Les choses risquent de se corser entre le président de la République, Amadou Toumani Touré et certains de ses alliés, mais par la faute de ces derniers.
En effet, après la démission du gouvernement de Modibo Sidibé, le chef de l’Etat avait engagé le lendemain même des consultations avec la classe politique. Plusieurs chefs de partis politiques furent reçus tour à tour par ATT notamment : Dioncounda Traoré de l’Adéma, Younoussi Touré de l’URD, Ibrahim Boubacar Keïta du RPM, Jeamille Bittar du PDES, Tiébilé Dramé du Parena, Choguel K. Maïga du MPR, Me Mountaga Tall du Cnid Faso Yiriwa Ton, Ousseïni Amion Guindo de la Codem, Daba Diawara du PIDS, Cheick Oumar Sissoko du parti Sadi etc. Au menu de leurs entretiens, les enseignements à tirer de l’ancien gouvernement et les perspectives.
A propos des perspectives, le chef de l’Etat a demandé à chaque parti des propositions de ministrables pour le futur attelage gouvernemental. Et pour cette équipe gouvernementale en vue, Amadou Toumani Touré, a signifié à chacun de ses hôtes qu’elle aura deux priorités : l’adoption des réformes constitutionnelles et la bonne organisation des élections de 2012. Voilà donc dégager l’agenda gouvernemental à chacun de ces hommes politiques. C’était à n’en point douter, le meilleur plateau pour les chefs de partis politiques de dire ce jour-là ce qu’ils avaient au travers de la gorge par rapport à ces réformes. En fait, il s’agissait de montrer à ATT le bien fondé ou non de ces réformes constitutionnelles proposées par la Cari (Comité d’appui aux réformes institutionnelles).
C’est le président du Parena, Tiébilé Dramé qui a été le premier à donner le ton. Au cours d’un atelier tenu au Centre international de conférence de Bamako (CICB), le chef « des béliers blancs » appelait les autorités à prioriser l’organisation d’élections libres et transparentes en 2012, même si cela devrait se faire au détriment des réformes envisagées.
Bien que ces réformes soient des textes juridiques à l’aide desquels les élections peuvent être libres et transparentes, Tiébilé Dramé indiquait ce jour de surseoir à ces réformes et de se consacrer aux élections. D’ailleurs, c’est de là-bas que l’initiative de « l’alliance de la société civile pour des élections libres et transparentes en 2012 » est partie. Pour le président du Parena, le gouvernement de Mme Cissé auquel son parti prend part, doit tout mettre en œuvre pour ne pas venir dire au peuple en avril 2012 qu’il n’a pu organiser les élections à l’échéance prévue, faute de temps matériel. Pourtant, c’est ce discours qu’il devrait tenir en face du chef de l’Etat le jour de son audience. Manque de courage politique ? On ne saurait dire le contraire.
Cette attitude du Parena rejoint un peu celle de certains autres leaders politiques qui n’ont pas encore officialisé leur position mais dont on sent une opposition dans leurs murmures.
Le débat fait rage au sein de l’Adéma/PASJ où le président Dioncounda Traoré se trouve être pris entre deux courants : les pros et les antis. Pour des caciques du Comité exécutif comme Aly Nouhoum Diallo, ATT doit laisser ces réformes à la charge de son successeur, étant entendu que le temps ne s’y prête plus.
Les tenants de ligne veulent pousser le C.E du parti à adopter une telle position. Mais ils risquent fort à faire à d’autres qui pensent qu’étant alliée d’ATT depuis 2002 et ne lui ayant pas signifié une telle position lors de son audience avec le président du parti, Dioncounda Traoré, il ne sera pas loyale pour l’Adéma d’avoir laissé le chef de l’Etat commettre un ministre spécialement à cette tâche pour se rétracter. Pour ceux-ci, le parti devrait clairement signifier cela à ATT en toute responsabilité bien avant la constitution de l’actuel gouvernement et comme ça ce dernier n’allait plus se dire surpris. Quoiqu’il en soit il appartient au C.E de trancher le débat aujourd’hui lors de sa réunion extraordinaire à Bamako-Coura.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Renouveau 18/05/2011