Les Maliens sont aujourd’hui divisés sur la tenue des Assises nationales de refondation du Mali (ANR) et la création d’un Organe unique indépendant de gestion des élections (OUIGE) qui sera finalement appelé Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE).
Selon la Primature, les ANR visent à faire un diagnostic sans complaisance de l’état de la nation à partir de la gravité et de la profondeur de la crise multidimensionnelle, des enjeux, des défis et des périls.
«Il ne s’agit pas d’un forum institutionnel comme ce fut très souvent le cas dans notre pays. Sa base politique et sociale sera la plus large possible afin d’être représentative de tous les courants de la société malienne», assure la Primature.
Ainsi, les recommandations et conclusions des différentes rencontres tenues antérieurement (foras, états généraux, Conférence d’entente nationale, Dialogue national inclusif, Concertations nationales…) constitueront la matière première des ANR.
L’autre matière sera constituée de nouvelles idées provenant des populations et des forces politiques et sociales ayant conduit les manifestations populaires qui ont abouti au changement de régime le 18 août 2020 : le M5-RFP et l’aile patriotique des Forces armées et de sécurité !
Les recommandations et conclusions issues des ANR auront un caractère exécutoire et serviront de base pour les réformes constitutionnelles concernant les questions ou matières comme la relecture de la loi électorale ; la relecture de loi portant charte des partis politiques ; l’élaboration de l’avant-projet de la constitution ; la tenue du referendum constitutionnel…
Et dans sa quête d’inclusivité, le Premier ministre maintient toujours la dynamique des consultations politiques avec les composantes de la société afin de parvenir au consensus le plus large possible autour de ces questions.
En tout cas dans son message à la nation à la veille de la fête d’indépendance (22 septembre 2021), le président de transition, Colonel Assimi Goïta, a déclaré que, «plus que jamais, se pose la nécessité d’entreprendre des actions courageuses pour un nouveau Mali». Et d’ajouter, «d’où la tenue très prochaine des Assises nationales de la refondation qui regrouperont toutes les forces vives de la nation.
Une belle occasion en perspective pour discuter de l’ensemble des préoccupations nationales afin d’impulser une vraie dynamique de changement. A ce rendez-vous historique, doivent pendre part tous les Maliens soucieux de l’avènement d’un nouveau Mali».
Quant à l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE), elle est conçue comme un outil devant renforcer la crédibilité et l’efficacité des organes de gestion des élections au Mali. D’ailleurs, les acteurs politiques n’ont eu de cesse d’appeler de leurs vœux la création d’un organe unique de gestion des élections.
En effet, en 2011 avec le Comité d’appui aux réformes institutionnelles (CARI) et plus récemment en 2019 avec le DNI, cette aspiration des acteurs politiques et de la société civile a été fixée comme objectif prioritaire pour minimiser le risque de contestation et de crise post-électorale.
«La mise en place de l’AIGE n’est pas liée au calendrier de tenue des ANR et est sans préjudice du chronogramme des élections.
En effet, il faudra au gouvernement exactement le même temps pour l’organe unique que pour l’installation d’une nouvelle CENI, l’ancienne CENI ayant été dissoute en 2020», assure-t-on à la Primature.
Une table ronde de validation des termes de références de la création de l’organe unique indépendant de gestion des élections et de l’avant-projet des termes de référence des ANR s’est tenue la semaine dernière à Bamako.
C’est un impératif pour la Transition de traiter en profondeur les problèmes de gouvernance, en menant des réformes politiques et institutionnelles à même d’éviter au Mali de tomber dans les travers du passé.
Ce qui est de bonne guerre puisque le Mali Kura dont tous les Maliens rêves ne saurait s’accommoder d’un autre retour à la case départ, d’une nouvelle crise politique et institutionnelle !
Hachi Cissé