En examen depuis mardi à l’Assemblée nationale, le nouveau projet de loi électorale renforçant les critères de candidature à la présidentielle, est rejeté par les partis de l’opposition et certains de la majorité présidentielle. Ils dénoncent un verrouillage du scrutin. Des critiques rejetées par le parti présidentiel. Le RPM dénonce la mauvaise foi d’acteurs ayant « participé aux commissions de travail mises en place au niveau de l’administration territoriale ».
Depuis mardi, l’examen du nouveau projet de loi électorale a commencé à l’Assemblée nationale. Il donne déjà lieu à des violents échanges entre les partis de l’opposition, certains de la majorité présidentielle et le parti présidentiel, le Rassemblement pour le Mali. En l’état, le projet de loi contesté prévoit de faire passer la caution pour l’élection présidentielle à 35 millions de F CFA. Celle-ci était de 10 millions en 2013.
De plus, le nouveau texte exige le parrainage de chaque candidat à la présidentielle par 15 députés et cinq conseillers nationaux. Aux dernières élections, ce quota était limité à 10 députés. Cette dernière conditionnalité provoque la polémique. De nombreux partis politiques dénoncent une loi taillée sur mesure pour certains partis qui disposent de ce nouveau quota de députés envisagé. Un responsable de l’ADP/Maliba, ex-membre de la majorité présidentielle, parle même d’une volonté d’exclusion et d’une prise en otage de la démocratie.
Selon lui, les élus communaux devraient aussi être pris en compte dans le parrainage des candidats. Il estime qu’ils sont représentatifs des populations locales. Les débats pour l’adoption de ce texte s’annoncent houleux. Déjà, des formations politiques appellent à son retrait pur et simple.
Au sein de l’opposition, des partis voient en ce texte un moyen détourné de verrouiller l’accès au pouvoir. Selon eux, ce projet de loi ne contribue pas à la démocratie. Sur les antennes de Studio Tamani, Nouhoum Sarr, le président du Front africain pour le développement, a expliqué que « notre parti a pris connaissance de ce projet. On l’a lu et on l’a rejeté catégoriquement pour un certain nombre de raisons. Cette loi vient manifester une volonté de verrouiller l’accès au pouvoir notamment dans sa partie sur le parrainage. L’ancienne loi prévoyait que pour être candidat il fallait être parrainé par dix députés ou par cinq conseillers par région. Le nouveau projet de loi passe de dix à quinze et impose aussi cinq conseillers nationaux. A propos aussi de la caution, l’ancienne loi prévoyait une caution de dix millions, aujourd’hui le nouveau projet l’a fait passer à 35 millions. Pour nous, c’est une insulte à l’endroit du peuple ».
Et pour l’amélioration du contenu de ce nouveau projet de loi électorale, il déclare qu’ »il faut indéniablement un congrès extraordinaire du peuple malien pour décider de la sortie de crise. Que le gouvernement prenne l’initiative de rassembler toutes les forces politiques pour que, s’il doit y avoir un nouveau projet de loi électorale, que ça soit l’émanation de ces forces politiques ».
Le parti du président ne l’entend pas de cette oreille. Il estime que l’adoption de cette nouvelle loi est nécessaire, car elle va corriger les insuffisances de l’ancien texte de 2006 et intégrer les acquis de l’accord de paix issu du Processus d’Alger. Le chargé de communication du Groupe parlementaire RPM, l’honorable Boubacar Sissoko, dénonce la mauvaise foi de l’opposition et des autres partis opposés au nouveau texte.
« J’adhère à ce nouveau projet de loi électorale parce qu’il est le fruit d’un comité composé de tous les partis politiques, de la société civile, du gouvernement. C’est un ensemble qui a travaillé autour de ce projet pendant un long temps autour du ministère de l’Administration territoriale avant d’atterrir à l’Assemblée nationale. Ensuite, c’est une loi qui prend en compte toutes les insuffisances institutionnelles et intègre les acquis de l’accord pour la paix signé à Bamako. Tous ces partis politiques qui sont en train de rejeter cette loi électorale aujourd’hui ont participé aux commissions de travail mises en place au niveau de l’Administration territoriale. Ils étaient tous là. Ils ont participé du début jusqu’à la fin. Donc c’est le fruit d’une méthode participative autour du ministère de l’Administration territoriale. Maintenant, les raisons qui font qu’ils rejettent leurs sont propres. Je ne peux pas user de cela », confie-t-il à nos confrères de Studio Tamani.
Les débats vont être chauds.
Nabila