois. La rencontre a eu lieu mardi 31 janvier 2017 au siège du Parena, à Bolibana, rue Soundiata.
Le RPM, parti du président Ibrahim Boubacar Kéita est présidé par le Dr Bocari Treta, depuis le 4ème congrès ordinaire du parti tenu les 22 et 23 Octobre 2016. Cet homme de premier plan du parti du tisserand, arrivé à la tête du parti majoritaire, en frondeur devant l’opposition, se distinguant par des déclarations du genre, «Pour atteindre IBK il faudra d’abord marcher sur nos cadavres », ou celle tenue à la Maison de la Presse, le 22 décembre 2016 : « l’opposition malienne est putschiste », a dû ranger ses flèches pour conduire l’importante délégation du RPM où l’attendait son homologue du Parena Tiebilé Dramé, lui aussi avec une importante délégation.
Sans être le chef de file de l’opposition, le président du Parena Tiebilé Dramé a gardé une tradition d’avant gardiste, avec le risque d’être le symbole de l’intransigeance sur la mal gouvernance et l’immobilisme qu’il reproche au pouvoir. « L’enfant terrible » de la République, qui ne craint pas le risque de se voir classer en «apatride » ou en « aigri » ou même en « petit monsieur », doit avoir beaucoup cédé sur ses dogmes, pour prendre la main à ceux qui lui paraissent comme l’incarnation de la corruption, du népotisme, de la fraude électorale et de tous les maux qui gangrènent la démocratie et la gouvernance.
De part et d’autre, les deux partis politiques, qui ne parlent pas le même langage tentent de souffler dans la même trompète. Il s’agit de la toute première réunion entre les deux partis depuis l’élection du Président Ibrahim Boubacar Kéita, les deux délégations au siège du parti du bélier blanc ont « analysé la situation nationale et ont procédé à un tour d’horizon de leurs relations », avant de s’engager à « poursuivre la réflexion » sur plusieurs questions d’intérêt national, indique un communiqué produit à l’issue de la réunion entre ces deux piliers, de part et d’autre de la majorité et de l’opposition. Parena et RPM « ont décidé de travailler à l’évaluation exhaustive de leurs relations et des perspectives qui peuvent en découler, dans le cadre d’un dialogue républicain ».
Le communiqué conjoint n’est pas éloquent sur le contexte, mais sans doute, il s’agit de poursuivre la dynamique de rassemblement et d’action unitaire pour sauver la nation en danger de disparition certaine, et qui a pris corps aux lendemains de l’attentat contre le camp du MOC à Gao, le 18 janvier 2017, faisant une centaine de morts. « NOUS SOMMES LE MALI », est le slogan de détresse qui a jailli du Rassemblement unitaire du samedi 21 janvier dernier au monument de la paix, sur un air de l’hymne national du Mali et marquant un élan de retrouvailles de la classe politique malienne (opposition et majorité).
Cette dynamique doit indubitablement se poursuivre pour le Mali. La rencontre inattendue entre le Parena et le RPM s’inscrit dans cette marche pour le Mali, au bénéfice de l’unité nationale, « quand l’ennemi découvre son front ». Il n’y a plus lieu de s’abriter derrière les remparts, mais tous « debout sur les remparts ». Les deux partis se sont donnés un programme dans ce sens en décidant de « poursuivre la réflexion » sur cinq questions d’intérêt national, à savoir « la situation au Nord et les difficultés d’application de l’Accord d’Alger; la situation au Centre; les réformes politiques et institutionnelles notamment la loi électorale et la constitution; la question de l’émigration et la présence des communautés maliennes à l’extérieur ; le projet de conférence d’entente nationale ».
B. Daou