Le maire de la Commune VI, Alou Coulibaly, a interrompu le vendredi dernier, la distribution des notifications délivrées par le maire central aux déguerpis de Niamakoro Diallogoubou dans la zone aéroportuaire. Adama Sangaré entend poursuivre son opération. « Moi en tant que maire de la CVI et autorité de la police administrative, je pose mon droit de véto », prévient Alou Coulibaly.
Classés terrains à usage d’emprise aéroportuaire par le gouvernement le 15 septembre 1995, 4712 concessions de Niamakoro-Diallobougou ont été démolies sans le moindre dédommagement des occupants. Après 22 ans de combat sans relâche, le gouvernement a finalement cédé en 2016 à la demande des déguerpis réunis au sein d’un Collectif. Le gouvernement a ordonné qu’ils soient réinstallés sur les lieux. C’est ainsi que la mairie du district de Bamako sur proposition des déguerpis a été désignée par le gouvernement pour la répartition des parcelles, a affirmé Bréhima Samaké, secrétaire général de la Coordination des associations des déguerpis. C’était le dimanche 2 juillet à la faveur d’une conférence de presse. C’est ainsi que le maire du district, Adama Sangaré, dans ses œuvres a signé un premier lot de notifications pour 720 familles sur les 4712 concernées.
Le vendredi 30 juin, au moment où la distribution de ces notifications aux bénéficiaires sur le site était en cours, le maire de la Commune VI, Alou Coulibaly, a fait irruption sur les lieux en ordonnant l’arrêt immédiat de l’opération.
« Il nous a menacé de nous faire arrêter si nous continuerons avec la distribution des notification », a regretté le secrétaire général du collectif. « Nous ne nous laisserons pas distraire par lui. L’opération se poursuivra », a martelé M. Samaké.
Rapproché par nos soins le lundi 3 juillet dernier, le maire de la CVI a confirmé sa position. Alou Coulibaly signe et persiste : » Quiconque mettra les pieds là-bas pour faire des opérations, ira en prison. Je suis le premier responsable de la Commune et nul n’a le droit de venir poser des actes en CVI sans me consulter « , a prévenu M. Coulibaly.
Pour lui, si la mairie du district a été autorisée par qui que ce soit pour faire des morcellements en CVI, il doit faire ce travail de façon collégiale avec la maire de la CVI. « Pour le moment, la mairie de la Commune VI n’a été associée à quoi que ce soit. D’ailleurs, pour votre information, la mairie du district n’est pas habilitée à faire des morcellements. Dès que quelqu’un n’a pas le droit de délivrer un document et qu’il le fasse, ce document n’a aucune valeur juridique », a insisté M. Coulibaly.
Dans ses dires, le maire de la CVI a dénoncé des constructions illicites sur le site surtout par d’autres personnes que les déguerpis. « Ces personnes qui sont entrain d’occuper le terrain n’ont pas le droit. Ils ne sont pas plus Maliens que ceux qui ont été déguerpis. Aujourd’hui, si la zone doit être occupée, au nom de la justice sociale, la priorité doit être donnée à ces déguerpis. Voilà la cause principale de ma lutte. Il faut que justice soit faite. Des gens ont été déguerpis et d’autres viennent occuper le même site, cela n’est pas normal. Moi en tant que maire de la CVI et autorité de la police administrative, je pose mon droit de véto à cette pratique « , a-t-il défendu.
« Il vient d’arriver, il ne sait pas que ce dossier a commencé il y a un an »
Le mercredi 5 juillet, nous avons rencontré le maire du district, pour sa version des faits.
Adama Sangaré a reconnu que se sont » les Communes de base qui doivent s’occuper effectivement du recasement des nouveaux quartiers et la gestion de l’ancien tissus relève de la mairie du district « . » Nous avons pris cette décision de recasement des déguerpis à la suite d’une correspondance du ministre de l’Administration territoriale », se défend-il. Il a affirmé que jusqu’ici qu’il n’a reçu aucune opposition formelle du maire de la CVI à cette opération. « Ça m’étonnerai qu’il puisse avoir une position d’opposition légale à cette opération que nous sommes entrain d’exécuter sur le terrain », a-t-il estimé.
Interrogé s’il avait déjà informé son collègue de la CVI de cette opération, M. Sangaré soutient que ce dernier vient d’arriver, « il ne sait pas que ce dossier a commencé il y a un an. Il y a un an il n’était pas encore le maire. L’administration est une continuité. Il devait demander à l’ancien conseil, au maire qu’il a remplacé quelle est la situation ».
Maliki Diallo