Bâtie sur une superficie de 10 hectares, la Cité administrative trône majestueusement sur la berge gauche du fleuve Niger. C’est sans doute le plus grand projet de construction administrative que notre pays a jamais réalisé. C’est aussi la réalisation la plus emblématique de la coopération fructueuse entre notre pays et la Libye. La Cité abrite 12 bâtiments ministériels et celui de la Primature. L’imposant complexe a été réalisée par une entreprise publique libyenne, General Company for Construction ». Sa construction a coûté plus de 53,5 milliards de Fcfa. Le financement est un prêt concessionnel consenti par la Libye. Chaque bâtiment ministériel est construit sur quatre niveaux et comprend au moins 80 bureaux, soit une vingtaine de bureaux par étage. Le bâtiment de la Primature est le plus grand.
Avec ses cinq niveaux et 115 bureaux, il offre une vue impressionnante sur le fleuve Djoliba. Le projet d’une Cité ministérielle avait été conçu à l’origine pour un coût de construction de 27 milliards de Fcfa. Les travaux auraient alors dû normalement s’étendre sur 32 mois. Mais du fait des modifications apportées au projet initial, ils ont finalement pris 7 bonnes années. Ils avaient effectivement démarré le 23 septembre 2003. Les modifications ont, pour la plupart, concerné le bâtiment de la Primature et le déplacement des villas d’hôte. Pour les bâtiments ministériels, les modifications ont porté sur le système de plafonnage. Le système de staff était prévu au départ. Mais à la pratique, il s’est avéré inapproprié à cause de la pose des câbles de l’Intranet et d’autres types d’installation.
UNE QUALITE SPECIALE DE CIMENT :
Le gros du retard a été accusé au niveau de la fondation. La majeure partie des 32 mois initialement prévus a été consommée à ce niveau en raison de l’état marécageux du terrain. Cette complication a conduit à modifier le plan initial. Et donc les coûts. La profondeur de la fondation atteint les 6 mètres par endroits. Le fait que le sous-sol du site regorge d’eau, ralentissait la progression normale des travaux. Cette particularité a aussi contraint l’entreprise à recourir à une qualité spéciale de ciment appelé par les professionnels du BTP « CHF ». Ce ciment est généralement utilisé dans la construction des ponts. La Cité administrative est dotée d’une mini-station d’épuration des eaux usées d’une capacité nominale de 400 m3 d’eau par jour. L’ouvrage est équipé de matériel ultramoderne.
La station a été réalisée par une entreprise marocaine : la Société Omnium de l’eau pure. Elle est constituée de 9 citernes enfouies dans le sol. Le traitement des eaux usées se fait en deux temps. Le traitement primaire consiste à enlever les déchets solides. Le second dit biologique débarrasse l’eau des déchets organiques. L’eau traitée est pure mais impropre à la consommation humaine. Au départ, il était prévu que l’eau ainsi traitée serve à l’arrosage des plantes, fleurs et gazon de la Cité. Mais, l’on s’est rendu compte que, dans la pratique, des risques se posaient que des personnes non averties s’en servent pour des ablutions ou d’autres usages domestiques. Ainsi, il a été décidé de rejeter l’eau traitée dans le fleuve. Une dizaine d’entreprises, recrutées soit sur place, ou dans la sous-région et même au-delà, ont travaillé ou travaillent encore sur le projet en sous-traitance. Durant la phase des gros œuvres, le chantier offrait quotidiennement du travail à 1400 employés (ingénieurs et ouvriers). Les travaux de finition ont été effectués par plus de 600 ingénieurs et ouvriers qualifiés. La Cité administrative offre à ses locataires un cadre idéal et convivial de travail. Elle a aussi contribué à embellir notre capitale.
Elle facilitera l’accès des usagers de l’administration publique aux différents services. La Cité administrative abrite en effet la plupart des ministères. Les départements qui restent dans leurs anciens locaux sont les Affaires étrangères et la Coopération internationale, la Défense et les Anciens combattants, l’Economie et les Finances, l’Education, l’Alphabétisation et les Langues nationales, l’Administration territoriale et les Collectivités locales, l’Equipement et les Transports. Le ministère de la Sécurité intérieure et Protection civile, lui non plus ne déménage pas à la Cité. Il a inauguré hier même ses nouveaux locaux à Hamdallaye ACI (voir article ci-dessous). La plupart des départements ministériels ayant déménagé se sont connectés au réseau Wassa de la Sotelma (téléphone et Internet). Mais dans la pratique, cette connexion ne serait pas tout à fait adaptée.
Ce problème sera bientôt résolu car le Conseil des ministres du 27 juillet dernier a adopté le projet relatif à la réalisation d’un réseau multiservices de télécommunication composé de la téléphonie, de l’informatique, de la vidéo-conférence et de la sécurité des bâtiments. Le marché a été attribué, après appel d’offres, au groupement CFAO Technologies/CB Network pour un montant de 5,873 milliards de Fcfa. L’entreprise a 5 mois pour terminer les installations. Le financement est assuré par le budget national. Le projet est piloté par le ministère de l’Équipement et des Transports. Le problème de lieu de restauration dont nous parlions dans un précédent article (réf l’Essor du 17 août) est en passe d’être résolu car il est prévu que les 12 départements ministériels auront leur propre cantine au rez-de-chaussée. Apparemment, il n’y aura pas de problème de parkings car la cour est suffisamment grande pour accueillir les véhicules et engins à deux roues des locataires et des usagers.
Après la remise des clés, le président de la République a procédé à une visite guidée dans les bureaux de la Primature. A l’issue de cette visite, il a remercié tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce joyau architectural qui fait désormais la fierté de tout le peuple malien. « Je suis très impressionné par cette réalisation, et fier pour notre pays d’avoir pu faire aboutir ce projet », a dit Amadou Toumani Touré. Il a par ailleurs remercié la Libye pour avoir prêté à notre pays plus de 53 milliards de Fcfa pour la concrétisation de la Cité administrative considérée comme le nouveau quartier général de l’administration d’Etat. Le président Touré a également salué le savoir-faire de l’architecte marocain qui a conçu une cité de style soudano-sahélien. Il n’a pas oublié les entreprises nationales et étrangères qui sont intervenues dans la construction de la Cité administrative. Il a enfin invité les occupants de la Cité à redoubler d’ardeur au travail dans la mesure où ils sont désormais installés dans un cadre très confortable.
L’ ESSOR mardi 6 septembre 2011, par Madiba Keïta