Rien ne va plus au sein de l’ADEMA-PASJ, après la décision de Dioncounda Traoré de ne pas
être le porte-étendard de l’Abeille à l’élection présidentielle du 29 juillet 2018. Et sans
aucun doute, il endosserait la grande part de responsabilité dans la confusion qui
régnerait au sein du parti de l’ancien Président de la République Alpha Oumar Konaré,
pour n’avoir pas eu le courage de mettre fin au suspense tout au long du processus de
désignation du candidat. Aujourd’hui, avec ce coup de tonnerre, les militants de l’ADEMA
semblent désorientés et la bataille de position est désormais engagée.
Le lundi 7 mai 2018, une réunion extraordinaire du Comité Exécutif, CE, a été convoquée par
le Président de l’ADEMA, Tiémoko Sangaré afin de rendre compte de la décision prise par le
candidat qui a été retenu après la longue procédure de désignation. Dioncounda Traoré,
puisse que c’est de lui qu’il s’agit a informé solennellement ses camarades de son désintérêt
à porter le brassard de capitaine de l’ADEMA pour la présidentielle du 29 juillet. Cette
décision a fait l’effet d’une bombe au sein de la ruche. Pour minimiser la fissure, le CE a
décidé de convoquer une conférence nationale extraordinaire pour le 19 mai afin que les
militants se prononcent sur la conduite à tenir après le désistement de Dioncounda Traoré.
En prélude à cette bataille fratricide, trois camps se sont déjà constitués, à savoir le camp
des profs IBK, celui de la candidature à l’interne et le camp de l’Alternance acquis à la cause
de l’Opposition. Pour le premier camp, qui est celui des profs IBK, il avancera comme
arguments non seulement le temps pour engager un autre processus de désignation du
candidat, mais aussi et surtout les moyens financiers et matériels pour une bonne
campagne, donc par conséquent, il demandera de soutenir IBK avec qui ils ont cheminé et
partagé le bilan du quinquennat.
Quant au camp de la candidature à l’interne, il ne désarmerait pas car persuadé que la raison
d’être de tout parti est la conquête et l’exercice du pouvoir. Pour ce camp, un grand parti
comme l’ADEMA ne saurait être l’éternel accompagnateur sans nourrir l’ambition de revenir
au pouvoir après l’avoir perdu il y a plus de 16 ans. Ce camp pense à tort ou à raison que
l’ADEMA n’a pas sa part de responsabilité dans le bilan d’IBK, car ceux qui ont été pris l’ont
été sur la base de leurs relations avec le prince du jour et que l’ADEMA n’a jamais signé une
plateforme de gouvernance ni avec IBK encore moins avec le RPM.
Le troisième camp est arrivé à la conclusion que l’ADEMA a commis l’erreur de ne pas choisir
l’Opposition. Se rendant à l’évidence, il pense que tard vaut mieux que jamais et par
conséquent le parti de l’Abeille doit s’inscrire dans la dynamique de l’alternance. A défaut de
gagner l’élection, le parti se battra après le scrutin pour sa refondation.
Quel que soit l’issue de la Conférence nationale, l’ADEMA pourra difficilement en sortir
soudé ; l’ancien Président de la Transition, Dioncounda Traoré, non seulement endosserait
la lourde responsabilité d’avoir laissé la situation pourrir, mais aussi et surtout, répondra
devant l’histoire.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com