S’il est indéniable de dire que le Président veut, aujourd’hui, tendre sa main à ses amis religieux après les avoir tournés le dos au profit des opportunistes et de sa famille, croire cependant en sa bonne volonté de renvoyer l’ascenseur à ses amis de premières heures, serait une erreur monumentale. Car, il en est rien. Mais seulement, il y a été obligé de le faire en faisant une bonne lecture politicienne sur les récentes sorties des Présidents de Sabati 2012 et du Haut conseil islamique et leur prise de position face à sa gestion bigarrée.
En effet, lâchés par les Maliens suite à son incapacité de résoudre la crise sécuritaire du nord et la mauvaise gestion qui s’en est suivie, le président de la République semble, aujourd’hui, se « résigner » à se tourner vers ses amis religieux. Mais décidemment, ces derniers semblent l’avoir déjà tourné le dos en fuyant sa gestion catastrophique du pays. Les récentes prises de positions du Président de Sabati 2012 et du Président du Haut Conseil Islamique attestent à suffisance ce divorce entre les alliés.
En effet, pointés du doigt par la communauté musulmane et les Maliens pour les avoir amenés à voter pour un candidat « incapable » et complètement coupé des réalités du pays, les responsables du mouvement religieux, pour sauver leur crédibilité suffisamment malmenée par l’échec de leur candidat, semblent aujourd’hui se décider à le lâcher, pendant qu’il est encore temps. Et cela après avoir démantelé sa politique consistant à leur « tendre sa main en haut et à tirer leur pied en bas ». Les piques du Président du Haut conseil islamique à son égard, le 7 février 2015 au CICB lors du congrès de Sabati 2012 en dit long sur ce grand amour transformé en haine viscérale et en déception entre IBK et les religieux.
Car selon Mohamoud Dicko : «Le Président IBK a commis beaucoup d’erreurs. Certes, il est mon ami. Car au Mali, tout le monde est l’ami de tout le monde. C’est dire que celui qu’il a remplacé n’était aussi pas mon ennemi. Il faut qu’on se dise la vérité ».En tenant un tel discours, le Président du Haut Conseil Islamique n’a pas fait de cadeau à son ami IBK. Ainsi, éclate en plein jour la rupture entre IBK et les religieux. Le ton de cette vague de clash entre IBK et ses alliés avait été donné au mois de juillet 2014 par le Président de Sabati 2012, Moussa Boubacar Ba.
En effet, dans une interview accordée à votre quotidien « Le Républicain », il déclarait : « Qu’on le veuille ou pas, aujourd’hui le pays est en difficulté. Personne ne peut nier cela. Il est clair que le gouvernement n’arrive plus à rassurer les partenaires techniques et financiers tels que le FMI, la Banque mondiale, l’Union européenne, qui ont fini par suspendre leurs dons. Donc sur ce plan il y a beaucoup de problèmes. Et les maliens, jusqu’à présent, n’arrivent pas à comprendre certaines attitudes du gouvernement… Aujourd’hui il a une volonté délibérée d’écarter les organisations religieuses de toute négociation par rapport au retour d’une paix durable au nord du Mali».
Du coup, constatant la trahison du Président D’IBK, qui les a mis au « garage » depuis les premières heures de son élection à la magistrature suprême et considérant aujourd’hui qu’il n’a pas tenu ses promesses formulées lors de la campagne présidentielle de 2013, les alliés religieux du Président rompent le silence et critiquent à visage découvert sa gouvernance dangereuse. Comme pour dire que les mauvais comptes font toujours les mauvais amis.
Youssouf Z KEITA
Source: Le Républicain-Mali 2015-02-24 23:10:13